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4,05

sur 787 notes
Le livre raconte la vie de la grand-mère non conventionnelle de l'auteur qui a fuis pendant toute son existence les situations où relations ressenties comme un enfermement familial, social, maternel, amoureux. Elle a tenté de survivre en exprimant sa créativité tout au long de sa vie..... après avoir abandonné ses deux enfants. Je n'ai pas pu la trouver sympathique mais j'ai compris son désarroi... Un désarroi profond dans un société et une époque qui ne faisait aucun cadeau aux femmes. Mais si la lecture de ce roman fut un véritable bonheur, c'est grâce au style d'Anaïs Barbeau-Lavalette : sobre concis et tellement explicite !!! Sa maîtrise parfaite de la langue française donne à chaque mot, toute sa légitime musicalité dans la construction de ce récit. Une belle écrivaine à découvrir.
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De mes dernières lectures, voilà sans aucun doute celle qui m'a le plus marqué. Un oeil sur une histoire du Québec, un oeil sur une histoire de l'art au Québec, un oeil sur l'intime, un regard sur une relation particulière, sur un abandon en forme de fuite vers la liberté, sur une attache qui n'a pas vécu.

L'auteure, Anaïs Barbeau-Lavalette, s'adresse à la deuxième personne du singulier à sa grand-mère, Suzanne Meloche, poète du mouvement automatiste, rebelle, militante, passionnée, amoureuse de liberté. Cette forme particulière choisie par l'auteure génère une écriture directe faite de courtes phrases rythmées comme s'il s'agissait d'un dialogue. Mais, il n'y a pas de dialogue, il n'y a pas eu de dialogue. L'auteure n'a pas vraiment connu sa grand-mère et c'est grâce à de multiples recherches qu'elle peut maintenant lever le voile sur quelques éléments du parcours de celle qui n'a pas été en mesure de vivre mère ni grand-mère.

Anaïs Barbeau-Lavalette n'aimait pas cette femme qui avait abandonné sa mère alors qu'elle était enfant. Pourtant, après sa mort, elle ressent le besoin de la retrouver, de la dire et de reconstruire ce volet manquant dans l'histoire de sa famille.

Je me suis vu happé par cette lecture, happé par le regard sur le Québec des années 40 et 50, happé par un parcours personnel fait de fuites, happé par la reconstitution d'une relation entre l'auteure et sa grand-mère.

Anaïs Barbeau-Lavalette conclut : «Tu ne pourras plus t'enfuir.»
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Suzanne Meloche Barbeau, poétesse québécoise rejoint par hasard le groupe des automatistes, surréalistes québécois, signataires du Refus global, manifeste appelant à la révolution culturelle et sociale dans le Québec austère et conservateur des années 60, Refus global qui n'aura un retentissement positif que plusieurs années plus tard au moment de la révolution tranquille. Bref, Suzanne Meloche Barbeau, poétesse et peintre, épouse un peintre, Marcel Barbeau, a 2 enfants qu'elle commence par aimer mais décide de les abandonner et de les confier à qui voudra. Elle aspire à d'autres idéaux, à d'autres horizons, à une vie libérée de ses carcans, y compris des enfants. Pendant ce temps sa fille Mousse, grandit tant bien que mal avec ses tantes, séparée de son frère François. Anaïs Barbeau-Lavalette, fille de Mousse raconte cette femme ambivalente, sa grand-mère Suzanne prête à tout pour mener sa vie comme elle l'entend, capable de la risquer pour défendre les droits civiques des Noirs américains, mais incapable de revoir ses enfants; capable de grandes choses mais capable des pires comme détruire des vies. Et on a du mal à la comprendre Suzanne. Elle a vécu à la marge toute sa vie alors qu'elle avait un grand potentiel artistique à peine exploité, elle a fui toute sa vie au nom de sa liberté. Son oeuvre se situe peut-être là, dans cette liberté absolue qu'elle a arrachée, au mépris des autres.
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Merci à Genevieve et Brigitte pour m'avoir parlé de ce roman!

Suzanne Meloche est la grand-mère de l'auteure.
Elle fit partie de ceux qui signèrent le " Refus global" en 1948 ( manifeste artistique remettant en question les valeurs traditionnelles et religieuses de la société québecoise ).
Elle a épousé le peintre libertaire Marcel Barbeau, avec lequel elle a eu 2 enfants...
Puis.. elle s'est enfuie ...A force de se chercher,Suzanne finira par se perdre.

L'auteure va se plonger sur les traces de cette grand-mère qu'elle n'a pas connu et va essayer de comprendre .

Récit poignant sur la filiation, la transmission et les blessures de l'âme.
Leçon de vie et de tolérance.... ne jugeons pas sans savoir !
L'écriture est fluide, les chapitres courts défilent.
J'ai appris énormément sur la vie à cette époque de l'autre côté de l'océan .. le milieu artistique en rébellion, le racisme poussé à l'excès.

J'ai eu envie d'en savoir plus, de découvrir cette femme et le milieu artistique qu'elle a côtoyé

Un véritable coup de coeur.
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Un très beau roman doté d'une merveilleuse plume ! Une énonciation directe et intime qui part à la rencontre d'une femme pour ensuite la faire découvrir au lecteur. Une femme forte aux actes dictés par le chemin de la passion ! Une lecture enivrante au cours de laquelle on se laisse bercer par les mots de l'autrice…
Lien : https://lecturesgourmandeswe..
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Avec un palmarès aussi riche (Prix des libraires du Québec 2016 / Prix France-Québec / Grand Prix du livre de Montréal), ce roman à tout pour attirer les regards sur lui. Et il le mérite largement! A la fois pudique et sensible, poétique et visuel, Anais Barbeau-Lavalette nous livre un récit poignant de la vie de sa grand-mère qu'elle n'a que très peu connue, voir pas du tout. En s'appuyant sur des faits réels, historiques, elle déroule le fil d'une vie approximative avec tous les fantasmes d'une vie imaginée. Elle nous raconte et se raconte une histoire de famille pour décrire une société, le microcosme de l'art, les ambitions d'une femme, la liberté recherchée. A travers sa soif d'en découdre avec ce personnage insaisissable, l'auteure tente de la comprendre et repasse le fil des évènements qui ont jalonnés sa vie en s'adressant directement à elle, Suzanne Meloche, peintre, poète, mère, amante mais surtout femme.

Comme une longue lettre adressée à sa grand-mère disparue, l'écrivain réhabilite le nom de cette femme peu connue du grand public mais surtout d'elle même, elle qui a souffert du manque de sa propre mère. Et lorsque Suzanne meurt, emportant avec elle ses secrets, l'intrigue même de sa vie, elle découvre l'univers intime d'un appartement conservant livres et objets qui en disent plus sur la personnalité de cette femme qu'elle n'a pu elle même l'entendre de sa bouche. A l'aide d'un détective privé, elle s'évertue à nous raconter et à inventer cette femme aérienne à travers de courts chapitres, avec la rapidité et la minutie d'un portraitiste.

"Et puis un jour tu meurs. Cinq ans plus tard. Dans ce même petit appartement, où tu m'as immolée par sept clins d'oeil. Nous, on est en cocon familial à la campagne. Ce que mes parents ont construit et qui ne te ressemble pas. Une famille qui se colle. Au téléphone, Claire, cette soeur religieuse que tu ne voyais plus, nous annonce ton décès. Ma mère s'accroche aux murs. C'est Hiroshima dans son ventre. Enfin débarrassée de ton absence. Elle deviendra peut-être normale. Une femme, avec une mère enterrée."

A Ottawa sur le territoire Canadien en 1926, Suzanne Meloche née entourée de nombreux frères et soeurs, une éducation stricte, têtue, est dotée d'une aura incandescente, certaine d'un destin hors norme. L'image d'une mère dépressive de ne pas avoir continuer le piano au profit d'enfanter la marque au fer. Sa soif de liberté va naître de cet environnement étouffant pour rapidement partir à Montréal et entamer des études supérieures. Au fil des rencontres son destin bascule, l'esprit se libère et dévoile l'âme artistique qui sommeille en elle. En se liant au groupe du mouvement des automatistes autour du professeur Paul-Émile Borduas dans les années 40, elle trouve une famille et expérimente un nouveau langage artistique. Fondement du mouvement surréaliste, elle regarde, s'inspire, peint et écrit mais ne participera jamais officiellement au mouvement lors de la sortie du manifeste controversé du Refus Global en 1948. le groupe se dissout doucement mais elle en sort plus forte: elle a trouvé l'amour.

Marcel Barbeau, peintre issu du mouvement, et Suzanne vivent d'amour, de peinture et d'eau fraîche. A la recherche de l'artiste, de liberté d'être, la passion dévorante les font parents d'une petite fille prénommée Mousse et d'un fils François. de petits boulots en galères, ils vivent dans la misère, la fureur et l'incertitude. Mère tendre, Suzanne n'en est pas moins une artiste en devenir qui ne supporte pas sa condition de vie ni la perte de temps . Elle prend alors une décision radicale: abandonner sa famille pour vivre sa passion. Tout simplement vivre sans contraintes, au nom de l'art, au nom d'elle même. La voilà sur les routes entre Canada, Europe et Etats-Unis tentant de créer, de ressentir et touche du doigts l'irrévérence à une époque en pleine mutation. Mais la liberté à un prix qu'elle payera toute sa vie au prix d'indifférence envers ses enfants malgré leur cri d'amour à chaque tentative de rapprochement. Suzanne n'est pas une mère mais une artiste.

"Je traverse le champ humide du matin. Nous voilà postées devant toi. Les noms inscrits au-dessus de tien ont compté dans ma vie. Alors, pourquoi toi, que je cherche à raconter? (...) Parce que je suis en partie constituée de ton départ. Ton absence fait partie de moi, elle m'a aussi fabriquée. Tu es celle à qui je dois cette eau trouble qui abreuve mes racines, multiples et profondes. Ainsi, tu continues d'exister. Dans ma soif inaltérable d'aimer. Et dans ce besoin d'être libre, comme une nécessité extrême. Mais libre avec eux. Je suis libre ensemble, moi."

En employant le "tu" Anais Barbeau-Lavalette tend une promiscuité au lecteur dans le roman. On regarde par la lucarne, en catimini, l'explosion d'émotions, de couleurs, de mots qui découlent de cette recherche de compréhension d'une femme en marge, indépendante, énigmatique. En mettant en lumière l'abandon des enfants, l'auteure règle presque ces comptes avec cette femme dure, engagée et insoumise pour mettre en avant les conditions figées de la femme dans la société canadienne gangréné par la religion. On peut souligner l'audace de cette femme qui ne résume pas sa personne à la maternité, ni à la sexualité mais à sa propre utilité dans ce monde. Profond, le style d'écriture est saisissant, fait de petites touches d'émotions subtiles en quelques courtes phrases, donnant un relief tout en nuance sans jamais juger, confondre et malmener. Les liens familiaux grâce à ce livre sont enfin apparents, tendent à une réalité sous-jacente et laisse deviner un pardon en devenir. Un pain de maïs brut suivi d'un thé noir brûlant se dégusteront à merveille pendant la lecture de ce fascinant roman
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je ferai juste un petit commentaire.
un roman émouvant écrit avec un rythme très rapide(courts chapitres) .Le style est le reflet du personnage principal énergique déterminée
On se prend d'affection pour cette femme a la très forte personnalité
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Anaïs Barbeau-Lavalette a toujours su la douleur éprouvée par sa mère, abandonnée alors qu'elle était toute petite par sa propre grand-mère, Suzanne Barbeau. Francophone mais venue de l'Ontario, cette femme originale a fait partie du mouvement automatiste québécois, connu par son manifeste de 1948 intitulé « Le refus global » signé de quatre cents artistes. Ce groupe, mené par le peintre Borduas, se composait d'artistes-peintres et poètes en rupture avec l'ordre traditionnel québécois soumis à l'autorité du clergé. A tous moments la police peut faire irruption dans les expositions et s'emparer d'oeuvres jugées subversives ou indécentes. Quand on pense que Balzac, Rimbaud et Hugo étaient jugés comme tels...Sans compter, évidemment, Voltaire, Lautréamont et Sade...Cela se passait dans l'immédiat après-guerre.

Vaguement anarchistes, libertaires, revendiquant le droit à la création non censurée, le petit groupe mène des actions lors de Salons dont ils sont exclus. Suzanne écrit, affiche ses poèmes et veut vivre à cent pour cent sa liberté de créer. Après des tentatives médiocres à la campagne où elle cultive des betteraves à sucre, en ville où son mari peine à nourrir la famille, elle fait le choix de confier ses enfants d'abord à une garderie puis à ses belles-soeurs, du moins pour ce qui concerne l'aînée, le bébé, lui, sera laissé à une famille adoptive. Marcel, le père, laisse faire et le divorce est prononcé (au Québec, alors, il ne peut être prononcé qu'à la demande exclusive du mari pour adultère!) et, finalement, elle le pousse à renoncer à ses droits et les deux enfants sont adoptés.

Commence alors une sorte d'errance désespérée pour Suzanne, entre Londres, le Canada, New-York. Son chemin croise celui de Pollock et d'autres peintres déjà reconnus. Elle, ne peint plus. Elle finit par rencontrer Séléna, jeune femme noire avec qui elle découvre un autre amour, la communauté noire de Harlem, la lutte pour les droits des Noirs. Un autobus rempli de Noirs et de quelques Blancs part pour les États du Sud. En Alabama, ils sont attaqués, le bus brûlé et Suzanne meurtrie et révoltée plus que jamais. Il faudra attendre Kennedy et 1961 pour qu'enfin disparaissent les écriteaux only coloured ou white only. .

L'enfant de Suze, François, apparaît, disparaît dans la vie de sa soeur Mousse, fragile, perdu, il finit dans un hôpital psychiatrique et disparaît encore, pour où ? Cette fois, il ne réapparaît plus...Mousse est devenue une cinéaste célèbre sous le nom de Manon Barbeau. Sa fille, Anaïs, en écrivant l'histoire de sa grand-mère maternelle, lui rend sa vérité, celle d'une enfant blessée à jamais d'avoir été abandonnée par sa mère. C'est pour elle qu'Anaïs réinvente le parcours de vie sa grand-mère, tissant savamment les faits avérés (en témoignent de nombreuses personnes citées en fin de livre) et ceux qu'elle a intercalés, vraisemblables à défaut d'être vrais. Jusqu'à sa mort, après une ultime visite de Mousse et d'Anaïs, une vague tentative de sa part d'être, enfin, mère et grand-mère.

Ce qui aurait pu n'être qu'un tissage de faits réels ou non relatés avec empathie, émotion, rancoeur peut-être, devient ici un témoignage beaucoup plus large, qui prend le lecteur à témoin mais aussi l'inclut dans le récit, notamment grâce à ce « tu » qu'elle emploie. Nous ne sommes plus celui qui lit mais celui qui partage, nous reconnaissons des morceaux de notre histoire même si nous ne sommes pas Canadiens. L'histoire d'Anaïs, celle de Mousse, celle de Suze, devient notre histoire. Nous y retrouvons tant d'événements connus et partagés du XXième siècle, tant de chemins possibles pour toute une génération post-guerre, que l'histoire de Suze, ses enfants, sa petite-fille, ne nous est jamais étrangère. C'est sans doute ce qui fait que ce livre nous émeut : il aurait pu parler de nous, il ne se limite pas à l'expérience étriquée d'une famille. Anaïs raconte, complète parfois par des fils de remplissage, mais sans rancune, sans complaisance non plus, sans pathos inutile.

Il y a là un vrai don de partage, émouvant et fort.
Un grand merci aux éditions québécoises Marchand de Feuilles pour leur générosité.
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Que dire que les autres commentaires n'ont pas si joliment exprimé! La plume d'Anais Barbeau-Lavalette nous transporte à travers les décennies du 20e siècle à la poursuite de cette femme en fuite, en envol permanent. Il y a une douceur dans ce roman qui nous emporte, qui enveloppe les événements, tout en les déposant de façon lucide. Il m'a fascinée et m'a prise au tripes. J'en ressors touchée et dépourvue de jugement, comme si j'avais cueilli une fleur rare dans laquelle s'emmêlent la beauté et la cruauté de façon élégante.
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Je suis vraiment mitigée et ai du mal à faire la critique de ce récit familial qui décortique la vie d'une femme qui a fait le choix d'abandonner ses enfants pour vivre sa vie, bohème, militante, libre et assez égoïstement. Je pense que l'autrice s'immisce trop entre sa mère et sa grand-mère. Elle est très présente dans le récit. Il y a de belles choses dans ce livre mais dans l'ensemble, j'ai trouvé l'expression laconique par moments, le fil un peu moins soutenu. J'ai eu du mal à accrocher et garder l'intérêt. C'est bien fait, il y a de la recherche mais je n'ai pas ressenti l'émotion comme
l'ont exprimé d'autres lecteurs. Un peu déçue vu la popularité de ce livre, je m'attendais à un peu plus de mordant.
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