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Seuil - l'Intégrale (01/01/1900)
3.61/5   47 notes
Résumé :
1832. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome II. Deuxième volume de l'édition Furne 1842. La Grenadière est une ravissante et vieille maison en bord de Loire, à proximité de Tours. Madame Willemsens vient de la louer. Elle y vit retirée avec ses deux fils et sa dame de compagnie. On ne sait rien d'elle. Seuls les précepteurs de ses fils peuvent fréquenter la maison, ils parlent de cette famille avec admiration, évoquant ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Une bien triste histoire! Sortie d'une beauté naturaliste où les détails portés sur la demeure de la Grenadière nous charme plus au lieu de nous ennuyer, la tristesse l'histoire nous entraîne beaucoup plus à la curiosité...

Madame Willemsens habite la Grenadière avec ses deux enfants. On ne connait pas sa vie antérieure. Elle est en deuil et maladive. Elle sent sa mort proche et se meurt déjà pour l'avenir de ses enfants. A quelque moment l'auteur nous fait vivre quelques brebis ou flash de l'histoire de la dame... est-il qu'on en sait toujours pas grand chose...

Madame Willemsens meut avec son mystérieux secret ...mais...

Quand la mère avait informé à son aîné qu'ils n'ont que, avec sa soeur, douze mille francs comme héritage qu'elle leur laissait, le fils avait répondu;
" Mère, j'y ai pensé. Je conduirai Marie au collège de Tours. Je donnerai dix mille francs à la vieille Annette en lui disant de les mettre en sûreté et de veiller sur mon frère. Puis, avec les cent louis qui resteront, j'irai à Brest, je m'embarquerai comme novice. Pendant que Marie étudiera, je deviendrai lieutenant de vaisseau. Enfin, meurs tranquille, ma mère, va : je reviendrai riche, je ferai entrer notre petit à l'École polytechnique, où je le dirigerai suivant ses goûts."

Puis la narration continue:
"Un éclair de joie brilla dans les yeux à demi éteints de la mère, deux larmes en sortirent, roulèrent sur ses joues enflammées ; puis, un grand soupir s'échappa de ses lèvres, et elle faillit mourir victime d'un accès de joie, en trouvant l'âme du père dans celle de son fils devenu homme tout à coup."
Curiosité: Qui est le père? et que deviendront ces deux enfants?
Une courte histoire, captivante mais ça laisse trop de soif sur la langue!
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La Grenadière est une petite nouvelle plutôt sympathique De Balzac, qui ne manque pas de nombreuses qualités : des qualités de description, pour commencer, mais aussi des qualités de ton, de style. Mais c'est comme je l'ai dit : c'est une nouvelle plutôt sympathique. Pas un des ( très nombreux ) très grands textes que Balzac nous a légués ; à côté de la plupart des autres textes de "La Comédie Humaine", celui-ci paraît bien petit. Mais un sympathique texte, quand même.
Pas indispensable à votre bibliothèque, mais pas illisible non plus.
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Voilà encore une courte nouvelle De Balzac sur le thème de la femme abandonnée qu'il aurait écrite en une nuit ; cette fois, le récit est centré sur le lieu, une propriété tourangelle nommée La Grenadière, où vient s'installer Augusta Willemsens, accompagnée de ses deux jeunes fils. D'emblée, le contraste est visible entre la beauté simple et chaleureuse du domaine et le drame qui va s'y dérouler ; l'abondance de détails sur la demeure et ses environs semble vouloir compenser les zones obscures du récit.

Comme dans La Femme abandonnée qui précède cette nouvelle dans Les Scènes de la vie privée, cette famille retirée du monde intrigue et les commentaires vont bon train : Mme Willemsens est belle, ses enfants sont mignons et bien élevés, mais la famille ne fréquente personne : seule une vieille bonne et un couple de paysans locaux travaillent à son service ainsi qu'un précepteur pour les garçons.
Outre le noeud thématique du lieu, le récit suit le rythme et le cycle des saisons ; en effet, on comprend vite que l'héroïne est gravement malade et qu'elle s'achemine vers la mort. Son mal mystérieux, certes physique, s'accompagne d'un mal moral et expiatoire, dû à une faute commise par le passé, source de son isolement actuel et du dénuement dans lequel elle va laisser ses enfants orphelins.
Au XIXème siècle, l'adultère féminin est un crime réprouvée par la morale : le lecteur comprend que les deux garçons sont nés d'une relation illégitime mais que leur mère a pris des dispositions pour qu'ils sachent l'identité de leur père à leur majorité… Il y a aussi un mari, un lord anglais, à qui elle pardonne tout dans une lettre écrite avant de mourir.

Balzac entretient le mystère et le flou tout au long de sa narration… D'après la littérature critique, il est aussi fait mention de cet épisode dans d'autres romans de la Comédie humaine (Mémoires de deux jeunes mariées, le Lys dans la vallée, le Père Goriot…) mais certains passages ont pu être remaniés au fur et à mesure des corrections De Balzac.

Cette absence de détails, tout en laissant une impression d'inachevé, met en relief la situation stylisée de la femme adultère, toujours coupable malgré ses mérites et quelles que soient les circonstances ; elle doit expier sa faute, jusque dans ses enfants s'il le faut. Ainsi l'héroïne, qui s'est peut-être présentée sous un nom d'emprunt, aura une tombe anonyme où ne figurera que son prénom suivi de l'épitaphe « une femme malheureuse ».
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Dans l'oeuvre De Balzac, du moins dans ses nouvelles ou courts récits, l'amour est rarement heureux, pour les femmes il finit souvent mal. Les femmes adultères doivent être punies, et leurs fautes retombent sur leurs enfants, conséquences de ses amours coupables.
Cette femme amoureuse n'est plus au début du récit, elle s'efface, au sens propre propre même en se dissimulant sous ses vêtements stricts et noirs. Ses désirs ont disparu, elle n'a plus de corps ni de sensualité, au contraire, elle souffre dans sa chair. Et elle n'a plus d'envie, elle ne vit plus que pour ses enfants, ses deux fils sur lesquels elle a reporté toute son affection. La peinture des relations maternelles est à la fois douce, sensuelle et triste, la maladie teintant ces liens d'urgence. Pour ces enfants, il faut grandir en quelques mois, quitter l'insouciance et les jeux enfantins pour s'instruire et s'engager. le fils aîné murit de voir sa mère mourir
Le tragique de la situation est renforcé par la beauté du paysage et de la propriété, où les couchers de soleil sur la Loire s'admirent de la terrasse fleurie d'une magnifique propriété. Ces très belles descriptions ont donc elles aussi un rôle dans l'histoire.
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Petite nouvelle dans la lignée de sa prédécesseure – La Femme Abandonnée, dans les « Scènes de la vie privée » –, nous avons le droit à un très court texte avec, en personnage d'importance, une femme dont l'exil est devenu un nouveau mode de vie. C'est l'un des seuls points communs que l'on pourrait faire concernant ces deux textes qui tiennent des tonalités absolument différentes. Celui-ci tient un bonheur transparent durant une très grande partie de sa composition : Mme Willemsens tient une éducation exemplaire, positive et saine envers ses enfants, et on les voit tous baigner dans un bonheur qui occulte tout le reste du monde. La thématique abordée ici est l'ignorance face aux dangerosités du monde et son malheur. A vivre dans une sorte de bulle sans cesse, les enfants ne connaissent rien du monde, et la plus grande peur de Mme Willemsens était que ces enfants arrivent dans le monde sans rien en connaître. J'ai trouvé touchant cet univers construit dans le clos, et j'ai trouvé que – parfois – la nouvelle prenait des tournures de pastorale absolument charmante, avec des descriptions champêtres et douces de bâtiments et de verdures, avec des allures d'isolement total dans un positivisme absolu, loin de tout le reste, malgré la proximité avec la société de Saint-Cyr-sur-Loire. Trouver un fond d'inspiration Sandien dans l'oeuvre De Balzac m'a fait doucement sourire au gré des multiples apports descriptifs d'une pureté sans pareille. La thématique de la nouvelle rejoint aussi sa construction : les enfants ne connaissent rien du monde extérieur, et nous ne savons rien d'eux, au fond ! Nous faisons la découverte de la famille Willemsens (au nom par ailleurs bien étrange : sans doute pour une raison ?) à partir du moment où celle-ci se dispose en exil, mais qu'en est-il de leur vie d'avant ? Qui est exactement Augusta Willemsens ? Pourquoi a-t-elle quitté son logis avec ses fils ? Est-ce son véritable nom ? Non seulement les enfants ignorent tout de leur environnement, mais nous aussi, et nous faisons confiance à la bonté et à la pureté du récit et de leur vie sans rien en savoir d'autre. Leurs destins seront plus abordés dans le Lys Dans La Vallée et dans Mémoires de Deux Jeunes Mariées au fil de récits mentionnant cette femme mystérieuse. J'ai été également surpris de découvrir le floutage de la barrière des genres, fait par l'auteur, dans cette nouvelle : les fils étant souvent décrits comme féminins, avec des traits de leur mère, et dont l'un avec un nom épicène. Enfin, je ne pense pas que ce récit soit des meilleurs De Balzac, si bien que du peu de lues, je peux dire que plusieurs m'ont plus retenu que celle-ci, mais elle est d'une tristesse si pure…

La courte nouvelle aux relents de pastorale que voici est d'une pureté absolument saine et inédite. J'ai même été surpris de voir qu'en cette nouvelle, les destins sont malheureux malgré eux, et que tout est construit sans l'ombre d'une malveillance. C'était un bon coup d'air frais qui n'est vraisemblablement pas des plus illuminés. J'ai cependant aimé la douceur de cette famille Willemsens. {15}
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Que vaut donc la Grenadière avec sa rampe, son chemin creux, sa triple terrasse, ses deux arpents de vigne, ses balustrades de rosiers fleuris, son vieux perron, sa pompe, ses clématites échevelées et ses arbres cosmopolites ? N'offrez pas de prix ! La Grenadière ne sera jamais à vendre. Achetée une fois en 1690, et laissée à regret pour quarante mille francs, comme un cheval favori abandonné par l'Arabe du désert, elle est restée dans la même famille, elle en est l'orgueil, le joyau patrimonial, le Régent. Voir, n'est-ce pas avoir ? A dit un poète. De là vous voyez trois vallées de la Touraine et sa cathédrale suspendue dans les airs comme un ouvrage en filigrane. Peut-on payer de tels trésors ? Pourrez-vous jamais payer la santé que vous recouvrez là sous les tilleuls ?

Cependant, malgré l'espèce d'espionnage innocent que créent en province le désœuvrement et l'inquiète curiosité des principales sociétés, personne ne put obtenir de renseignements certains sur le rang que l'inconnue occupait dans le monde, ni sur sa fortune, ni même sur son état véritable.
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Nous devons ensevelir nos peines aux yeux des étrangers, leur montrer un visage riant, ne jamais leur parler de nous, nous occuper d’eux : ces maximes pratiquées en famille y sont une des causes du bonheur. Tu auras à souffrir beaucoup un jour !
Eh ! bien, souviens-toi de ta pauvre mère qui se mourait devant toi en te souriant toujours, et te cachait ses douleurs ; tu te trouveras alors du courage pour supporter les maux de la vie.
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— Louis, dit-elle, conduis moi sur la terrasse, que je voie encore mon pays.

À cette parole proférée simplement, l’enfant donna le bras à sa mère et l’amena au milieu de la terrasse. Là ses yeux se portèrent, involontairement peut-être, plus sur le ciel que sur la terre ; mais il eût été difficile de décider en ce moment où étaient les plus beaux paysages, car les nuages représentaient vaguement les plus majestueux glaciers des Alpes. Son front se plissa violemment, ses yeux prirent une expression de douleur et de remords, elle saisit les deux mains de ses enfants et les appuya sur son cœur violemment agité : — Père et mère inconnus ! s’écria-t-elle en leur jetant un regard profond. Pauvres anges ! que deviendrez-vous ? Puis, à vingt ans, quel compte sévère ne me demanderez-vous pas de ma vie et de la vôtre ?

Elle repoussa ses enfants, se mit les deux coudes sur la balustrade, se cacha le visage dans les mains, et resta là pendant un moment seule avec elle-même, craignant de se laisser voir. Quand elle se réveilla de sa douleur, elle trouva Louis et Marie agenouillés à ses côtés comme deux anges ; ils épiaient ses regards, et tous deux lui sourirent doucement.
— Que ne puis-je emporter ce sourire ! dit-elle en essuyant ses larmes.
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Depuis le mois de juin jusqu’à la fin de septembre, Louis travailla pendant la nuit à l’insu de sa mère, et fit d’énormes progrès ; il était arrivé aux équations du second degré en algèbre, avait appris la géométrie descriptive, dessinait à merveille ; enfin, il aurait pu soutenir avec succès l’examen imposé aux jeunes gens qui veulent entrer à l’école Polytechnique. Quelquefois, le soir, il allait se promener sur le pont de Tours, où il avait rencontré un lieutenant de vaisseau mis en demi-solde : la figure mâle, la décoration, l’allure de ce marin de l’empire avaient agi sur son imagination. De son côté, le marin s’était pris d’amitié pour un jeune homme dont les yeux pétillaient d’énergie. Louis, avide de récits militaires et curieux de renseignements, venait flâner [Coquille du Furne : flaner.] dans les eaux du marin pour causer avec lui. Le lieutenant en demi-solde avait pour ami et pour compagnon un colonel d’infanterie, proscrit comme lui des cadres de l’armée, le jeune Gaston pouvait donc tour à tour apprendre la vie des camps et la vie des vaisseaux. Aussi accablait-il de questions les deux militaires. Puis, après avoir, par avance, épousé leurs malheurs et leur rude existence, il demanda à sa mère la permission de voyager dans le canton pour se distraire. Or comme les maîtres étonnés disaient à madame Willemsens que son fils travaillait trop, elle accueillait cette demande avec un plaisir infini. L’enfant faisait donc des courses énormes. Voulant s’endurcir à la fatigue, il grimpait aux arbres les plus élevés avec une incroyable agilité ; il apprenait à nager ; il veillait. Il n’était plus le même enfant, c’était un jeune homme sur le visage duquel le soleil avait jeté son hâle brun, et où je ne sais quelle pensée profonde apparaissait déjà.
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nous devons ensevelir nos peines aux yeux des étrangers, leur montrer un visage riant, ne jamais leur parler de nous, nous occuper d’eux : ces maximes pratiquées en famille y sont une des causes du bonheur.
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« Jubilatoire et profond, exigeant et populaire, terrien et aérien, quelque part entre Balzac et Houellebecq. » Le Parisien
Lien : https://www.jailu.com/humus/9782290397060
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