Une star interstellaire qui culmine aux sommets des hit-parades et du box-office mondiaux (un croisement très probable entre Elvis, Mickaël Jackson et Tom Cruise, voire même
Johnny Hallyday ou Claude François), une promotion capitale à assurer pour la sortie d'un film hyper attendu donnant lieu à une interview pour un canard à sensations qui va mettre le feu aux poudres (on a le droit de toutes les imaginer), tel est l'intro, le pitch, l'argument de ce thriller annoncé nous mettre les nerfs à vif et dont l'histoire nous est relatée selon les divers points de vue de ses différents protagonistes, à travers des chapitres bien identifiés répartis sur plusieurs époques...
On découvre donc une méga-star à l'apogée de sa carrière voire au tout début de son déclin (son successeur autoproclamé va même sérieusement agacer le dieu vivant) face à un journaliste un peu aigri mais pugnace qui se promet de faire tomber l'icône qu'il soupçonne coupable d'homicides à répétition en brandissant une photo de cadavre qui va ensabler un mécanisme pourtant bien lubrifié : le grain de sable importun dans l'engrenage millimétré d'une machine gigantesque, tentaculaire aux remugles nauséabonds (peut-il en être autrement des remugles ?)!
On y parlera :
- de show, de business…et du show-business à la colonel Parker créé autour d'Elvis Presley ou celui de Sinatra et de sa mafia,
- du rapport à la célébrité et de la difficulté d'exister dans la durée (pas les macarons),
- de la solitude engendrée par cette célébrité extrême, pour soi comme pour son proche entourage,
- de succession, d'héritage, de filiation et de la difficulté d'être ‘l'enfant de',
- de drogue et de sexe bien sûr, triptyque incontournable avec le rock'n'roll,
- de l'incompréhension et du ravage produits par des scènes violentes reçues par de jeunes enfants,
- de journalisme d'investigation et de paparazzades,
- du remord de n'avoir pas su ou pu protéger un être aimé,
- de GPA et de mère porteuse ou plutôt de ventre porteur tant cette dernière est méprisée,
- de pulsions instinctives et irrépressibles,
- d'orgies décadentes, de plaisirs inavouables, d'overdoses multiples, de cadavres récurrents et de réputations à ménager, même par la corruption ou pire, si nécessaire.
On sera pris de vertige, de nausées, de dégoût mais aussi de pitié ou de révolte, tout un éventail changeant de sentiments et de sensations qui nous feront tourner la tête et les pages de ce roman à une vitesse folle, comme embarqués malgré nous dans un manège hystérique dont le système de freinage a été saboté, poussés sur un toboggan abrupte ou la raison est perdue, éperdus que nous sommes de dérouler le fil de cette pelote qui nous fait perdre haleine, nous étrangle, nous étouffe, nous asphyxie et, en même temps, nous ligote, volontaires, à notre siège de lecteur appâté et épaté deux fois plutôt qu'une (avec pâté de campagne, je n'ai pas trouvé)
De la belle ouvrage pour qui aime ces thrillers qui nous laissent exsangues, pour qui ne se contente plus de simples tempêtes mais préfèrent les vents pires et se repaître du sang de ces victimes dont le calvaire blanchit nos nuits voulues sans sommeil pour cause de lecture comme blanchit le derme devenu diaphane quand le liquide vital s'est dissipé, goutte à goutte, page après page.
Etouffant ! D'autant plus étouffant, qu'ici, on étouffe tout, un cri, un hoquet, une victime mais surtout l'affaire !
Et tout fan de lecture que je suis, celle-ci m'a tenu en haleine même si le thriller n'est pas mon genre premier de prédilection.
Derrière ces chapitres par agrafes retenus, j'ai trouvé bien plus que des crimes à venger: un climat, une histoire, la description d'un milieu où d'une époque qui nous disent combien il peut être difficile de seulement exister même par l'au-delà, les affaires portant souvent le nom des bourreaux plutôt que celui de la victime qui, ici, s'appelait Clara Miller.