AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782742770267
631 pages
Actes Sud (28/09/2007)
3.95/5   55 notes
Résumé :
Décembre 1967, la France est en surchauffe, la jeunesse gronde, Mai 68 n’est plus très loin. A Marseille, sur fond de guerre entre mafias, l’assassinat d’un militant gauchiste et la disparition d’une liste de noms peuvent laisser penser que le service d’Action civique prépare un coup.
Que lire après Pointe RougeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,95

sur 55 notes
5
2 avis
4
3 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Si vous aimez le doux, le tendre, le délicat, passez votre chemin. Comme Alger noire, ce tome 2 des enquêtes de Paco est un roman très noir, où tous les coups des adversaires sont permis, et où les policiers se retrouvent à enquêter sur ce qui s'est transformé en bain de sang.Le récit commence de manière rétrospective. Nous savons que Paco est dans le comas, nous savons que Khoupi, son partenaire, n'est pas arrivé à temps pour empêcher Paco de se faire tirer dessus. Nous saurons comment ils  en sont tous arrivés là.Comme dans le premier roman, nous entendons quatre voix : à celle de Paco et Khoupi se joignent celle d'Irène, la compagne de Paco, et celle d'Eva, dite "la fourmi". Si ce livre avait été écrit récemment, j'aurai été tenté de parler de "parité" mais je crois, en lisant l'auteur, qu'il est surtout féministe. Je ne pense pas que l'on puisse tenir de tels discours sur la contraception, l'avortement, ou pour faire court, sur le droit des femmes à disposer de leur corps sans demander l'accord des hommes et de la société bien pensante sans être féministe.En effet, ce roman, au-delà d'une intrigue policière sanglante, est l'histoire d'homme, de femme, qui se trouvent mêlés à une affaire qui les dépasse, et dont les conséquences seront dramatiques, tragiques - pour eux. Si l'on ajoute que chacun porte déjà ses propres drames intimes, l'on comprend que l'on se retrouve vite asphyxié dans ce texte. Un espoir est-il possible ? Pas vraiment. Il ne s'agit plus de vivre, à un moment du récit, mais de survivre, y compris avec un fort sentiment de culpabilité qui vous ronge le corps et le coeur.Il faut se remettre dans le contexte politique de l'époque - que l'on a un peu oublié, éclipsé qu'il est par ce qui s'est passé six mois plus tard. Nous sommes dans une période politique très agitée, certains se lancent dans des paris sur l'avenir, en se rapprochant de telle ou telle personnalité. Bien sûr, il est facile pour nous, après coup, de nous dire "il a raison", ou "il a tort", sauf qu'il ne s'agit pas vraiment de conviction, mais plutôt d'ambition : sur quel cheval miser pour être dans les vainqueurs ?Aussi, il paraisse presque gentillet, ces étudiants impliqués en politique, détestant l'ordre établi et la police. Pourtant, il n'agisse pas vraiment, se contentant de vivre leurs amours compliqués, leurs études, qui ne le sont pas moins, et après, ils se retrouvent en témoin qui n'ont rien vu, rien entendu, rien tenté pour empêcher quoi que ce soit. Il est plus facile de réfléchir (pour certains) et d'asséner des phrases toutes faites.Si les noirceurs de l'âme et des actes ne vous font pas peur, si vous confronter au réel ne vous dérange pas, alors n'hésitez pas à découvrir l'oeuvre de Maurice Attia.
Commenter  J’apprécie          80
"Pointe rouge" est le deuxième tome d'une trilogie, ce que j'ignorais lorsque je l'ai acheté au salon Livre Paris. Je comprends dès les premières pages que les personnages ont un passé que j'ignore. Heureusement l' ignorance se comble au fur et à mesure de la lecture. L'ouvrage peut donc être lu indépendamment du précédent.

L'histoire se déroule à Marseille entre décembre 1967 et juin 1968. Elle nous est contée par quatre narrateurs deux policiers, Paco Martinez et Tigran Khoupiguian, deux femmes Irène et Eva. Procédé déstabilisant au début pour le lecteur qui doit deviner l'identité du narrateur.

Paco et Tigran enquêtent sur la mort suspect d'une jeune dealer dans une cité universitaire Il aurait été défenestré par un militant trotskiste. Cette enquête qui au premier abord semblait banale va se transformer en une affaire complexe aux ramifications importantes. Paco et Tigran vont être confrontés aux monde des affaires, de la politique et ses affidés dont le SAC, des mafias. La violence est omniprésente. Il y a des assassinats, des meurtres, des victimes collatérales, un policier trop curieux sera suicidé.

Le vie personnelle et le passé des deux policiers ont un rôle important dans ce roman. Paco sera grièvement blessé au cour de l'enquête. Il est toujours amoureux d'Irène beau personnage de femme indépendante. Quant à Tigran qui connaîtra des événements familiaux douloureux sera sauvé par l'amour d'Eva, la jeune paumée qui se révélera être une femme solide.

Pointe Rouge est un livre intéressant et passionnant. La fiction s'intègre aux prémices des évènements et aux évènements eux-même de l'année "68".

Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, très vite j'ai trouver un vrai plaisir de lecture au point qu'une fois le livre terminé j'ai immédiatement commandé par internet les deux autres tomes de la trilogie "Alger la Noire" et "Paris Blues".



Commenter  J’apprécie          91
Un conseil : si vous êtes guetté par l'Alzheimer, lisez ce roman ; c'est une excellente gymnastique intellectuelle, l'auteur faisant parler différents personnages alternativement dans les chapitres sans annoncer qui parle… quelquefois, ce n'est qu'au bout de quelques phrases que le contexte situe le personnage. Il est possible que cela puisse dérouter certains lecteurs, mais, personnellement, j'ai pris beaucoup de plaisir à cette forme d'écriture… aucun risque d'ennui ou d'endormissement !!!

On retrouve le ‘'poor lonesome cop'' (voir ma critique de ‘'Alger la Noire'') Paco Martinez et sa compagne Irène ; on retrouve également quelques personnages secondaires de ‘'Alger la Noire'' : Mme Choukroun, Ernestine et le policier Tigran Khoupiguian qui devient un des quatre personnages principaux avec sa compagne Eva surnommée La Fourmi. Roman choral à quatre voix, donc.

Le contexte : la France (et plus particulièrement Marseille et la région PACA) de la fin des années 60 ; organisations et agitations estudiantines, affairisme, magouilles politiques à tous niveaux, milieu marseillais noyauté par le (ou au service du) SAC auquel se sont ralliés d'ex OAS… bref un vaste panier de crabes au milieu duquel Paco et Tigran vont essayer de résoudre des meurtres dont certains touchent personnellement Tigran.

Une excellente documentation sur la France de ces années-là… on s'y croirait. Outre celle sur les organisations estudiantines, le milieu marseillais, le SAC et les magouilles politiques à Marseille, Maurice Attia donne beaucoup de détails sur le génocide arménien qui a concerné la famille de Khoupiguian.
En outre, l'auteur, psychiatre de profession, décrit remarquablement la descente aux enfers de l'un des protagonistes après des drames personnels ainsi que les états d'âme des uns et des autres et les ressorts qui les font agir ou réagir… un autre aspect passionnant de ce livre.

Un excellent roman noir, une lecture recommandée.

NB pour les fans de cinéma : Paco est un cinéphile acharné et le roman est truffé de noms et de scénarios de films, de références à des acteurs et à des réalisateurs.
Commenter  J’apprécie          70
J'ai découvert un auteur et un bon polar. 1967, une année qui m'est chère, une ville riche en histoire et une intrigue post mai 1968. L'auteur, pied noir m'a beaucoup appris, notamment sur le SAC et son organisation. Jeune, j'entendais mon grand père parler de ce groupe avec mépris mais je n'y entendais rien. Dans le contexte du roman policier, Maurice ATTIA est bon pédagogue et on comprend que les hommes politiques de l'époque ne lésinaient pas à se débarrasser des gêneurs. J'ai saisi également le parallèle entre la mort du commissaire MORANT et celle du ministre Robert BOULIN.
Commenter  J’apprécie          90
Accident ou meurtre ? Un individu, "bien connu des services de police", est retrouvé défenestré au pied d'une résidence étudiante de Saint-Jean-du-Désert, un quartier du douzième arrondissement de Marseille. Comme de bien entendu, tout le monde se tait et n'a rien vu. On est dans les mois qui ont précédé Mai 68 et, au sein de la communauté estudiantine, les flics, en uniforme ou pas, sont très mal vus en cette période pré-insurrectionnelle. L'enquête va donc être particulièrement difficile pour l'inspecteur Paco Martinez, "pied-noir" installé depuis cinq ans à Marseille après ses exploits algérois ("Alger la Noire"), et son compère Tigran Khoupiguian ("Khoupi"), digne rejeton d'une famille arménienne ayant fui (à temps) le génocide ottoman. L'ambiance est chaude, gauchistes et anarchistes de mouvances diverses s'agitent en vue de la préparation du "grand soir" tant attendu, tandis que le SAC (Service d'Action Civique, officine parallèle au service du pouvoir gaulliste) prépare en secret sa controffensive. D'autres meurtres vont suivre, compliquant encore un peu plus l'enquête, qui s'enlise dans les témoignages sibyllins, lorsqu'ils ne sont pas carrément bidons, des organisations auxquelles appartiennent les divers protagonistes. Il y a aussi des femmes (Irène, l'éternelle fiancée de Paco, Eva, une jeune trotskyste dont va tomber follement amoureux Khoupi), dont le sort va être lié malgré elles aux progrès et aux échecs de l'enquête. Dans ce polar noir, très noir, et très épais (plus de 600 pages), Maurice Attia a mis tout son talent littéraire et sa connaissance de la psychologie au service d'un beau portrait de la Marseille des années 60, aux résonances tout actuelles.
Commenter  J’apprécie          32

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Certains avaient des vies à la planification impeccable, organisée autour d’un projet central, la famille et ses contraintes. Se marier pour être parents, devenir grands-parents. Ils venaient d’une histoire et perpétuaient leur généalogie, sans autre question. Moi, je n’avais eu qu’une grand-mère qui m’avait trimbalé de Barcelone à Alger. Nous avions traversé ensemble une guerre civile espagnole, une mondiale, et, en conclusion, une coloniale qui lui avait été fatale.
Avec une histoire aussi merdique, difficile d’attendre de moi d’enrichir d’un bourgeon l’arbre Martinez. Un arbre sans racines risquait de donner des rejetons fragiles…

(…)

La mort, aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain.
La mort, la mort et rien d’autre, la tienne, la mienne, celle qu’on veut nôtre…

(...)

Comment lui expliquer ? Qu’une femme, de flic ou pas, avait de multiples fonctions possibles, filiale, fraternelle, maternelle, amicale, courtisane, infirmière, professionnelle, dont la hiérarchie dépendait du cours de son histoire. Ce classement personnel pouvait correspondre aux attentes d’un compagnon et le séduire mais être brutalement désorganisé par un drame. Ou plusieurs.
Comment lui expliquer que l’amour pouvait, avec ses mots, terrasser la mort à l’affût, mais non anéantir la culpabilité ? Contre la culpabilité, j’avais toujours été impuissante. Etre là, écouter, se taire. Etre là, juste être là, contrer la solitude inhérente à la culpabilité. Soulager la douleur par une caresse, un sourire, une étreinte. Soulager, le temps d’une étreinte. L’aspirine calmait le mal de tête, mais ne détruisait pas une tumeur cérébrale… La culpabilité avait les moyens de pourrir une vie, de tuer une relation…
Commenter  J’apprécie          50
Au boulot, ce n'était guère mieux : mon point de vue était jugé discutable par mes collègues et mes supérieurs. Sans prendre explicitement la défense des grévistes, je les justifiais. Et ça ne plaisait pas qu'un flic ne soit pas clairement du coté de l'ordre.
Plutôt amusantes, ces positions déontologiques venant de flics marseillais qui, de génération en génération, avaient grenouillé tantôt avec la pègre, tantôt avec le pouvoir local, exception faite de gars comme Morand.
Commenter  J’apprécie          60
"Tais-toi et réfléchis à ce qui te gêne, tu finiras par trouver. C'est comme les noms qu'on oublie, ils reviennent toujours sans avertir. Attends, ça viendra" m'avait soufflé le fantôme de Choukroun. J'ai suivi son conseil. Il me manquait toujours, mais lui ne reviendrait pas.
Commenter  J’apprécie          40
“La télévision est un cinéma où on peut aller en restant chez soi.” Avec l’arrivée de la couleur sur les petits écrans, le technicolor allait perdre sa longueur d’avance et le cinéma risquait d’y laisser des images…
Commenter  J’apprécie          20
Il devrait exister une tombe de la Mère inconnue pour tous les enfants élevés sans mère, victimes de l'histoire.
Commenter  J’apprécie          40

Video de Maurice Attia (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maurice Attia
http://polar.jigal.com/?page=liens&p=188
« On ne change jamais vraiment? Au mieux on explore des territoires encore vierges de sa carte du monde, au pire les marécages de son histoire? La vie est une suite d?emmerdements avec quelques moments paisibles que les gens appellent bonheur. » Maurice Attia.
En 76, Paco a renoncé à sa carrière de flic, il est devenu chroniqueur judiciaire et critique cinéma au journal le Provençal. Irène, elle, poursuit avec succès son activité de modiste. C'est un coup de fil de son ex-coéquipier qui va bousculer cette vie tranquille. Un véritable appel au secours que Paco ne peut ignorer. En effet, huit ans auparavant, après leur avoir sauvé la vie, Khoupi avait dû fuir précipitamment aux Antilles avec sa compagne Eva? Aujourd?hui, il a sombré dans l?alcool et semble au c?ur d?une sale affaire mêlant univers néocolonial, corruption, magouilles immobilières et trafics en tous genres. Tous les ingrédients sont là : notables assassinés, meurtres inexpliqués, hommes de l?ombre, réseaux, femmes ambitieuses? le tout à grand renfort de rhum, de drogue, de sexe et de quelques sorcelleries? Alors qu'une éruption volcanique gronde et menace de purifier l?île aux abois, Paco et Irène réussiront-ils à tirer Khoupi de cet enfer ?
Maurice Attia nous avait ébloui avec Alger la Noire, un roman noir sur fond de guerre d?Algérie, récompensé entre autres par le Prix Michel Lebrun et le Prix Jean Amila-Meckert. Il nous revient ici en grande forme et sur un autre continent, avec La Blanche Caraïbe. On y retrouve avec un immense plaisir Paco ? qui, bien que nostalgique et désabusé, a laissé tomber la police ?, Irène ? devenue sa femme, toujours complice et combative ?, Khoupi, l?ami et ancien collègue, Arménien de Marseille, complètement déboussolé depuis son exil mouvementé aux Antilles et le départ d?Eva, son ex, un peu trop femme fatale, un peu trop Lolita? Ce roman noir polyphonique nous entraîne loin des clichés enchanteurs ? Sea, Sex and Sun ? et nous plonge bien au contraire au c?ur d?un climat conflictuel, d?angoisse et d?incertitude à la sauce antillaise? le paradis n?est peut-être plus ce qu?il était? Mais les hommes ? et les femmes ?, eux, si ! Malheureusement peut-être?
+ Lire la suite
autres livres classés : romans policiers et polarsVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (118) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2909 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}