La Révolution Wikipédia : Les encyclopédies vont-elles mourir ?

Les conséquences d'un processus aussi rapide sont limitées lorsqu'il s'agit de sujets aussi anodins que la biographie de l'auteur de cette préface : les étudiants de Science-Po ayant introduit ma qualité fantasmée de champion de France de jeu de paume, quelle ne fut pas ma surprise au cours de l'été 2007 de la retrouvée mentionné à la fin de ma notice biographique dans le très sérieux programme du festival de musique classique de Verbier où je prononçais une conférence...
Les répercutions sont évidemment tout autres lorsqu'on fait croire que Tony Blair est catholique alors qu'il est anglican, ou lorsque toute nouvelle star élue par les téléspectateurs est assuré d'avoir une biographie deux fois plus longue que celle de Jacques Delors.
Cela dit le pire vandalisme n'est pas celui que l'on croit. Ce qui peut arriver de plus accablant dans Wikipédia, ce n'est pas qu'elle diffuse un article intentionnellement truffé d'erreurs, c'est d'y publier un texte d'une rigueur absolue et de le voir se déliter tous les jours sous la plume d'experts autoproclamés qui ne s'autorisent que d'eux-mêmes.

Et ça passe pour une source ?
Il suffit de se reporter aux sujets que l'on croit bien connaitre pour en être édifier.
Par curiosité, j'ai consulté la notice consacrée au grand reporter.
Elle débutait, par ces mots : - Journaliste juif français... - Il est déjà assez étrange de présenter un tel homme par sa religion ; ça l'est plus encore lorsqu'on sait qu'il était en réalité tout ce qu'il y a de plus catholique, du coté paternel comme du coté maternel.
Voyons au bas de la notice quelle peut être la source d'un tel bobard.

Faut-il le rappeler ? Sur Wikipédia, n'importe qui peut écrire n'importe quoi, et manifestement on ne s'en prive pas.
C'est le terrain d'exercice idéal pour les professionnels de la manipulation de l'opinion, lesquels sont parfaitement étrangers au désintéressement qui anime les wikipédiens ordinaires.
Des procédures de contrôle existent, mais elles ne sont ni omniprésentes ni omniscientes. Parfois c'est à désespérer des contrôleurs.

Cette encyclopédie en ligne est aussi l'outil idéal pour la désinformation. Les groupes de pression de toutes obédiences, à commencer par les plus occultes et le plus clandestins- sectes, révisionnistes, négationnistes, l'ont bien compris.
Il en font bon usage d'autant plus subtil que l'Internet est encore pour une large part une zone de non-droit

La pensée unique règne sans partage parmi cette communauté d'internautes, comme j'ai déjà pus m'en rendre compte ces dernières années chaque fois que j'ai eu le malheur de consacré un article à Wikipédia sur mon blog - La République des livres - Les représailles furent immédiates, le déchainement sans surprise, mais non sans excès, la paranoïa y étant encore plus développée que d'ordinaire sur la Toile.