Ce surnom de Primitifs, en réalité, ne devrait-il pas être réservé aux seuls initiateurs les plus naïfs, les plus enfantins, de l'art de la peinture, renouvelé en Europe aux XIIIe et XIVe siècles? Il nous paraît assez irrévérencieux et fort injuste d'appliquer cette épithète à la plupart des maîtres du XVe siècle qui représentent, avec tant de savoir et d'éclat, soit l'adolescence dans toute sa vivacité et toute sa grâce, soit la virilité dans toute sa force et toute sa conscience, d'un art encore grandissant, mais déjà complet et presque mûr.
Quant à Cimabué, il a pris un essor plus hardi ; il a composé des fresques d'une grande dimension: aussi, après avoir déclaré que Cimabué n'est venu que depuis Guido de Sienne il faut avouer qu'il a plus mérité de son art que ce dernier. Après Cimabué, que Lanzi appelle le Michel-Ange de cet âge, à cause des fresques d'un beau style qu'on doit à son pinceau, Giotto peut être appelé le Raphaël de ce temps. Sous Giotto, la peinture acquit déjà tant de grâce, qu'aucun de ses élèves, jusqu'à Masaccio, ne put le surpasser : il fut architecte et sculpteur.