Quand tu es entré dans ma vie, je t'ai donné toute la place en sachant que tu n'en demandais pas tant, tout le monde sait que trop donner est une déviance, que c'est de l'incoordination, qu'en donnant trop on donne des choses dont personne ne veut, comme des vêtements en tricot ou des photos de soi enfant. Souvent on donne pour rappeler aux autres qu'ils n'ont pas de cœur.
Pendant un temps qui a duré trois ou quatre mois peut-être, on s'est aimés; de nos jours, le temps de l'amour raccourcit comme le reste.
[J]'ai eu droit au spectacle de ton existence si détachée de la mienne. En t'épiant j'ai pensé voilà comment vivent les gens, voilà ce qu'est la vie, et hors de tout doute, j'ai su que je devais mourir parce que je ne pourrais jamais vivre comme tu vivais, j'ai compris ce soir-là que toute ma vie mon corps s'était déplacé sans mon âme [...].
Je disais que si la reproduction avait dépendu du plaisir des femmes, les femmes n'auraient eu d'autre choix que d'élargie à l'infini leur cercle d'hommes qui auraient alors vécu en se traînant à leurs pieds, les hommes auraient fondé leurs institutions par le bas et se seraient punis entre eux de leur incompétence.
Je disais que, dans le branle-bas de combat pour contenter les femmes, les hommes n'auraient pas eu le temps de se faire la guerre, ils n'auraient pas cherché non plus à avoir plus d'une femme. Tu disais que dans ces conditions-là, le genre humain n'aurait pas survécu, tu disais que la face cachée du système reproducteur féminin aurait dérobé trop longtemps aux hommes les mécanismes de la reproduction et que le monde aurait pris fin dès le début.
Mon grand-père disait qu'entre les hommes et les femmes, un espace très grand avait été prévu par Dieu pour lui-même. et que cet espace s'était révélé au bout du compte si vaste que, une fois passé le siècle des Lumières, il avait renoncé à l'habiter, il ne s'y retrouvait plus. Mon grand-père disait qu'au bout du compte, Dieu avait réalisé le tour de force d'être dépassé par ses propres événements et que c'était pour cette raison qu'il avait ensuite donné aux hommes les moyens nucléaires de s'exterminer.
Pour toi, la dilapidation des putes s'effectuait à toutes les couches de leur personne, à quoi je répondais qu'en jetant leur argent par les fenêtres, c'est en fait des clients que les putes se débarrassaient.
Si on en veut aux gens qui se suicident, c'est parce qu'ils ont toujours le dernier mot.
Je suppose aussi que par esprit de vengeance, il fallait que tu me payes avec cet enfant ou je serais à jamais collée à toi, mon dieu que je déteste la force des hommes à ne pas être concernés, mon dieu que j'aimerais être un homme pour ne pas avoir à dire ces choses-là.
Quand les parents seront honnêtes, ils pourront dire à leurs enfants que dans les contes de fées on masque l'ennui de la vie en n'allant pas au-delà du constat de procréation.
Très tôt j’ai, compris que, dans la vie, il fallait être heureux ; depuis, je vis sous pression.