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3,73

sur 656 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je découvre l'auteure avec ce petit roman de 125 pages, qui m'a fait une forte impression. La plume est originale, délicate, différente et m'a enchantée.

Quand on a 17 ans, un séjour en maison de redressement, si court soit-il, est vécu comme une coupure, une incompréhension. Les barreaux aux fenêtres, les horaires, les cris, les promenades obligatoires dans la cour ne sont que sources de peur. Loup n'était pourtant porté que par l'espoir de revoir sa soeur, Paloma.

C'est l'histoire d'une petite fille si jolie, de son chant aussi beau que celui d'un rossignol, que tous les adultes l'enviaient. Cette petite, devenue mère à son tour.

Souffrance, incapacité de mettre des mots sur les maux.

Comment un si petit livre peut-il être autant chargé d'émotions ? C'est tout le talent de Nathacha Appanah que je vais très certainement continuer à découvrir.
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Il s'appelle Loup, il a 17 ans et il est différent. Nous faisons sa connaissance alors qu'il vient d'arriver à la maison d'arrêt et tel l'animal dont il porte le nom il va être mis en cage, parce que Loup n'a pas toujours les mots qu'il faut, qu'il suit son instinct, parce que ses angoisses le poussent à avoir peur d'un creux, à sortir courir jusqu'à l'épuisement pour les évacuer, parce qu'il a voulu trouver des réponses à ses questions, pour pouvoir continuer à vivre. Il est désormais l'écrou 16587.

Et pour comprendre pourquoi Loup en est arrivé là, Natacha Appanah va remonter le temps petit à petit, jusqu'à l'enfance de sa mère, Phénix, du temps où elle s'appelait Eliette, car finalement c'est peut-être là que se trouve la réponse ou les réponses pour comprendre comment l'adolescent se retrouve enfermé et ce que l'on pourrait prendre comme un acte de délinquance, n'est finalement que le résultat d'enfances gâchées.

Tout d'abord celle d' Eliette, avant de devenir Phenix, sa mère, une enfant si jolie qu'elle était devenue un objet de foire, admirée mais pas assez aimée, qui se rebella et construisit une vie faite de bric et de broc. Puis celle de Paloma, sa soeur aînée, qui claqua la porte à 17 ans pour ne plus jamais revenir et s'offrir la possibilité d'une vie différente de celle que sa mère leur imposait et puis celle de Loup qui ne dit rien mais souffre du manque d'attentions et de tendresse de sa mère, de l'absence de sa soeur, lui qui vit dans ses souvenirs, dans ses pensées, dans son monde où il associe les sons des mots : menotte, quenotte, culotte….

"« Ne vous inquiétiez pas, Phénix, il n'est pas malade (…) Elle s'était alors tournée vers Loup et son regard sur lui, lourd de reproches d'être ce qu'il était, bizarre, étrange, bête mais pas malade, de ce regard-là, comme guérir ? (p17)"

Ce n'est pas une histoire de maltraitance, c'est l'histoire d'une mère qui n'a pas voulu reproduire ce qu'elle même a vécu, qui n'a pas les codes, les gestes, les mots, elle qui a encore dans la bouche l'odeur râpeuse d'un abus qu'elle tente de chasser avec l'alcool, elle qui a tatoué sur sa peau tous les symboles qui peuvent la rendre plus forte, qui la protègent, qui a espéré en vain une marque de pure tendresse de la part de sa mère, elle qui a laissé parler sa colère quand elle a compris qu'elle ne viendrait jamais. On ne peut donner ce que l'on a pas appris à recevoir.

Natacha Appanah s'applique, dans une construction particulière mais très habile avec une écriture le plus souvent faite de courtes phrases, haletantes, rapides, précises, à exposer chacun des acteurs de la vie de Loup, jusqu'au médecin qui le mit au monde car tout dans la vie de Loup est inhabituel.

Avec méticulosité et concision, l'auteure a pris la peine d'observer, d'imaginer, d'écouter Loup, comme le fait le juge pour le comprendre, lui qui, une fois enfermé, va trouver une sorte de paix, de repos, d'assurance, dans ce lieu clos et lorsqu'il va enfin s'expliquer, ce sera une confession faite d'un jet, dans un souffle, parce qu'il a tant accumulé que cela déborde.

"Vous comprenez alors j'ai pris la voiture de maman sans rien dire en pleine nuit parce que je n'en pouvais plus de ne pas savoir et je suis venu ici parce que parfois il faut savoir pour pouvoir continuer à vivre (p123)"

Déjà dans Tropique de la violence, Natacha Appanah nous parlait d'enfance mais ici elle fait le lien entre les enfances, la filiation, les conséquences et s'attachant à Loup, ce garçon perdu dans un monde d'adultes, tel un animal égaré dans la forêt, sentant le danger et cherchant une issue. Lire Natacha Appanah c'est ouvrir des portes sur l'autre, sur les autres, ne pas s'arrêter aux apparences dans un style bien à elle, fin, précis et chargé en sentiments.
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Il était une fois un endroit ouvert sur la mer, le ciel et la terre.Dans cet endroit, chaque chose avait une histoire et chaque chose contenait une promesse." p.12


Ah qu'il est difficile d'"élever" ses enfants.
Combien d'oisillons étouffés dans l'oeuf ?
Combien d'autres trop tôt "tombés" du nid ?

Eliette trop couvée par ses parents et fugueuse refuse par réaction de cajoler sa progéniture, cela se finit en prison pour un de ses rejetons.


"Ca sent le chou, la sueur, le métal et les souffles rances, et si les sentiments avaient une odeur, ça sentirait la tristesse, la peur, le désarroi, la colère." p.96
Faut-il l'avouer, je renifle avant tout l'odeur incommodante du livre à concours à son titre racoleur.


Cependant...
"Parfois, on aimerait savoir, n'est-ce pas, la nature exacte des paroles : leur poids sur les âmes, leur action insidieuse sur les pensées,leur durée de vie, si elles sucrent ou rendent amers les coeurs." p.89


Alors...
je retiendrai celles-ci à la fois contraignantes et libératrices : "Qui dit que les choses sont écrites d'avance, qui dit que nous sommes des pantins et qui peut s'avoir comment la vie va se dérouler ?" p.51
Et mon ciel s'illumine.


https://www.youtube.com/watch?v=nuaNqlFdFSs
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Un livre court et éprouvant, comme souvent avec Nathacha Appanah. J'ai retrouvé sa plume délicate, sa maîtrise des non-dits, de l'ellipse, ses révélations par petites touches au gré de flash-backs, …, mais là, j'ai trouvé l'intention de l'auteur plus brouillonne, on ne sait pas sur quoi elle a voulu mettre l'accent, il faut l'avoir lu en entier pour comprendre que l'essentiel est le poids d'un traumatisme vécu par une enfant sur toute sa vie adulte, et du coup sur les relations avec ses propres enfants. Ce qu'à subit Eliette, même si le mot n'est pas prononcé, s'appelle une agression sexuelle, n'en déplaise à certains lecteurs qui semblent trouver les réactions de l'enfant disproportionnées. Mais personne n'a vraiment cherché à comprendre, bien que son changement de comportement ait été immédiat. Tout le reste en découle, jusqu'à l'arrestation de son fils Loup. le sujet est intéressant, mais c'est dommage qu'on ne le sente pas avec certitude d'entrée de jeu : dans Tropique de la violence, il est évident que c'est la violence qui est au centre de l'histoire, dans Rien ne t'appartient, tout est dit dans le titre, mais ici, rien : est-ce l'histoire de la famille qui est au centre, l'histoire de Loup et son arrestation, son enfermement en maison d'arrêt pour mineurs (qui pourtant n'occupe pas tant de pages que ça dans l'ensemble) ? En fait, vu le début du roman et le titre, j'ai l'impression que c'est les deux à la fois et du coup, ça fait beaucoup pour un livre si court et si dense. Mais quelle écriture, admirable jusque dans les moments de silence, et d'ailleurs le silence, entre Eliette et ses parents, entre Eliette et ses enfants, entre eux et le reste du monde, n'est-ce pas lui qui enracine les traumatismes ? Je sors de cette lecture un peu déçue et ce n'est pas le livre que je conseillerais pour découvrir cette auteure talentueuse.
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Une sensation d'étrangeté et de plaisir face à l'écriture de Nathacha Appanah. Une écriture qui m'a emportée de pages en pages. Il y de la poésie et du rythme, son écriture touche l'âme. Pour narrer un récit familial triste, elle trouve des mots, des sensations qui en disent suffisamment et pas trop. C'est l'histoire d'Eliette qui devient Phenix après l'incendie qu'elle déclenche et met fin à son enfance abîmée, son enfance-objet. Comment aimer être mère, comment savoir aimer? Paloma et Loup ses enfants sont les héritiers de l'histoire maternelle. Jeune adulte, Paloma s'affranchit d'un héritage lourd alors que loup est encore trop jeune pour partir et elle promet de revenir le chercher. Loup avant sa majorité tentera de la rejoindre en voiture dans cette cité de C., dans le nord (Caen??), ce qui le mènera en prison. Et nous, lecteurs sommes témoins de ces brisures, ces enfermements physiques et psychologiques mais aussi d'un amour filial et maternel qui résiste et semble renaitre avec les évènements.
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Le roman commence par un texte écrit par Loup, 17 ans, écrou 16587, maison d'arrêt.
Comment est-il arrivé là?
Puis le deuxième chapitre s'écrit comme un conte, assez noir quand même, et l'on comprend que Loup, auquel sa mère a donné un nom de bête sauvage, est finalement le plus doux des garçons, perdu depuis que Paloma, sa grande soeur, a quitté le domicile.
Dans cette famille rétrécie, les liens sont meurtris, les gestes contraints, la parole impossible.
Au fur et à mesure des pages, le passé se révèle: la mère ( Eliette, puis Phenix) a du s'extraire des liens parentaux pour se construire, et s'endurcir. Paloma a fui l'emprise familiale, et Loup est à la recherche d'une identité.
C'est un beau livre sur l'attachement familial, sur l'opportunité de renouer des liens, à travers un drame, à travers la souffrance.
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Plus que Tropique de la violence, qui a connu un succès mérité, c'est dans son roman précédent, En attendant demain, que se révélaient vraiment les qualités de Nathacha Appanah à travers les portraits de personnages blessés, joliment dessinés, et un style chatoyant. le ciel par-dessus le toit n'est pas franchement une déception mais pas loin, frustrant surtout par la minceur de son intrigue et sa brièveté. L'écriture, qui cherche un peu trop à se faire poétique, n'est pas exempte de scories avec des répétitions gênantes (l'abus des n'est-ce pas) dans une langue presque orale, adaptée à son sujet mais dont l'équilibre entre métaphores et réalisme n'est pas globalement satisfaisante. C'est un peu pinailler, peut-être, mais c'est parce que la romancière mauricienne est talentueuse et que l'on attend davantage d'elle que cette chronique du mal-être entre une jeune femme rebelle et deux enfants qu'elle n'a pas su aimer. le malheur est-il transmissible, d'ailleurs ? Cela peut arriver mais Nathacha Appanah est d'habitude plus attachée à l'aspect social de ses récits qui s'efface ici devant une histoire de famille. En effet, il n'y a qu'assez peu d'indications sur l'endroit où se déroule le roman. Cela pourrait être l'île Maurice ou bien Mayotte. Cela n'a pas plus d'importance que cela, sans doute, mais les livres de Nathacha Appanah avaient jusqu'alors une dimension qui allait au-delà de l'intimité de vies marquées par le manque d'amour. C'est moins le cas de le ciel par-dessus le toit qui mérite cependant d'être lu et qui prend place dans une oeuvre désormais bien étoffée et originale.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Je ne sais pas trop comment ce livre est arrivé dans ma PAL, ni depuis combien de temps il y était. Peu importe : aujourd'hui, il est lu, et c'est déjà ça.
Ce livre est court, sec, sans rien qui ne me fasse dire : « il aurait fallu…. il aurait été bon…. » Non. le roman est ainsi, et il est très bien ainsi.
Nous croisons trois solitudes : celle de Phénix et celles de ses deux enfants, Paloma et Loup. Oui, elle en a fait exprès de les appeler ainsi. Elle avait de l'espoir en leur donnant ces prénoms. Elle a choisi le sien, elle qui ne supportait pas celui que ses parents lui avaient donné, prénom qu'ils avaient hésité, au dernier moment d'ailleurs, à lui donner, avant de se dire que non, décidément, ils ont gardé celui qu'ils avaient choisi, ils ont regretté que leur petite fille chérie ne soit plus leur petite fille chérie. J'ai beaucoup aimé les pages dans lesquelles le père essaie de se remémorer le passé, essaie de voir ce qu'il n'a pas vu, au moment où il l'avait vécu. Il ne se rend pas compte que la seule personne à laquelle il n'a pas fait attention, finalement, c'était sa propre fille unique. Et si je n'écris pas ce fameux prénom, c'est pour respecter la volonté de Phénix, pour rappeler aussi que si quelqu'un change de prénom, quelle que soit cette raison, il est bon de respecter ce choix, et non de lui seriner qu'on ne peut changer le prénom que ses parents lui ont donné. J'en pose, des questions ?
Phénix, ce jour, ce n'est pas ses parents qu'elle doit contacter, mais sa fille, Paloma. Elles ne se sont pas vus, pas parler depuis dix ans. Ce qui la pousse à renouer avec sa fille ? Son fils, Loup. Il a fait une énorme bêtise, il a voulu revoir sa soeur qui lui manquait trop et il a pris la voiture de sa mère. Sans permis. Arrêté, emprisonné, il ne veut pas voir sa mère, il réclame sa soeur.
Par portrait brossé franchement, le récit nous montre comment on en est arrivé là. J'ai presque l'impression de spoiler un peu en disant que le problème n'est pas que Phénix n'a pas aimé ses enfants, le problème est que sa façon de les aimer n'était pas comprise par eux, parce qu'elle ne pouvait les aimer de manière traditionnelle. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, elle n'était pas maltraitante, elle était différente, elle a voulu les élever comme elle-même ne l'avait pas été, faire tout le contraire de ce que ses parents avaient fait, pour qu'ils n'aient pas à souffrir comme elle. Vaste sujet. Oui. Surtout quand on ne dit pas, parce que Phénix semble incapable de dire réellement ce qu'elle sent et ressent. Conséquence ? Sa fille semble presque effacée, telle un oiseau sur une branche, ou « une stagiaire de sa propre vie » comme elle le dit.
Oeuvre forte, moments de vie souffrante, le ciel par-dessus les toits est une oeuvre que j'ai aimé découvrir.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Cela commence doucement avec de la poésie mais on comprend que la situation est difficile et que les relations entre les trois personnages principaux sont complexes.
On prend connaissance de l'enfance d'Eliette et on souffre avec elle, on a envie d'exploser. Quand Phénix apparait, on est inquiet pour elle, pour ses enfants plus tard. Elle fait de son mieux avec eux mais cela leur convient-il ?
On avance dans la noirceur ordinaire des vies cabossées avec peut-être un peu d'espoir au bout de la route.
L'écriture de Nathacha Appanah est très pure, pas un mot de trop et c'est un enchantement.
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A la fin de ma lecture de ce roman, au très beau titre, je repense à cette citation de Diane Setterfield, lue il y a quelque temps : "La famille est une toile d'araignée. Impossible d'en toucher une partie sans faire vibrer la totalité. D'en comprendre un fragment sans avoir une idée de l'ensemble".
Ce roman, qui débute comme un conte, fait pour moi écho à cette citation. Natacha Appanah écrit l'histoire d'une famille : la mère Eliette devenue Phénix, sa fille Paloma et son fils Loup, dont chacun semble s'être "perdu dans la vie". A la fois loin les uns des autres, mais en même temps profondément liés. L'événement qui survient ce lundi matin va faire vibrer chacun des membres de cette famille. L'auteur remonte alors le temps, nous donnant ainsi une vision d'ensemble afin de mieux comprendre les directions prises par ces trois personnes.
Pour les faire vivre chacun, l'auteur nous les conte avec un style qui varie, bien que l'ensemble reste toujours très poétique.
Une belle lecture qui me fait découvrir Natacha Appanah.
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