Ouvrage qui m'a profondément dérouté (puis « re-routé).
J'avoue avoir ouvert le bouquin tout à fait par hasard, sans même avoir lu la 4ème de couverture et sans n'avoir jamais lu un texte de
Jean Anglade.
Aux premiers mots, nous voici plongés dans la première guerre mondiale ; bon, pourquoi pas. le sujet est passionnant et dans « l'air du temps » (j'aime bien cette expression parfumée).
Mais rapidement la grande boucherie est abordée sur un ton enjoué presque désuet qui commence à m'énerver puis à m'agresser avec l'envie de fermer le livre et de l'oublier sinon définitivement en tout cas de le réserver pour un autre moment de ma vie.
Et puis comme je suis radin, je me dis : « je l'ai payé, je vais au bout » (pas mal comme argument, non ?) Grand bien m'a fait !
Ce qui n'était que galvaudage à mes yeux était, en fait, la reproduction d'articles journalistiques de l'époque, à replacer dans leur contexte, ou des courriers échangés par les soldats et leurs familles.
Des textes n'ayant pas le recul historique, soumis à censure et manipulations écrit dans un esprit peu éduqué et revanchard de début de XX° siècle.
Ainsi donc mon regard a changé, petit à petit, au fur et à mesure que mon esprit comprenait que je n'étais pas en train de lire un traité de guerre mais la belle histoire d'un jeune instituteur-apiculteur fauché à la force de l'âge par la grande guerre et qui deviendrait …
notre soldat inconnu .
Jean Anglade nous plonge dans ce qu'était la vie d'un écolier, d'un normalien, d'un jeune instituteur, d'un bidasse puis d'un combattant en ce tout début de siècle. le texte fourmille d'anecdotes croustillantes sur la vie de tout à chacun qui, petit à petit, nous dressent un portrait d'une époque qu'on se prêterait presque à regretter si nous oubliions l'horreur qui l'accompagna.
Mais l'ouvrage est tout de même très curieux, on saute de l'histoire à la géographie en passant par la sociologie ; du XVIII° au XX° siècle, de l'Auvergne aux Ardennes, bref du coq à l'âne, sans jamais crier gare et sans que le lien ne soit du tout évident. Une sorte de grand foutoir; ce qui déroute vraiment le lecteur et constitue finalement mon seul bémol.
Texte tardif d'un ancien instituteur plein d'anecdotes très instructives, vous savez celles qui marquent bien les esprits d'enfants tout en les formant. J'avoue, à sa lecture, avoir eu de grand moments de nostalgie en souvenir de mon instituteur, monsieur Vautrin, qui fut mon maître dans les années 60.
Finalement un texte à l'éloge du corps enseignant des instituteurs
à prendre sans rien en attendre et à laisser agir.