Tout en buvant une gorgée du mélange coloré et alcoolisé, j’observe la scène autour de moi. Me retrouver dans un bar n’est pas quelque chose d’habituel pour moi. J’ai horreur de sortir en soirée, et d’autant plus dans ce genre d’endroits, souvent remplis de mecs alcoolisés qui, totalement désinhibés, se croient tout permis et se montrent un peu trop entreprenants à mon goût. À la rigueur, dans un restaurant, ça reste correct, mais ce que je préfère par-dessus tout, pour nos soirées filles, c’est qu’on se retrouve chez moi, tout simplement. Au moins, on est tranquilles, personne ne vient nous déranger. Je suis plutôt casanière, alors que mes copines, pas du tout. Aussi,
pour que tout le monde y trouve son compte, on choisit le lieu de notre rendez-vous mensuel chacune à notre tour. On ne se voit pas seulement à cette occasion, loin de là, mais ces messieurs ne nous « autorisent » à nous retrouver entre filles qu’une fois par mois. Le reste du temps, on doit accepter de supporter les maris, les copains, et les enfants de l’une ou l’autre. Alors vous pensez bien que ce rendez-vous mensuel, ce seul petit instant de liberté, il compte plus que tout à nos yeux, on ne le raterait pour rien au monde ! C’est pour ça que, même si je n’aime pas aller dans des endroits bondés, je fais l’effort, parce que voir mes amies, ce sera sans doute le seul petit rayon de soleil de la journée, voire de la semaine, voire du mois…
Il suffit d’un instant. Un regard. Une rencontre. Pour bouleverser une existence. La bonne personne, le bon moment. Le caprice complice du hasard.
Guillaume Musso.