Premier roman pour ma part de l'autrice française
Maiwenn Alix et ce que l'on peut déjà avancer, c'est que ce livre est un petit bijou graphique ! Une première de couverture qui jure entre le marbre blanc, le doré et le bleu, trois jeunes femmes blondes en costume d'époque et un titre ensanglanté… Voilà déjà qui interpelle ! Mais surtout, la crème de la crème se situe sur la tranche de ce livre qui reprend les codes couleurs énoncés plus haut, sublime. Rien qu'à l'observer, on ne désire qu'une chose, le toucher, le feuilleter et l'exposer chez soi, côté tranche visible bien sûr !
Ce roman young adult narre une uchronie : on y suit l'histoire d'une jeune fille, Gabrielle Lacroix, vivant à notre époque sous le règne de Louis XXI, la révolution de 1789 n'ayant pas aboutit à l'abolition de la royauté. Cette jeune fille, anti-royaliste et au service du réseau républicain, espère secrètement venger son beau-père d'adoption. En effet, à la tête de la plus grosse entreprise d'armement française, influent, riche et démocrate, la Couronne craignait que celui-ci ne devienne une figure réformatrice trop populaire et sous un faux prétexte, le fait emprisonner tout en saisissant l'intégralité de ses biens.
Lorsque Gabrielle apprend qu'elle fera partie de la prochaine émission de téléréalité,
Noblesse Oblige, elle y voit enfin un moyen de venger son beau-père déchu et la vie qu'elle n'a pas pu mener. En effet, ce programme offre la possibilité à de jeunes demoiselles du royaume de convoler en justes noces avec des gentilhommes, ce qui lui permettrait de se rapprocher du pouvoir et de servir d'agent pour le réseau républicain.
Même si l'histoire connaît de bons rebondissements et que la lecture prenante, j'ai eu du mal avec certains points de ma lecture.
Une fois entrée au Château de Versailles, tout le livre ne tourne qu'autour de Gabrielle (point de vue interne) et laisse peu la place aux autres candidates du programme, ne lui permettant pas de tisser des liens forts avec d'autres candidates (Agnès et Solange) ou encore de créer une véritable rivalité avec un adversaire de taille. de même, toute la partie sur les cours (leçons d'étiquette, de politique intérieure et internationale ainsi que de surintendance du foyer) que reçoivent les candidates en arrivant au Château de Versailles sont passées sous silence, ce qui crée aussi pour le lecteur ce manque d'attachement pour les autres personnages.
Finalement, le “méchant” cache bien son jeu, ce qui nous surprend ! Ceci étant, j'ai été très surprise de la tournure des événements car je ne pensais pas ouvrir un livre sadomasochiste. D'ailleurs, j'ai été choqué (le mot est faible) par le contenu du livre de ce point de vue, n'ayant pas vu la note de l'éditeur à ce sujet. Je ne m'étais pas préparée à lire les scènes de torture que le Dauphin inflige aux femmes . Selon moi, la note d'avertissement n'était vraiment pas bien située, elle aurait dû au moins figurer en 4ème de couverture. Plus d'un lecteur a dû être surpris, tout en sachant que le livre est en tête de gondole dans les rayons adolescents de certaines librairies, il faut vraiment souligner que le public visé doit être un public averti.
Cette tournure malsaine que prend le livre m'a déplu, je trouvais que ça ne collait pas avec l'histoire et son déroulement, cela en a fait l'intrigue principale, à laquelle on s'accroche et a relégué la quête de l'héroïne en seconde partie. D'ailleurs, quel dommage de ne pas avoir créé plus de suspens et de tension autour du double jeu de Gabrielle, elle n'a jamais été sur le point d'être compromise par la monarchie pour son appartenance du réseau républicain (sauf une fois avec le Dauphin au moment du dîner et encore ce n'était pas bien haletant).Cependant, en tant que lecteur, nous sommes furieux contre le réseau républicain qui laisse Gabrielle à son triste sort . Mais ce fil a bien été exploité me semble-t-il puisque l'on découvre que le réseau projetait, après avoir laissée seule Gabrielle en enfer, d'en faire une martyre pour récolter tous les lauriers.
L'histoire “d'amour” avec Antoine, son garde suisse ne me paraît pas crédible. A mon sens, on sent que les personnages avaient besoin chacun d'une épaule après les terribles découvertes qu'ils effectueront tous les deux mais leur relation aurait gagné à être approfondie ou alors à rester purement amicale. Par ailleurs, je n'imagine pas la douleur pour
Antoine De découvrir que
sa fiancée n'est autre qu'une des filles qui a servi de jouet au Dauphin et qui est malheureusement décédée sous ses coups, le pire étant qu'Antoine ne peut même pas chercher à punir le coupable puisqu'il s'agit du Dauphin en personne.
Je souhaitais voir si ce roman était mieux que “La Sélection” de Kiera Cass mais finalement, je trouve que l'histoire est beaucoup moins prenante (encore une fois, tout tourne à l'action et les relations entre les personnages ne sont pas suffisamment développées, ce qui nous prend sûrement moins aux tripes).
Une lecture divertissante et plaisante mais pas mémorable pour ma part. Si je devais conseiller un lecteur sur quel roman choisir entre “La Sélection” et “
Noblesse Oblige”, mon choix se porterait sans hésitation sur “La Sélection”.