Uncanny Avengers, tome 6

Ce tome fait suite à Axis qu'il vaut mieux avoir lu avant pour les révélations qu'il contient sur 2 personnages, et le retournement d'un autre. Il contient les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2015, écrits par Rick Remender, dessinés, encrés et mis en couleurs par Daniel Acuña. Il s'agit de la deuxième série des Uncanny Avengers écrite par Rick Remender. Elle n'a compté que 5 épisodes, ayant dû s'interrompre pour cause de crossover généralisé : Secret Wars de Jonathan Hickman et Esad Ribic.

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- ATTENTION – Ce commentaire révèle quelques moments clés d'Axis.
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Sur la Contre-Terre, Wanda et Pietro Maximoff sont à la recherche de réponses quant à leur véritable ascendance. Ils interrogent plusieurs néo-humains, avant d'être neutralisés par une silhouette restant dans l'ombre. Sur Terre, l'équipe des Uncanny Avengers se met à leur recherche, trouvant qu'ils n'ont pas donné de nouvelles depuis longtemps

L'équipe se compose de Vision, Rogue (Anna Maria), Captain America (Sam Wilson), Brother Voodoo (Jericho Drumm, voir Doctor Voodoo: Avenger of the supernatural de Rick Remender, en VO) et Sabretooth (Victor Creed). Ils trouvent rapidement des indices leur permettant de déduire que Scarlet Witch et Quicksilver sont sur Contre-Terre, mais le voyage ne se passe pas comme prévu.

Quand le lecteur aborde ce tome, il ne part pas confiant. Il sait qu'il s'agit du dernier de la série écrit par Rick Remender qui est parti s'occuper de ses séries chez Image par la suite : Black Science, Low, et Deadly Class. Il sait également que l'équipe suivante (Gerry Dugan & Ryan Stegman) reprenant la série après Secret Wars l'oriente dans une direction différente, avec une composition différente de l'équipe. Bref, il se doute qu'il y a de gros risques pour que le scénariste fasse du remplissage en attendant la quille.

Sans surprise, il constate que l'intrigue repose sur le mystère relatif à la véritable origine de Scarlet Witch et Quicksilver, ce qui n'est pas fait pour le rassurer. D'un côté, il est agréable de voir que Remender n'abandonne pas cette révélation aussi vite qu'il l'a effectuée ; de l'autre il est peu probable qu'une modification de telle ampleur perdure dans le temps. Qui plus est, cette modification de taille s'inscrit dans une veine de rétrocontinuité plus spectaculaire que nécessaire, pas forcément compatible avec l'historique des personnages (est-ce bien sûr que les sondages de Cerebro n'auraient pas détecté une telle énormité ?). Malgré tout, il est difficile de retirer aussi sèchement la confiance mise en Rick Remender qui a prouvé à de maintes reprises ses compétences de scénariste original.

Effectivement, l'histoire démarre de manière mécanique, avec une nouvelle équipe à la composition plutôt étrange avec ce Captain America au costume surchargé, avec Sabretooth parce qu'il fallait évoquer ce qui lui est arrivé dans Axis, avec Brother Voodoo parce que c'est un personnage que Remender aime bien. Ça continue avec les Avengers qui arrivent en ordre dispersé sur la Contre-Terre, plus pour les besoins de l'intrigue que pour une raison valable. L'inventivité de Remender est au rendez-vous, mais l'intrigue peine à décoller. le scénariste a bien fait un effort pour imaginer des motivations au High Evolutionnary, mais il est vraisemblable qu'elles contredisent des années de continuité d'un personnage, certes obscur. Il a ramené des personnages hauts en couleur mais ça ne suffit pas à faire décoller le récit.

Puis, petit à petit, le lecteur constate que Rick Remender réussit à le surprendre. Il y a les réflexions de Sabretooth qui font émerger sa nouvelle personnalité, comme un Wolverine qui n'aurait jamais cessé d'être dangereux. Il y a la différence d'attente sur les révélations potentielles, entre Wanda et Pietro qui met en lumière la différence entre leurs personnalités. Il y a le personnage du Low Evolutionnary dont le nom sonne comme une raillerie moqueuse (ce qu'il est) dont la position ramène le récit sur le thème central de nombreuses histoires de Remender : les liens familiaux. Ayant fini par vaincre l'inertie de la phase de démarrage, le scénariste retrouve une partie de sa capacité à parler de la famille au travers d'un récit de superhéros, en particulier de l'attente des pères vis-à-vis de leur progéniture, et de la volonté ou de la capacité à se conformer à ces attentes de la part des filles et des fils.

Pour ces 5 épisodes, le lecteur retrouve le mode de dessin très particulier de Daniel Acuña. Cet artiste réalise ses planches à l'infographie. Il s'en servait jusqu'alors pour s'affranchir pour partie des lignes encrées servant à détourer les formes. Dans ce tome, le lecteur constate qu'il abandonné cette technique, pour revenir à des personnages et des objets détourés par une ligne noire, d'une manière traditionnelle. Il constate également qu'au fil des pages, Acuña s'affranchit de plus en plus de représenter les arrière-plans.

La première scène comprend 6 pages très abouties avec un travail remarquable sur les couleurs, et sur les formes. Les différentes nuances mettent en valeur la localisation dans une ville de nuit, des endroits éclairés par des néons de couleurs variées. La séquence suivante réussit à faire tenir tous les personnages (l'équipe des Uncanny Avengers) dans les cases, tout en maintenant une narration claire, malgré la densité d'informations à faire passer. Les décors sont représentés, à la fois détaillés et exotiques.

Dans le deuxième épisode, le lecteur peut apprécier les capacités de Daniel Acuña pour concevoir une mise en scène vivante même lors des scènes d'exposition, quand les personnages discutent entre eux pour apporter des informations. À nouveau le travail sur les couleurs habille une étonnante scène lors de laquelle Jericho Drumm s'entretient avec des esprits, à la fois surnaturelle et éthérée. Dans le troisième épisode, les décors commencent à devenir le parent pauvre des images, mais Acuña conserve l'attention du lecteur par sa mise en scène logique et bien rythmée opposant Wanda et Pietro Maximoff à une ennemie.

Dans l'épisode 4, le brouillard se fait plus dense pour masquer l'absence chronique d'arrière-plans, et les expressions du visage de Sabretooth peinent à convaincre le lecteur. L'artiste les dépeint avec une pointe d'exagération qui donne au personnage un air un peu ahuri, pas très en phase avec son caractère énervé et caractériel, essayant de garder son contrôle. Dans l'épisode 5, le lecteur perd espoir de revoir une description de l'environnement dans lequel évoluent les personnages. Les affrontements restent intéressants sur le plan graphique. Il est visible que l'artiste prend beaucoup plus de plaisir à dessiner le visage de Wanda, à la fois plus joli, et à la fois doté d'expressions plus justes et plus nuancés.

Ce tome comprend également l'ensemble des couvertures alternatives réalisées pour ces 5 épisodes. Comme d'habitude, celle de Skottie Young est drôle et mignonne avec des versions enfants des personnages. Il y en a une assez étrange de Phil Noto dans laquelle Steve Rogers est en train d'effacer le A qu'il a sur le front. Les autres servent à mettre en valeur les personnages ; elles sont réalisées par Daniel Acuña, Gabrielle Dell'Otto, Simone Bianchi, Amanda Conner, Mike Deodato et Todd Nauck.

Pour ce dernier tome des Uncanny Avengers écrit par Rick Remender, le lecteur sait par avance qu'il ne doit pas s'attendre à monts et merveilles d'une histoire calibrée pour servir de bouche-trou entre Axis et Secret Wars 2015. le début montre que le scénariste s'acquitte de sa mission de donner une suite au mystère des origines de Wanda et Pietro Maximoff, rétrocontinuité artificielle à la pérennité douteuse. Daniel Acuña commence bien le tome avec des dessins à la colorisation sophistiquée, mais déjà un peu en deçà de ce qu'il avait dans les épisodes précédents. Au fur et à mesure des épisodes, il s'économise de plus en plus, même si son séquençage et sa mise en scène restent de bonne qualité. À l'inverse, au fur et à mesure que Remender progresse dans les séquences d'exposition, l'intrigue gagne en densité pour revenir sur le terrain de la famille et des relations entre 2 générations, exposées de manière intelligente et sensible.