Entre 2014 et 2022, la longueur des murs frontaliers dans l’espace Schengen est ainsi passée de quelques centaines de kilomètres à plus de 2000 kilomètres, rappelle le journaliste français Émilien Bernard, qui documente depuis une douzaine d’années les effets des politiques migratoires de l’Europe. Il en fait un état des lieux dans un livre percutant : Forteresse Europe. Enquête sur l’envers de nos frontières
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La forteresse ici est avant tout message. Barbelés, capteurs thermiques, drones de Frontex et canons soniques ont de terribles effets sur les humains, mais ils existent d’abord parce qu’ils sont porteurs d’une vision du monde que les politiques européennes ont désormais entérinée. Il s’agit de se barricader et de le proclamer par la hauteur des murs. Et tant pis si ces barrières finissent toujours par dévoiler des brèches et fissures où s’engouffrent les personnes en exil. C’est pour répondre à cette faillibilité des murs qu’a été engagée au niveau européen une politique dite «externalisation du contrôle des frontières ». Prosaïquement : une sous-traitance rémunérée de la prise en charge des populations indésirables par des pays souvent peu scrupuleux en matière de droits de l’homme.