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EAN : 9782415008208
192 pages
Odile Jacob (29/05/2024)
2.83/5   3 notes
Résumé :
La colonisation de l’espace : hier pure science-fiction, elle est aujourd’hui présentée comme un avenir possible, peut-être indispensable, pour l’humanité. Les entrepreneurs les plus célèbres du xxie siècle travaillent sur les technologies qui pourraient envoyer des missions habitées vers Mars et ailleurs, pour y installer d’immenses colonies humaines.
L’humanité a longtemps rêvé de voyages interstellaires : l’histoire de la conquête de l’espace commence dans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
[Critique publiée dans le cadre du programme Masse Critique]

En résumé :
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Positionnement curieux pour ce livre, qui me fait dire que l'essai est globalement décevant et inégal, avec un sentiment mitigé, un gâchis, malgré un beau potentiel : le titre annonce qu'on va s'intéresser à la colonisation de l'espace, avec une image très concrète de l'ISS mais la 4e de couverture oriente plutôt vers une interrogation « éthique » de celle-ci. Dans les faits, l'essai consacre 2/3 de ses pages à l'éthique (et à l'histoire de la pensée de la conquête spatiale), et 1/3 aux questions concrètes de faisabilité (techniques, biologiques, etc.).
Et cette fameuse éthique a peiné à me convaincre, tant on oscille entre questions superficiellement traitées, traitement mi-philosophique mi-politique, arguments avancés sans solidité forte et une pointe de verbiage plutôt égoïste de l'auteur, qui s'écoute parfois parler, au détriment de l'intérêt du propos. Il ne traite jamais en profondeur ce qu'il avance ou ce qu'il interroge, ce qui fruste énormément, et ce, pour toutes les parties alors que je m'attendais à un contenu dense, pour les 160 pages de l'essai.
C'est d'autant plus dommage que tout n'est pas à jeter : toute la partie historique (ch1) est intéressante, la partie moderne (ch 3 avec Musk, Bezos) est plutôt bien décrite bien que très brève et la partie 4 fait enfin décoller la lecture, avec de vraies thématiques très intéressantes : terraformation, reproduction, motivation au fil des générations, gouvernance, nb minimal de voyageurs pour assurer une diversité génétique, etc.
Tout ceci cumulé avec certaines lacunes supplémentaires (décrites en détails ci-dessous) me conduisent à attribuer une note sanction de 3/5 (éventuellement 3,5)

Forces du livre / Ce qui fonctionne :
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- Dresse les bonnes questions « éthiques et morales » sur l'angle de l'intérêt du « grand voyage », avec un discours de remise en question, de lucidité : faut-il quitter la Terre pour la sauver ? pour explorer plus loin ? n'est-pas une fuite face à un échec ? n'idéalise-t-on pas cet espace (sans problème, sans souci, etc.) ? Que va-t-on (pouvoir encore) désirer après avoir accompli cette grande étape ?
- L'auteur semble savoir de quoi il parle et a produit un travail (sourcé) de recherche, de comparaison et de synthèse, à travers l'histoire. Je ne suis pas assez expert pour juger de la qualité, mais en tant que débutant, rien ne m'a choqué
- La partie 4 adresse la plupart des grandes questions « concrètes » à résoudre pour coloniser l'espace (mais très rapidement) : responsabilité humaine à sortir de la Terre, gestion de la motivation, des naissances, du déplacement et du temps écoulé, des rayons cosmiques jusqu'au transhumanisme

Reproches majeurs, ce qui fonctionne moins bien
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- Enjeux « moraux » et « éthiques » traités superficiellement, sans réelle réflexion selon moi (on est plus dans un format « question ouverte et réponse immédiate, voire jugement personnel de l'auteur »), avec un énorme prisme sur les parallèles entre la colonisation humaine (aux USA principalement) et celles de l'espace.
- Fréquentes contradictions ou absence de contre-arguments volontairement exposés, comme par « posture », par ex. p.117 entre la critique du colonialisme « brutal » et le fait de reconnaître que le principe même de la (sur)vie, pour toutes ses formes (animales ou végétales) est de s'adapter à son milieu ou l'adapter – nulle morale là-dedans. Ou encore p. 80 (la « nouvelle » Frontière est de l'expropriation… alors que par définition, l'espace est majoritairement vide et inoccupé), p.156, 165 (faux dilemme)
- Point de vue et avis personnels de l'auteur trop présents, avec des avis et jugements fréquents, soient déplacés, soit peu étayés (ex : 171, semble dire que toute vie dans l'espace supprimera le désir, qu'on sera dans des ténèbres). Idem p. 154, 164 (terme « horreur » exprimé par l'auteur), p.168
- Des thématiques carrément « philosophiques (ex : espace comme fuite de notre condition p. 175, nouveau départ, etc.) mais non exploitées à la hauteur de leurs enjeux.
- Des commentaires « interprétatifs » voire déformants, qui trahissent le prisme de l'auteur : il fait dire aux auteurs, qu'il cite la plupart du temps, ce qu'ils ne disent pas (ex : p.99, il fait dire à un certain Fuller que la volonté de comprendre le fonctionnement de la Terre pour la sauver est une volonté totalitaire, technocrate, etc.
- Un auteur qui préfère digresser sur ses thèmes de prédilection plutôt que de creuser ce qu'il vient tout juste d'avancer et qui semble intéressant. Les exemples sont multiples dans le livre (p.70-72, 76-78, 80-81, 83, 120) mais je retiendrai la p. 89, où après avoir critiqué pendant de longues pages le caractère forcément violent de la conquête spatiale, il évoque une première, au travers d'une conférence qui a été menée sur la conquête pacifique… sans développer, pour passer à autre chose.
- Ancien prêtre pendant 25 ans (ce qui n'est dit nulle part) et expert de la Bible et de la Genèse, on détecte ce prisme dans sa tendance à multiplier les analogies (ex. p. 170) avec un éléments religieux (qui arrivait comme un cheveu pour la soupe pour moi) ou à carrément ignorer LA plus intéressante des questions : quid d'une rencontre et d'une cohabitation avec des extra-terrestres sur le chemin de cette colonisation de l'espace ?

Reproches mineurs
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- Plan non annoncé*, qu'il faut deviner et enchainement des parties pas forcément très clair (par ex, on revient à une partie éthique après avoir adressé les problématiques concrètes)
(*sauf une esquisse sur la partie « éthique » : « sur quelles valeurs pouvons-nous fonder l'entreprise de coloniser l'espace : récits et mythes, idéologie, philosophie »)
- (partie 1) Certains paragraphes auront bénéficié d'illustration, pour mieux se représenter les différentes structures des vaisseaux par ex (sphères et vaisseaux de Bernal)
- Passe beaucoup de temps à définir les termes des problématiques dans les premières pages pour finir par ne pas s'en servir (ex : il tente de différencier la zone géographique à distance de la Terre qui caractérise l'espace mais ne s'en sert plus ensuite : or, entre coloniser Mars ou coloniser à 10 parsecs de distance, ce ne sont pas les mêmes enjeux (d'autonomie/survie, de communication, etc.)
- Mentionne l'importance d'analyser une question éthique/morale/philosophique avec méthode (objectifs, moyens, résultats, points positifs/négatifs, etc.) mais n'a jamais appliqué à son propre essai cette grille…
- Sur un sujet aussi fort, on aurait aimé « rêver » un peu plus (à la Carl Sagan ou Hubert Reeves), l'essai se montre un peu froid et presque « pessimiste », l'auteur semble finalement dire que la colonisation est vaine...

Structuration des parties :
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- Partie 1 : Introduction puis historique des idées de voyage dans l'espace et de colonisation
- Partie 2 : « éthique » du voyage dans l'espace
- Partie 3 : parcours en revue des problématiques à adresser
- Partie 4 : nouvelle partie éthique (Dieu, etc.) et conclusion
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Table des matières :

Introduction
Chapitre 1 : Une brève histoire des stations spatiales - du rêve à la réalité
Chapitre 2 : « Mythologie »
Chapitre 3 : Retour vers le futur
Chapitre 4 : La vie d'un citadin de l'espace
Chapitre 5 : L'odyssée de l'espèce
Conclusion : L'ultime utopie
Notes bibliographiques
Bibliographie
Mon avis : Je n'aime pas les essais. Et si j'avais eu conscience que ce livre en était un, je me serais abstenu de me lancer dans sa lecture. J'avoue avoir été tenté par le tire et l'illustration de couverture.

En effet, comme tous les essais que j'ai pu lire, il survole le sujet pour apporter un minimum de culture sur le sujet à ceux qui ne s'y sont pas encore intéressés.

J'y ai appris quand même quelques petites choses. Par exemple, que Kepler a écrit une fiction — publiée à tire posthume par son fils — dans laquelle il imagine une colonisation de la Lune. Ce livre étant dispo en français, je vais tâcher de me le procurer. C'est avec plaisir que j'y ai lu les noms d'Albert Robida ou E. E. Hale [1]. Mais je découvre aussi le roman Sur deux planètes de l'Allemand Kurd K. Lasswitz, publié en 1897. C'est aussi l'occasion de découvrir les références des ouvrages de Tsiolkovsky, Oberth ou Goddard. Bref, de nouvelles lectures à venir.

Malheureusement, je trouve que ça se gâte avec les deux derniers chapitres. L'auteur y distille quelques informations sur les raisons politiques, philosophiques, sociales ou sociétales qui peuvent jouer en faveur ou défaveur d'une colonisation de l'espace. Et pourquoi ces trop nombreuses pages, à mon goût, sur le transhumanisme ? Ce courant de pensée aura peut-être sa place — ou pas — dans la colonisation de l'espace., mais les idées exprimées ne donnent pas vraiment d'argumentaire sur le sujet.

En bref : Cette lecture me laisse dubitatif. Il y a des choses intéressantes. Cela m'a permis de faire le point sur le sujet. Mais apportera-t-il vraiment quelque chose à quelqu'un qui n'y connait rien et qui veut apprendre quelque chose sur l'avenir de la colonisation de l'espace ? Rien n'est moins certain.
Lien : https://sciences.gloubik.inf..
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Je suis assez mitigée par cette lecture. Je ne m'attendais pas à ce point que se soit aussi philosophique que ça mais qu'on parlerait aussi de la faisabilité de la chose. En plus, ça ne m'a pas apporté même philosophiquement plus de réponses. C'est dommage ça aurait pu être très intéressant. Maintenant, il y a eu quelques points positifs, comme le nombre de générations il faudrait pour rejoindre notre plus proche étoile, mais pas assez développés à mon goût.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les rêves que nous caressons, entretenons et projetons dans l'espace, aux allures de station, d'île, de colonie et de planète transformée, ne restent-ils pas des imitations de nos environnements et de nos sociétés terrestres, capables d'assurer notre survie malgré l'hostilité des milieux [...] ?
p. 154
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[Günther Anders] s'alarme du décalage croissant entre les capacités humaines à fabriquer et celles à imaginer : nous serions en train de créer un monde que nous serions incapables de nous représenter.

p. 91
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Videos de Jacques Arnould (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Arnould
Ingénieur agronome, docteur en histoire des sciences et docteur en théologie, Jacques Arnould s'intéresse aux relations entre sciences, cultures et religions, avec un intérêt particulier pour deux thèmes : celui du vivant et de son évolution et celui de l'espace et de sa conquête. Il a consacré plusieurs ouvrages et articles d'histoire ou de théologie au domaine du vivant. Suite à la poussée de fièvre créationniste en France, à partir de janvier 2007, il a été sollicité par différents milieux, scientifiques, pédagogiques ou religieux, pour informer les publics de l'existence des courants créationnistes, de leur histoire, des questions qu'ils posent à nos sociétés. L'année 2009, consacrée à Darwin, a montré comment les idées de ce savant et de ses successeurs continuent à interroger nos contemporains et les invitent à des interrogations plus philosophiques. Il est également expert éthique au Centre national d'études spatiales (CNES), un poste encore un peu unique dans le monde de l'astronautique. Pourtant, cela rejoint une vraie attente de la part du public, mais aussi des acteurs et des dirigeants, leurs motivations ne pouvant en effet plus être les mêmes qu'il y a quarante ou cinquante ans.
Conférence : Construisons-nous notre propre cachot ? 30 juin 2022, 16h - 16h45 — Amphi 34A
Paul Virilio était maître-verrier, mais il ne s'est pas contenté d'habiller de lumière le vide creusé dans nos édifices de pierre et de verre. Sa pensée, aussi élégante qu'une voûte gothique, aussi audacieuse qu'un voile de béton, a scruté, critiqué, analysé nos constructions techniques, sociales et politiques jusque dans leurs recoins les plus cachés, leurs fondations les plus fragiles, leurs zones les plus dangereuses. Il a rappelé la finitude de notre monde, ce cachot dont parlait Blaise Pascal ; il a dénoncé les dérives de la technologie, les excès de la vitesse ; il a annoncé les accidents, les catastrophes à venir. Il a aussi échafaudé des plans pour habiter le vide, pour construire le futur. Il avait pour devise : « Rien derrière, tout devant. »
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