Portrait d'un jeune homme, par Francisco Goya.
Était-ce un poète, un littérateur que ce jeune homme? Présidait-il quelque cercle littéraire ou encore, comme semblent l'indiquer les accessoires de bureau placés devant lui sur une table (encrier, plumes, sonnette), n'occupait-il pas quelque poste élevé dans la hiérarchie administrative ? Il nous est malheureusement impossible d'établir son exacte identité non plus que sa véritable fonction sociale. Mais, qu'importe? Il est absolument charmant ce jeune homme, avec sa chevelure poudrée à frimas et sa coiffure à l'oiseau. Il est vêtu d'un habit coupé à la mode du temps, de couleur sombre, d'un gilet fond blanc, à rayures espacées, tramées de soie bleue, en point d'épines, et une ample cravate de satin noir ferme le col de sa chemise en fine batiste. Sa physionomie est extrêmement intelligente et fine, même elle parait quelque peu hautaine et railleuse, grâce surtout à deux yeux noirs, spirituels, vifs et très pénétrants. En l'étudiant de près, nous lui trouvons un air de famille avec Goya lui-même. Serait-ce point là le portrait de son fils Xavier, portrait qui existe, sans que nous sachions où il se trouve. Mais, quelque vague que soit notre hypothèse, le portrait dont nous nous occupons est certainement l'un des meilleurs et l'un des plus harmonieux, dans sa sobre et ferme tonalité, qui soit sorti du pinceau de Goya.
Cette toile porte ta signature de Goya et mesure : Haut. 73 cent., larg. 41 cent.
Depuis, M. Pacully s'est fixé à Paris où il a réuni, dans une pittoresque villa du parc de Neuilly, les excellents morceaux de peinture conquis par lui soit en Espagne, soit en Portugal.
C'est en effet de ces deux contrées, trop peu explorées encore, quoi que l'on dise, que vient sa très précieuse série de spécimens de l'École hispano-flamande. Apprécier ces ouvrages, ce n'est point mon affaire. Des spécialistes éminents se sont chargés de cette tâche. Mais ce que j'a. plaisir à constater c'est l'ardeur, la clairvoyance avec lesquelles leur heureux possesseur a procédé a ses investigations. Au cours de ses nombreux voyages dans la Péninsule ibérique il s'est attaché à ne réunir que des morceaux de choix, véritablement caractéristiques pour l'École espagnole de tout temps si réaliste, et que le contact avec la Flandre ne pouvait que fortifier encore dans ses instincts Goya, chez lui, coudoie Ribera, Pedro de Cordoba et Bartolomeo Gonzalez.