Agence n°22

Confiné dans un espace de quatre mètres carrés sur une hauteur de deux mètres. Murs, sol et plafond gris. Odeur du béton. Crâne, torse et dos parcourus de capteurs. Un flot d’images était projeté autour de lui, dans un mouvement aléatoire incessant. Un ballet de sons, de voix. Des décharges de lumière, de couleurs. Il ne savait où donner de la tête. Son corps sec d’un mètre quatre-vingt-dix était tendu comme un arc, son cœur battait à tout rompre. Ses jambes furent prises d’un tremblement incontrôlable. Des gouttes de sueur perlèrent sur son front, dégoulinèrent le long de ses joues. Mêlées à des larmes... ?

Dès lors, une vague pénétrante, venue du tréfonds de son être, en résonance avec le spectacle qu’il contemplait, fascinant, terrifiant, vint le surprendre, l’emporter, le submerger… Elle fracassa ses digues internes, brisa ses dernières résistances. L’émotion était si puissante qu’il céda, tomba à genoux sur le sable, seul au milieu de l’immensité. Le corps convulsé de douleur, il libéra les sanglots qui enserraient son cœur, d’une lourdeur prodigieuse. Depuis l’enfance.

– Ma mère m’a confié ce secret, il y a un an et demi. Cette révélation a bouleversé ma vie, radicalement. J’ai compris pourquoi je ressens des sensations étranges, depuis l’enfance. C’est difficile à décrire… L’impression permanente d’un manque. De quelque chose, de quelqu’un… J’espère que le Cube m’aidera à mettre au grand jour mes émotions profondes, liées à la perte de ma sœur. Pour les comprendre et m’en défaire.

Il boit, elle boit.
Des bars ils font la tournée.
Dans la pénombre, ils se noient
Dans l’alcool, le tabac, le brouhaha.

Seuls
Seuls avec la bouteille.
Pas de verre. Le cœur brisé.
Ils se dégoûtent, ils les dégoûtent,
La société les a vomis.

– La terrasse, c’est un petit bout de trottoir en Italie, à Florence par exemple. Des chaises en métal autour de tables rondes minuscules, instables, des verres de prosecco. Le soleil, les rires, les bavardages, le temps à l’arrêt…