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Expert nature writing

Cet insigne distingue les lecteurs qui aiment marcher dans les pas de Henry David Thoreau ou de Jim Harrison afin de retrouver dans leurs lectures la solitude des grands espaces.
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La femme paradis

Cela fait six ans que cette femme vit seule dans une grotte au milieu de la forêt. Pêche, chasse et solitude sont son quotidien choisi. Une détonation va faire basculer son univers. Ah tiens, est-ce un remake du mur invisible de Marlen Haushofer ? L'idée de départ et la belle couverture du livre me plaisaient bien. Pour la suite, on a envie de savoir pourquoi elle en est arrivée là, pourquoi tant de violence en elle ? Pourquoi envelopper cette violence de poésie ? Allons-nous tous devenir avec un cerveau dérangé comme cela dans le futur ? Faut-il rappeler qu'il existe encore des gens gentils ? Bref, je n'ai pas trouvé ce roman très maîtrisé malgré les éloges presque unanimes.
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La femme paradis

Les premières pages de ce court roman m'ont fait rencontrer une femme coupée du reste du monde, elle vit seule dans une grotte, au milieu d'une forêt.

On ne sait rien d'elle. Même pas son prénom. On ne connaît pas les raisons qui l'ont amenée à cette situation.

Peu à peu, nous commençons à en savoir un peu plus à travers des bribes de son journal que le récit nous partage de temps à autre.

Cela ressemble à un récit post-apocalyptique qui m'a fait penser très vite à La route, de Cormac McCarthy, je ne saurais dire pourquoi, sans doute l'idée d'une fuite, d'une raison mystérieuse qui a provoqué l'écroulement du monde six ans auparavant, sans doute l'idée d'une profonde solitude qui étreint le personnage principal, les rares autres personnages qui entreront en scène. Même les bêtes en meute paressent esseulées. le paysage aussi est écrasé par cette solitude inexorable. Ici la particularité tient à l'immobilité qui s'impose dans l'intrigue.

Vivre. Survivre.

Cette femme en effet survit dans un monde devenu autre. Pour survivre elle s'impose une stricte discipline, une radicalité intransigeante dans sa manière d'être, d'agir, agir avec elle-même, mais surtout avec ce qu'elle sait désormais reconnaître comme hostile dans l'environnement qui l'enserre et l'accueille, pas seulement les bêtes, mais aussi les humains, d'autres survivants peut-être comme elle.

« Elle s'est réfugiée dans la nature contre la ville, dans la solitude contre la société, dans l'oubli contre la mémoire. Elle a créé son propre paradis, sa grotte est son ermitage. Recluse dans l'immensité, elle a choisi l'envers du monde. Elle s'est aventurée trop loin des hommes pour revenir. »

Elle parvient désormais à se fondre dans la nature avec harmonie, dans l'écrin d'une forêt en apnée, elle arrive à en distinguer chaque murmure. Cette nature reste néanmoins sans cesse une menace et tel un animal toujours à l'affût, le seul endroit où elle se sent protégée c'est dans sa grotte, perchée dans une falaise difficile d'accès. C'est une histoire qui se déroule après la civilisation des hommes. On comprend vite que cette femme a fui la folie d'un monde révolu, le déchaînement de la violence, les siens aussi peut-être...

Mais un jour une détonation éventre le silence. C'est là que le texte s'ouvre comme une faille pour nous offrir un autre chemin. Plus tard sur le territoire qu'elle a apprivoisé, des traces de passage viennent transgresser l'équilibre qu'elle croyait immuable.

À partir de cet instant, le récit va se déployer dans une intensité dramatique étouffante. Rien ne se passe ou presque. Simplement, l'ordre des jours qu'elle avait réussi à dompter va se dérégler peu à peu...

Progressivement, le récit nous aide à rassembler les pièces de son passé et de ce qui l'a amenée là.

Un roman court, prenant, qui met littéralement tous nos sens en alerte. On est fasciné par ce personnage à la volonté de fer, cette femme solitaire et mystérieuse car sans passé. On admire sa force morale, sa vaillance, son savoir, son ingéniosité mais on sent bien qu'il y a des failles et que les barrières qu'elle a érigées pour laisser derrière elle son histoire sont poreuses...

Le récit alterne entre le dedans (le journal intime) et le dehors. Les courts chapitres rythment efficacement l'histoire écrite d'une plume fluide, sans fioritures. C'est un court roman qui vous happe dès les premières lignes.

En filigrane figure l'idée d'un monde essoufflé, qui s'écroule sous le poids de l'opulence, des besoins sans cesse inassouvis, d'une outrance à la consommation. La femme paradis condamnée par la survie à une forme de précarité ne serait-elle pas le contrepoint de la vacuité d'un monde qui a perdu sens ?

Les premières pages sont oppressantes et laissent peu d'espace à l'émotion, peu d'espace aussi à l'empathie vers cette femme qui s'impose une discipline éloignée de toute sensibilité.

Pourtant c'est bien une émotion palpable qui m'a cueilli à la toute fin du récit, je l'ai reconnue à la manière qu'avaient les mots brusquement de chercher une respiration, dans la foi irréfutable de cette femme en la vie, en ce qui est vivant et sincère, sa conviction d'être à sa place dans le chant du monde.

L'écriture de Pierre Chavagné s'appuie sur une plume incroyablement belle, poétique, sobre, cinglante, pour porter la trajectoire de cette femme et bousculer nos certitudes dans le même mouvement.

La femme paradis, c'est cette femme sans concession, d'une violence intense, palpable dans chaque mot, dans chaque geste, qui réinvente un paysage, enchante un univers, imagine un passage dans cette frontière clairement délimitée entre désir et raison, pour échapper irrémédiablement au bruit inutile du monde. Elle est ce pas fragile au bord du vide, tandis que le jour qui commence ressemble à une promesse...

Inutile de vous avouer que ce roman a été pour moi un coup de coeur fulgurant. Une déflagration.



[ Lu dans le cadre de la sélection du prix Cezam 2024 ]
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Tous les démons sont ici

Pour cette 7ème enquête du shérif Longmire, Craig Johnson nous envoie dans les Bighorns en charmante compagnie : Dans le camion du shérif sont menottés trois criminels, dont un dangereux psychopathe Crow, Raynaud Shade.

Longmire et son adjoint Saizarbitoria sont chargés d’escorter les détenus jusqu’aux fédéraux et de les assister dans la recherche du corps d’un enfant, que le tueur indien a enterré dans les montagnes. Mais la mission ne se passera pas exactement comme prévu…



En fonction de l’acolyte du shérif du moment (comprenez le personnage secondaire qui aura la chance d’être mis en avant dans l’opus) l’ambiance peut changer du tout au tout.

Ici, on retrouve Omar, le milliardaire chasseur dans son chalet de luxe, et surtout Virgile White Buffalo, le géant indien Crow rencontré dans le tome 4 et qui viendra en aide au shérif tout au long de son périple.

Mais pour affronter ses démons, Walt Longmire sera surtout très seul. Une longue et périlleuse randonnée l’attend dans les sentiers enneigés des Bighorns, terres sacrées amérindiennes.

Un épisode musclé donc, mais ce serait oublier qu’il est écrit par Craig Jonhson, un auteur plutôt subtil : Entre fusillades et courses poursuite, l’intrigue suit la lecture de l’Enfer de Dante, que Zaizabitoria a glissé dans son sac avant de partir. Longmire a déjà prouvé qu’il était à l’épreuve des balles, mais sera-t-il assez coriace psychologiquement et assez malin pour déjouer les pièges de Raynaud, ce fugitif indien aussi intelligent que vicieux ?

Si tu veux le savoir, enfile tes Sorel parce que ça caille dans les montagnes du Wyoming en cette saison…



Un récit qui oscille entre rêves et réalité, et j’avoue m’être un peu perdu dans le dédale changeant des états d’âme de notre shérif Cheyenne-friendly préféré. Culpabilité, fatigue, tristesse sur fond de légendes indiennes agrémentent une chasse à l’homme qui m’a un peu lassé à la longue. Quelques notes d’humour bienvenues viennent ponctuer l’ensemble mais j’accuse tout de même une petite déception sur cet épisode.
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Les Mystères de Honeychurch :  Un Meurtre peu..

C'est le second roman que je lis de cette série et si j'avais apprécié le premier, celui-ci m'a déçue.



On retrouve Kat, souvenez-vous du coup de l'éternuement qui a mis à mal sa carrière de présentatrice d'émission télé, et sa mère, romancière très célèbre ; ce qu'ignorait sa fille.

Du reste, Kat ignorait et ignore encore beaucoup de choses concernant sa mère.



Au moment où nous entrons dans le récit, Iris et Kat vont cueillir des prunelles pour la cuisinière de Honeychurch qui souhaite faire de l'eau-de-vie de prune..



Pour ce faire, elles doivent contourner une zone de marais, laquelle reviendra souvent dans ce tome 2.

Les deux femmes se chicanent tout au long du livre, comme d'habitude.

Ce n'en est même plus amusant.



Au cours de cette lecture, nous reverrons Harry (très peu), sa mère, Edith, un peu les chevaux et le petit chien.



Nous faisons par contre la connaissance des gens du village, qui se rassemblent contre le passage d'un train à grande vitesse au beau milieu du bourg.

Si le projet est mené à bien, les loirs (espèce protégée), les lieux historiques et tout le toutim seront dévastés.



Je me suis ennuyée, d'une part parce que Kat m'a agacée, les personnages secondaires sont trop survolés et j'avais deviné la résolution de l'intrigue très vite. Donc aucune surprise sur la chute.

J'avais vraiment hâte de finir le bouquin.



Je voulais en rester là avec cette autrice, mais une babelpote à laquelle j'ai confié ma frustration m'a dit que le suivant était meilleur.

Wait & see.

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À la lisière du monde

Heureuse découverte de Ronald Lavallée!



1914, dans un poste avancé du Grand Nord canadien débarque le jeune caporal Matthew Callwood bien décidé à remettre de l'ordre dans la petite communauté indienne. Et il va se faire gentiment balader ainsi que par son adjoint Harvey et la jolie et impertinente Fran qui ne se gène pas pour squatter le poste afin d'offrir ses 'services' à Harvey.



Même contexte et même période que 'Ravages' de Ian Manook sauf qu'ici la fiction libère, une chasse à l'homme avec quelques invraisemblances mais on s'en fout parce que les personnages sont denses et attachants et que suspense et rebondissements sont au rendez-vous.

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Sukkwan Island

Un an sur une île déserte au large de l’Alaska. Un an pour vivre de chasse et pêche. Un an pour retisser des liens distendus. Un an de complicité, de retour à la nature, de travail acharné, de bons moments partagés.

Sur le papier, l’idée de cette année père-fils sur cette île avait tout pour séduire un adolescent amateur d’aventures.

Oui, mais voilà…Dès le départ, tout va mal. La cabane est vétuste, son père est mal préparé et Roy aimerait retrouver sa mère, sa sœur et la civilisation. Pourtant, il s’accroche. Pour ne pas décevoir son père et surtout pour ne pas l’abandonner seul sur cette île inhospitalière. Parce qu’il sait bien que son père va mal. Toutes les nuits, il l’entend pleurer, geindre, gémir. Cela le met mal à l’aise mais renforce aussi l’idée qu’il ne peut pas fuir. Roy a peur mais il reste. Il reste… jusqu’au drame…



Une île déserte, un père, un adolescent, la perspective d’un hiver rigoureux et…une tension palpable, presque suffocante.

Le père ne va pas bien. Il a quitté son cabinet de dentiste après un deuxième divorce et considère que c’est sa dernière chance de reprendre sa vie en main.

Le fils est inquiet, partagé entre l’envie de rentrer chez lui et la peur d’abandonner un père qui va mal, qui pourrait être tenté par le suicide.

Inexpérimentés, ils essaient de se préparer pour la neige et le froid mais l’alchimie ne prend pas. Ils restent des inconnus l’un pour l’autre. Et l’ambiance est de plus en plus oppressante.

Et puis soudain, tout bascule dans un retournement de situation qu’on ne voit pas venir.

Récit d’une descente aux enfers, Sukkwan Island est un roman dérangeant, glaçant, qui se dévore avec une fascination morbide, le souffle court, la poitrine oppressée. Une lecture dure dont on ne ressort pas indemne. Âmes sensibles, s’abstenir.

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Le monde à l'endroit

Un jour de pêche comme un autre au pied de Divide Mountain pour Travis, enfin presque, car il tombe par hasard sur un champ de cannabis dans une propriété privée, celle de Toomey, un des habitants de ce coin des Appalaches pas commode. Qu'à cela ne tienne, l'adolescent, qui vient d'arrêter le lycée, a bien besoin d'un peu d'argent, pour son pick-up, pour la pêche, alors ni une ni deux, il en prend quelques plants. Et il revient, une fois, deux fois, qui est celle de trop, et qui lui coûtera beaucoup, tout en lui apportant tout autant, en une rencontre avec Leonard, celui qui va redonner une chance au gamin perdu du fin fond de la Caroline du Nord, en lui faisant toucher du doigt et son passé, et son avenir, en quelques mois.



Tous les ingrédients des romans de Ron Rash déjà lus et appréciés sont présents également, pour mon plus grand plaisir, dans Le monde à l'endroit : intrication progressive d'une part sombre de l'Histoire des Etats de la Caroline - ici en lien avec la guerre de Sécession -, inextricable de l'histoire même de son jeune protagoniste, qui va créer un puissant lien, paradoxal, entre deux êtres qui auraient dû, en raison de cette Histoire, s'abhorrer ; descriptions sobres, mais malgré tout d'une grande force d'évocation, de la nature environnante, de ses plus hauts sommets à ses plus basses profondeurs ; roman de la nature qui glisse progressivement vers le roman noir, pour mieux nous proposer un regard éclairé sur la vie en milieu rural états-unien, où les secrets, de la petite comme de la grande histoire, y sont les mieux gardés.



Une troisième lecture tout aussi passionnante que les précédentes d'un roman de Ron Rash, même si je regrette un dénouement un peu trop précipité à mon goût : le caractère d'urgence des évènements l'explique certes, mais il aurait tout de même pu s'étoffer davantage.
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Quand vient le dégel

Alors que j'étais penchée sur les profondeurs de mon pense-nouille, j'ai lâché prise et je suis tombée.

Quand vient le dégel, a freiné ma chute, alors après avoir craqué sur la magnifique couverture, j'en ai lu la note de l'auteur, dont je vous mets un extrait ci-dessous :



Et c'était parti pour 90 pages. :)



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Cette novella a été écrite en réponse à l’appropriation culturelle d’une véritable tragédie

Durant les années 2010, les pays occidentaux se sont de plus en plus intéressés à la forêt Aokigahara – la tristement célèbre « Forêt du Suicide » au Japon, près du mont Fuji. Cela a commencé comme une fascination morbide innocente qui est rapidement devenue une véritable exploitation commerciale.

Plusieurs films d’horreur, livres et jeux se passant dans ces bois ont vu le jour, et aucun d’eux n’avait quelque chose de pertinent à dire sur le suicide, les troubles mentaux ou les traumatismes.



*******



L'auteur a voulu remédier à cette lacune en nous proposant cette nouvelle, mélangeant réalité, drame, thriller et fantastique.



Pour ce faire, il met une femme, Ellie, en scène.

Mariée à Clancy et mère comblée d'Alan, sa vie bascule le jour où son petit garçon, joyeux, intelligent et plein de vie se replie sur lui-même sans que personne n'en découvre la raison.

Il vient d'avoir 9 ans.



À 17 ans, il disparaît.

Ellie, persuadée qu'il s'est rendu dans l'immense forêt pour mettre fin à ses jours, part à sa recherche.

Elle est aidée (ou pas) dans sa quête par des êtres fantastiques qui semblaient l'attendre.



C'est une histoire touchante, dans laquelle le désespoir de cette mère nous étreint.



Le récit est "agréable" à lire et on se laisse embarquer très facilement.

Mon seul bémol concerne le style très basique, mais bon, on va dire que ça passe et que le récit compense.

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Les Pionniers

Imaginez, c'est le soir, vous vous couchez prête à ouvrir un nouveau livre, chaudement recommandé par nombre de vos amis. Il pleut, vous entendez la pluie rebondir sur le toit, mais vous êtes douillettement installé au fond de votre lit. Et là, d'un seul coup, en quelques pages, l'auteur vous immerge dans des scènes d'enfer, où la pluie, la neige, le froid, la boue règnent en maitres, l'abri des chariots n'est qu'une mince barrière pour s'opposer à la fureur des éléments, et vous avez complètement oublié la quiétude de votre lit douillet. Jugez par ce premier paragraphe du roman :

« Une pluie battante, cinglante, détrempa son manteau de laine pendant qu'il harnachait les chevaux de bât et le froid s'insinua dans ses os. Il frotta la selle mouillée avec sa manche avant de monter. Des vagues de sable arraché à la falaise se ruèrent à l'assaut de son visage, et quand il baissa la tête, l'eau accumulée dans le bord de son chapeau inonda son entrejambe. le vent bousculait la terre, rugissant à ses oreilles tel un long cri perçant lâché sur le monde. »



Ce roman, c'est une épopée, ce sont des aventures, des défis à relever, des obstacles à vaincre, une nouvelle vie à mettre en place dans une nature sauvage, où tout est à découvrir, où tout est à construire.



Ce roman, c'est une ode magnifique à la nature, sauvage, dangereuse parfois, mais aussi généreuse. L'auteur la décrit de façon très visuelle, très sensuelle aussi, nous transmettant la beauté, les couleurs, mais aussi les odeurs, les sensations éprouvées à son contact par ceux qui tentent de la domestiquer :

« Au long des journées, les rayons du soleil jouaient sur une terre encore amollie par la pluie du printemps. La chaleur et l'humidité libéraient le parfum unique de la fertilité, superposant les odeurs, accélérant la croissance de toutes choses. Les roses du couchant, les pourpres du crépuscule, les gris du soir entraînaient doucement le jour vers la nuit ; et le souffle de la terre, tour à tour délicat, sucré et puissamment épicé, enveloppait Burnett de ses grisantes turbulences. La terre était une femme qui, longuement aimée et caressée, se tendait vers la jouissance ultime. »



Ce roman, ce sont aussi et surtout une flopée de personnages, des hommes que l'on apprend à connaitre, à apprécier ou à détester, déclinés dans toutes les nuances de gris. Pas d'outrance dans les caractères, même les méchants auraient pu devenir autres. Des hommes oui, mais aussi des femmes, qui jouent un rôle crucial, qui sont bien éloignées des stéréotypes qu'ont pu nous transmettre les westerns. Elles ne sont ni dociles, ni soumises pour la plupart, et elles prennent leur vie en main, dans la mesure du possible et des contraintes infligées par l'époque et la situation.



Ce roman, c'est enfin une mine de réflexions qui m'ont enchantée, sur la vie, l'amour, la politique, les règles de vie dans une communauté, les préjugés raciaux (ici envers les indiens). L'auteur nous livre celles-ci au détour des péripéties, le tout très naturellement. J'ai été soufflée par l'intelligence de ses propos.



Et, cerise sur le gâteau, le tout servi par une écriture magistrale, très visuelle, très sensuelle aussi, que ce soit comme je le disais plus haut pour magnifier la nature, mais aussi dans ses descriptions des rapports entre hommes et femmes. Il fait partie de ses livres où j'e n'ai pas arrêté de noter des citations. J'en ai posté quelques-unes, mais si peu par rapport à ce que mérite cette écriture.



Encore merci à mes amis, d'abord à Gabb, qui m'a fait exhumer ce livre de ma PAL, merci à Berni et Yaena qui m'avaient poussé à l'y mettre. Et sans oublier Indimoon pour cette merveilleuse idée de collier. Une perle que j'ai appréciée, et qui prendra une place magnifique au milieu de toutes les autres.

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Le Royaume du Nord, tome 5 : L'Angélus du soir

Dans ce cinquième opus de la saga Le Royaume du Nord, Bernard Clavel ne s'essouffle pas; il campe un nouveau personnage qui s'incarne dans odyssée humaine toute simple, avec son cheval. Les animaux tiennent une grande place dans l'univers de Clavel et, après le husky, voici le cheval et, bien sûr, l'homme et ses tempêtes intérieures.



C'est un beau roman dans le plus pur style de Bernard Clavel où il aborde des sujets qui lui sont chers, la vieillesse et la solitude. Avec ces deux ingrédients, tout le noir que Clavel manie si bien se met en place, il rend ses personnages attachants tout en ne les ménageant pas.



Même si l'action se déroule encore une fois dans le grand nord canadien, elle pourrait tout aussi bien se situer dans la campagne jurassienne ou dans n'importe quelle région un peu perdue de France, avec des habitants qui ont choisi de ne pas s'incarner dans la modernité et le changement à tout prix. J'en ai connus sur le Causse Noir qui n'ont jamais adopté l'heure d'été, ne voulant pas modifier les horaires auquels le bétail était habitué et eux aussi.

La seule incidence était le dimanche d'aller à la messe une heure plus tôt.



Le héros de Clavel est confronté à l'approche de la vin de vie, il lui reste quelques amitiés, vieillissantes comme lui. L'auteur sait dévoiler avec pudeur les états d'âme, planter des dialogues ou des silences porteurs de sens, manipuler tout ce qui fait l'homme, l'animal, la nature, en déroulant sa belle écriture qui emporte toujours ses lecteurs.











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Promenons-nous dans les bois

Tout d’abord, merci à Camille de m’avoir offert ce livre et de l’avoir proposé pour la lecture commune du mois d’avril pour son challenge #mes5lecturesprintanieres. Quelle belle idée ! J’avais hâte de découvrir cet auteur suite à ce qu’elle m’en disait. Assurément j’allais passer un bon moment.



Ce fut le cas en effet. Comme Camille m’avait prévenu, Bill Bryson est un homme plein d’humour et d’auto-dérision, cela transpire dans sa manière de raconter son retour à la nature et son aventure tout du long de l’Appalachian Trail.



Le fameux sentier des Appalaches, je dois dire qu’il a l’air impressionnant, j’ai tout de même très envie de le fouler, peut-être pas d’un bout à l’autre… Et encore, qui sait ? Bill Bryson accompagné de son pote Katz n’ont pas parcouru les 3 500 kms de ce sentier mais y ont tout de même passé un bon bout de temps et Bill a eu la merveilleuse idée de nous conter leur périple.



Je dois dire que j’ai beaucoup rit à la lecture de ce livre. Bill et Katz ne sont pas de grands sportifs et partent sur le sentier sans entrainement et ils le savent. Forcément, on imagine bien que cela sera l’occasion de plusieurs anecdotes plus marrantes les unes que les autres. Oui, il y a de l’humour, j’ai l’impression que Bill Bryson, n’a pas besoin de forcer le trait pour se moquer de lui et des autres. C’est agréable à lire et hyper rafraîchissant.



Toute l’intelligence de Bill Bryson, son sens de l’observation et son empathie envers le monde qui l’entoure se révèle dans ce livre, à peine dissimulés derrière son humour. J’ai appris énormément de chose sur l’histoire du sentier, sur la nature, sur l’impact de l’homme sur celle-ci et surtout, chose que j’aime par-dessus tout, c’est le fait que Bill nous parle de ce qu’il voit, des arbres, des plantes, des animaux quels qu’ils soient. Cela a fait en sorte que j’avais toujours Google à portée de main pour rechercher telle ou telle espèce.



Je trouve que ce récit est une lecture essentielle pour comprendre que nous sommes si petit sur cette Terre, pourtant nos actions entraînent des dégâts tellement immenses. Le nombre d’espèces que ce soit de la faune ou de la flore qui se sont éteintes à cause de nous. C’est triste vraiment. Alors d’avoir des hommes comme Bill Bryson qui prennent leur plume pour dénoncer cela et pour nous faire découvrir à nous lecteurs souvent bien loin de ces préoccupations écologiques que la nature est fragile et qu’il faut en prendre soin. Merci Monsieur Bryson !
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Le garçon sauvage : Carnet de montagne

J’ai lu ce livre dans le cadre du challenge de Camille #mes5lecturesprintanieres pour le thème « Le Chène ». C’est une découverte de cet auteur. J’ai été attiré par la couverture et l’idée d’aller vivre dans une cabane en montagne. Un changement de vie qui m’attire.



Une lecture assez courte avec laquelle je ressors avec un sentiment assez mitigé. Autant, il y a pas mal de réflexions intéressantes sur la nature, sur l’homme et son impact, il y a également des citations d’écrivains comme par exemple Thoreau ou Mario Rigoni Stern, autant, je n’ai pas retrouvé le sentiment de solitude que je m’attendais à lire. Car oui Paolo Cognetti part un temps dans une baïta isolée dans la Vallée d’Aoste, par contre il n’est jamais vraiment seul.



Les rencontres et les liens qu’il tisse avec les hommes de la montagne sont agréables à lire, le décalage entre ces derniers et l’homme de la ville est présent même si Paolo Cognetti s’est je trouve vite adapté, car la montagne a toujours fait partie de sa vie.



Dans cette sorte d’essai, Paolo Cognetti part donc à la quête de lui-même. Cela ne va pas assez loin pour moi, j’ai eu l’impression d’être resté en surface, un peu comme si l’auteur était frileux de nous faire complètement entrer dans sa tête et de nous partager sans filtre ce passage de sa vie. Cela est dommage lorsque l’on écrit un livre comme celui-ci. Cela ne va pas m’empêcher de prochainement lire d’autres livres de cet auteur qui a tout de même titiller ma curiosité.
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De neige et de vent

On dira bien ce que l'on voudra des prix littéraires, dont certains d'entre eux font l'objet de polémiques avec des suspicions de collusions et de favoritisme, il n'en demeure pas moins qu'ils projettent, tous autant qu'ils sont, un éclairage bienvenu tant sur la sélection que sur le récipiendaire permettant ainsi de faire basculer le destin d'un livre et de son auteur. Avec l'émergence des centres culturels Leclerc, son dirigeant, grand opposant du prix unique du livre, créait en 2008 le prix Landerneau, du nom de sa commune d'origine, se concentrant tout d'abord sur la littérature blanche, jusqu'à ce que d'autre genres apparaissent quatre ans plus tard, à l'instar du prix Landerneau polar qui est l'un des premiers événements importants de l'année célébrant la littérature noire. Parmi les lauréats figurent quelques figures imposantes du roman policier ou du roman noir telles que Hervé Le Corre, Sandrine Collette, Colin Niel, Gwenaël Bulteau ainsi que l'ancien policier Hugues Pagan. Pour l'année 2024, c'est Sébastien Vidal, un autre membre des forces de l'ordre, au sein de la gendarmerie cette fois où il a officié durant 24 ans, qui obtient le prix Landerneau polar avec De Neige Et De Vent publié auprès de la maison d'éditions indépendante Le Mot et le Reste qui a déjà édité deux autres de ses romans Ca Restera Comme Une Lumière (Le Mot et le Reste 2021) et Où Reposent Nos Ombres (Le Mot et le Reste 2022). Il est également l'auteur d'une trilogie mettant en scène l'adjudant de gendarmerie Walter Brewski enquêtant dans la région de la Corrèze où le romancier a d'ailleurs élu domicile, ce qui explique sans doute cette prédominance aux ambiances rurales qui imprègnent l'ensemble de son œuvre et plus particulièrement De Neige Et De Vent dont la magnificence du cadre hivernal se situe à la frontière naturelle que forme les Alpes entre la France et l'Italie.



Dans cette région reculée des Alpes, le village de Tordinona constitue la dernière localité avant le col conduisant vers l'Italie et qu'empruntent Victor Pasquinel, travailleur itinérant accompagné de son chien Oscar. Tant bien que mal, ils se frayent un chemin dans cette accumulation de neige tandis qu'une tempête s'abat sur la région les contraignant à trouver refuge dans l'unique café du village. Au même moment, le garde champêtre découvre le corps sans vie de la fille du maire ce qui suscite un regain d'émotion tandis que la bourgade se retrouve soudainement coupé du monde, suite à une avalanche qui emporte le pont, unique voie d'accès vers la vallée. Marcus et Nadia, composant la patrouille de gendarmerie également bloquée dans la localité, vont devoir s'interposer pour empêcher les habitants bien décidés à faire justice eux-mêmes en s'en prenant à ce voyageur égaré qu'ils considèrent comme le meurtrier tout désigné. Sous la conduite du maire, les hommes armés vont donc assiéger la mairie, où Nadia, Marcus et Victor ont trouvé refuge, en employant tous les moyens pour les déloger. S'ensuit un rapport de force de plus en plus tendu jusqu'à l'inévitable confrontation qui va faire parler la poudre. Sera-t-il possible alors possible de faire marche arrière et de revenir à la raison au sein de cet environnement à la fois hostile et isolé où la loi n'a plus cours ?



Il faut se féliciter de cette mise en avant providentielle d'un roman tel que De Neige Et De Vent nous permettant ainsi d'apprécier l'écriture somptueuse de Sébastien Vidal, possédant l'indéniable talent, pas si évident que cela, de décliner une histoire d'une belle intensité en conjuguant l'introspection de ses personnages avec la description subtile de paysages rudes qui les enture et dont l’ensemble est entrecoupé d'une succession de confrontations aussi vives que brutales s'inscrivant dans un registre extrêmement réaliste. D'entrée de jeu, le romancier pose le cadre de cette oppression hivernale au gré d'une tempête de neige s'abattant sur cette localité de Tordinona dont le nom fait certainement référence à cet ancien quartier de Rome abritant une prison avant que l'on y bâtisse le premier théâtre public de la cité. Et c'est bien ce qui apparaît au détour de cette dramaturgie aux allures de western contemporain se déroulant dans cet environnement à la fois majestueux et sans issue présentant ainsi l'aspect d'une prison à ciel ouvert. A partir de là, émerge du texte une force évocatrice troublante, imprégnée parfois d'une note poétique nous permettant de saisir immédiatement cette ambiance à la fois âpre et puissante qui plane sur l'ensemble du récit. Il y est donc bien évidemment question de nature, mais également de nature humaine avec tout ce qu'elle a de plus atavique autour de cette communauté repliée sur elle-même n'acceptant pas la différence et observant d'un très mauvais oeil celles et ceux qui n'appartiennent pas à leur monde à l’instar du maire Basile Gay, figure toute-puissante du village et incarnation des dérives et de la folie qui embrasent les habitants dès lors que la colère les submerge à la suite du drame qui le touche. Entre chagrin et fureur, on apprécie le caractère nuancé du personnage dont on découvre le désarroi lorsqu’on le retrouve dans l’intimité de la chambre de sa fille désormais disparue à se remémorer quelques souvenirs épars tout en distillant sa haine de l’étranger et également de l’autorité qui entend se mettre sur son chemin de justicier vengeur. Ainsi, Sebastien Vidal, bâtit une intrigue aussi classique que solide où les événements s’enchainent dans une escalade d'affrontement mettant en scène Victor, cet homme de passage, dont le profil présente quelques similitudes avec son auteur et plus particulièrement sur le sujet de l’écriture, tandis que les deux jeunes gendarmes que sont Nadia et Marcus évoquent sans nul doute quelques réminiscence de son ancien métier au sein des forces de l’ordre avec cet idéal et les valeurs qui en découlent. Mais au-delà, de ces nobles sentiments, il y a la violence et les doutes qui jaillissent et ceci plus particulièrement pour Marcus s’interrogeant sur le sens de la mission et de sa capacité à l’accomplir en surmontant l’adversité. Il en va de même pour ce mystérieux vétéran qui voit dans cette flambée de violence, l’occasion de protéger les plus faibles ce qu’il n’a pas forcément eu à faire lorsqu’il était engagé sur les conflits. Tout cela, Sébastien Vidal l’intègre au gré d’un récit au lyrisme dynamique, qui nous questionne en permanence sur notre rapport à l’autre dans un contexte où les règles n’ont plus cours en libérant ainsi la part sauvage de l’homme, que ce soit pour le meilleurs et pour le pire.





Sébastien Vidal : De Neige Et De Vent. Editions Le Mot et le Reste 2024.



A lire en écoutant : Neve (Versione Integrale) d'Ennio Morricone. Album : Quentin Tarantino's The Hateful Eight (Original Motion). 2015 Cine-Manic Productions Limited.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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