Fides [corriger]

Le silence des pélicans est l'histoire d'un flic complètement tocard, imbu de lui-même, à qui on associe un jeune adjoint pistonné et irrévérencieux, mais intelligent. Le but de l'opération est d’écœurer l'ancien dont on ne peut se débarrasser pour l'amener à démissionner.

Pourquoi pas, d'ailleurs le scénario est assez bien conçu, et l'enquête de routine sur un banal accident de la circulation va déboucher sur quelque chose de beaucoup plus sérieux sur fond de meurtre et de trafic de drogue.



Par contre il y a beaucoup à dire sur le style. On veut bien admettre que Bonneau soit ringard, mais ça choque de le voir taper sur une vieille machine à écrire un rapport qui dit :

"Alors, nous entrîmes et constatates que ces hurlements infernals s’échappaient du radio à cadran, et ce bien qu’il fisse passé midi."

Même les plus réfractaires à l'autorité admettront que ce langage est caricatural pour un lieutenant enquêteur de police.



Un autre exemple d'humour :

"— As-tu de quoi de mangeable, aujourd’hui ?

— Hum… Voyons… Quelque chose de simple… Je vous suggère le pain de viande de Lyon, servi avec son chapeau dauphinois.

— … ?

— Une sorte de pâté chinois.

— Ah ! fit Bonneau, à moitié rassuré. Je suis pas sûr d’aimer la viande de lion."



Ce genre de vanne amuse sans doute n'importe quel élève de CM2, mais ensuite on devient plus exigeant. Vous l'avez compris, Le silence des pélicans est un polar humoristique qui ne vole pas très haut, à réserver aux lecteurs très tolérants.

J'aime beaucoup les romans d'amour quand ils sont bien écrits, qu'ils surprennent par leur style, leur écriture, leur situation qui sort de l'ordinaire ou leurs personnages approfondis: donc, je n'ai pas du tout aimé celui-ci! J'ai plutôt l'impression d'avoir lu un des nombreux scénarios des insupportables films Hallmark sirupeux et produits à la chaîne. Lire le quotidien absolument vide de jeunes adultes dont on me décrit pendant un chapitre la commande d'un café ou l'agencement vestimentaire (le outfit, parce que, apparemment, c'est tellement plus cool de le dire en anglais!) ne m'intéresse aucunement et je me suis endormie, au sens propre, en lisant ce récit.

Livre pris par hasard à la bibliothèque de mon quartier. Mais combien je ne regrette pas. Quel bonheur de voir ce duo plus qu’improbable résoudre leur enquête. Les fautes dans les rapports de Bonneau sont jubilatoire.

Ce roman mérite d’être plus connu et lu. Un excellent polar québécois qui nous fait rire haut et fort.