AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Charybde2


En décembre 1976, avec l’augmentation du signalement d’ovnis dans le monde, la revue avait lancé un « appel aux armes » à son public, l’exhortant à construire des « groupes de chercheurs » sur le territoire national pour expédier à la revue nouvelles, rapports, curiosités.
Tumulte sous le ciel (c’est le cas de le dire) ! Durant une période restée dans les mémoires, surtout pour sa jeunesse en colère et l’escalade dans les assassinats politiques, dans toute l’Italie étaient nés des clubs et des associations consacrés aux soucoupes volantes. Chaque semaine, d’Aoste à Agrigente, de Cagliari à Gorizia, des métropoles à la province la plus perdue, se tenaient des réunions ufologiques. Bien vite, le phénomène s’était répandu : plus de cent radios libres avaient mis leurs fréquences à disposition, et les émissions consacrées aux apparitions et aux rencontres rapprochées avaient fleuri. Tout cela sur un mode très amateur : bégaiements, phrases embrouillées, volumes erronés, appels téléphoniques grésillants. Mais la passion était authentique.
Au printemps, Peper et Cavezzo avaient étendu la formule à la parapsychologie, autre grande lubie de ces années-là : télépathie, télékinésie, rhabdomancie… Aiguillonnés par Le Journal de l’Inconnu, une myriade de passionnés avait donné vie à des regroupements et associations, d’où arrivaient des comptes rendus et des analyses de phénomènes étranges.
En mars 1978, Le Journal de l’Inconnu prospérait sur la base d’un travail enthousiaste et gratuit.

La formation rapide de centaines de « petits groupes voués à la sous-culture » avait attiré l’attention de rares mais entreprenants sociologues, anthropologues et psychosociologues.
Milena Cravero, qui avait à l’époque vingt-six ans et était assistante en anthropologie culturelle à Turin, avait proposé à son professeur une recherche sur le milieu ufologique.
Rossano Crisafulli, dit « le Brillant », surnom inventé par Cesare Pavese en personne, c’est du moins ce que disait la légende, avait été un pionnier dans sa discipline en Italie, ami et complice de virées d’Ernesto De Martino, consultant de la « collection violette » d’Einaudi. Il avait tenu Milena en suspens pendant un mois et demi, pour bien lui faire sentir son rôle et confirmer que son assentiment était rare et précieux. Comme le dit son nom, qui en grec signifie « feuille d’or ».
Enfin, il avait dit oui, en expliquant – lui qui avait entendu parler de ça pour la première fois par elle – qu’il s’agissait d’un champ inexploré, d’un thème différent, de groupes pas encore entrés dans leurs radars. Avec une telle recherche d’avant-garde, l’Université – ce qui dans sa bouche signifiait lui-même – acquérait un lustre nouveau.
Milena s’était lancée bille en tête.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}