Si, au commencement de ce siècle, on nous avait demandé ce que c'est qu'un gaz, nous aurions répondu que c'est de la matière dilatée et raréfiée, impalpable jusqu'à un certain point, excepté lorsqu'elle est animée d'un mouvement violent ; invisible, incapable d'être réduite à une forme définie ou de la prendre, comme les substances solides, ou de former des gouttes comme les liquides; toujours prête à se dilater lorsqu'on ne lui oppose aucune résistance, et de se contracter quand elle est soumise à la pression. Ce sont là les principaux attributs que l'on assignait aux gaz il y a soixante ans.
Les sorcières, dit un auteur du XVIe siècle, mélangent ensemble de la berle, de la mandragore, de l’aconit, de la quintefeuille, du sang de chauve-souris, de la morelle endormante et de l’huile. Elles oignent avec cet onguent toutes les parties du corps, les ayant auparavant frottées jusqu’à les faire rougir. Ainsi pensent-elles être portées de nuit, à la « clarté de la lune, par l’air, aux banquets, aux musiques, aux danses et aux embrassements des plus beaux jeunes hommes qu’elles désirent.
Le spiritualiste parle de corps, pesant 50 ou 100 livres, qui sont enlevés en l’air sans l’intervention de force connue; mais le savant chimiste est accoutumé à faire usage d’une balance sensible à un poids si petit qu’il en faudrait dix mille comme lui pour faire un grain. Il est donc fondé à demander que ce pouvoir, qui se dit guidé par une intelligence, qui élève jusqu’au plafond un corps pesant, fasse aussi mouvoir sous des conditions de contrôle sa balance si délicatement équilibrée.
Il en est des sciences occultes comme de tant d’effets naturels repoussés par les esprits forts ou par les philosophes matérialistes, c est-à-dire par ceux qui s’en tiennent uniquement aux faits visibles, solides, aux résultats de la cornue ou des balances de la physique et de la chimie modernes ; ces sciences subsistent, elles continuent leur marche, sans progrès d’ailleurs, car depuis environ deux siècles, la culture en est abandonnée par les esprits d’élite.
Faraday dit : « Avant de procéder à l’examen de quelque question rentrant dans l’ordre physique, nous devrions nous faire des idées claires de ce qui est naturellement possible ou impossible. »
Mais ce raisonnement s’agite dans un cercle vicieux : nous ne pouvons rien étudier avant de savoir si c’est possible ; tandis que, en dehors des mathématiques pures, nous ne pourrons pas dire ce qui est impossible, jusqu’à ce que toutes choses nous soient connues.
Le vrai savant a un grand avantage dans les investigations qui déjouent si complètement l’observateur ordinaire. Il a suivi la science dès le commencement, à travers une longue suite, d’études, et il sait par conséquent dans quelle direction elle le mène; il sait que, d’un côté, il y a des dangers, de l’autre, des incertitudes, et d’un troisième côté. la vérité presque absolue.
Rien n’est trop merveilleux pour être vrai, si cela est conforme aux lois de la nature ; et dans des matières comme celles-ci, l’expérience est la meilleure pierre de touche de cette conformité.