Withney Otto :
Le Jour du patchworkDepuis le Salon du Livre,
Olivier BARROT présente le livre de
Whitney Otto, "
Le Jour du patchwork".
"...il faut être trés jeune pour faire une chose pareille - pour partir sans hésitation - parce que plus on vieillit, qu'on le veuille ou non, plus on s'attache. On plante ses racines, on éprouve une espèce de parenté inconfortable avec le sol qu'on foule aux pieds. Certaines choses prennent une signification spéciale, deviennent irremplaçables et on a beau aimer voyager, adorer les endroits où l'on arrive, on finira toujours par revenir vers cette chose qui n'existe qu'ici. "
P.143
Vous ne vous êtes pas mariée pur jouer les gardes-chiourme. Vous avez, à tort, pensé que l'amour vous soutiendrait tous les deux ; qu'il suffirait. Que les fils composant l'étoffer de votre mariage ne se rompraient sous aucun prétexte ; qu'ils seraient renforcés du fait qu'ils sont si serrés et si proches. Vous avez, hélas la tristesse de découvrir qu'en dépit de votre union votre marie et vous n'êtes pas une seule et même personne ; que le mariage exige parfois davantage que de l'amour. Voilà qui heurte votre sensibilité, cette idée que l'amour n'est pas la plus grande force de l'existence.
....pas un jour ne passe sans que le souvenir de son père n'effleure douloureusement sa conscience. Ce souvenir est son pilote et sa boussole; il a brisé son jeune coeur - pas d'un seul coup, avec un grand crac ! mais plutôt par de minuscules petites fissures, par une infinité de fentes fines comme des cheveux. Et en plus il en a ébréché l'extérieur pour lui laisser un coeur dont la surface n'est pas lisse et voluptueuse, mais au contraire taillée en biseau, pleine d'aspérités.
P.79
Les gens sont déroutés par les femmes qui ne sont ni exceptionnelles ni mariées ; ils ont l'air de penser que l'on doit être l'une ou l'autre. (p.108)
Il y a des quilts qui chantent les batailles d'un mari, d'un amant, d'un père ou d'un fils, qui leur rendent hommage.Une interminable succession de batailles, au fil des siècles, notées , enregistrées pour la postérité. Parce qu'il est immoral d'oublier. Ces événements ne sont pas glorifiés, simplement enregistrés. Tatoués sur le coeur; marqués au fer rouge dans l'histoire de la famille.
Hy eut envie de pleurer, parce qu'elle savait bien que ce qu'il venait de décrire, c'était justement ce qu'elle éprouverait en pensant à lui après sa mort - elle savait qu'elle passerait le reste de sa vie à pouvoir le sentir, à sentir sa présence auprès d'elle, sans pouvoir le toucher. (p.55)
Un quilt, bien qu'il forme un tout, sera toujours la somme de morceaux séparés, individuels. (p.96)
On peut survivre sans libération, mais on ne saurait vivre sans liberté. (p.177)
L'attente. Le pire rêve qu'il vous arrive de faire, la nuit, c'est d'être séparée de quelqu'un que vous aimez et d'être sûre qu'il se trouve en présence d'un danger, sans savoir où il est exactement.
Le patchwork met à profit tout ce qu'on jetterait normalement à la poubelle, les détritus, et il élimine le surplus, les chutes. Et de tous ces restes naît un objet nouveau et utile. (p.19)