Avec la participation des autrices Clou, Violaine Lison, de la poétesse et artiste du spectacle vivant Laura Lutard et de l'auteur Sylvain Levey.
Et la classe de Terminale du lycée Paul le Rolland, Drancy (93).
Un grand merci à la professeure Chéribène Dihb.
Avec la participation de Cécile Ribault Caillol pour Kibookin.fr
Avec la séquence La Tête dans les images
Atak, Pirates bric-à-brac, trad. de l'allemand Camille Gautier, éditions Thierry Magnier
Avec le soutien du Goethe-Institut Paris et la complicité de la galerie Arts Factory.
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Entre ces murs, ton passé tient dans une valise.
Du linge. Deux tableaux. Un vase. Quelques photos.
Mais lui n’est pas avec toi.
Tu l’a lâché et il s’est élevé au lointain, comme un ballon d’hélium.
Tu l’a lâché.
Sans doute pour mieux le rejoindre.
On ne peut retrouver que ce qu’on a su perdre. (p. 25)
Message de vous
L’attirance de la nuit je la connais. Je l’accepte. Je peux donc laisser tomber les bras et me laisser descendre dans le noir sans culpabilité. Parce qu’alors survient la lumière. La vie sait mieux que nous.
Allez bien. (p . 57)
Tu as cent ans aujourd’hui.
Un gâteau avec ton prénom dans la salle commune.
La famille chante.
Tu ne sais pas ce qu’on fête.
Moi : Quel âge as-tu, bonne-maman ?
Toi : Nonante-cinq ans… Non ! nonante-quatre ans…
Moi : Tu as cent ans aujourd’hui, bonne-maman.
Toi : Mais non… Tu ris en me regardant, comme si je t’avais fait une blague.
Depuis que tu es ici, tu n’as pas parlé de lui. Pas même prononcé son nom.
Lui. L’homme de ta longue vie. Mort avant toi.
Son visage est affiché dans ta chambre mais il échappe à ton regard.
Ou plutôt est-ce ton regard qui s’échappe.
Peut-être ne l’as-tu simplement pas emmené avec toi.
Peut-être n’est-ce pas ici sa place. (p. 23)
Je saute dans votre sillage, vos remous feutrés de couleuvre. Vous êtes ici chez vous. Au milieu des frênes et des charmes. Vous connaissez les bois comme votre ombre. Chaque pierre a un nom. Chaque feuille un visage.
Mer de fougères. Clan des cornouillers.
Hameau des pieds bleus.
Barrage des souches.
Vous semblez née ici. C’est ici que vous mourrez.
Vous furetez, rampez, butinez. Devenez fourmi, hanneton, grève, musaraigne. Vous parlez leur langue, empruntez leurs empreintes, habitez leur nid. Vous êtes des leurs. Mais vous restez vous. La femme cabane. la couturière. Mi-fée, mi-sorcière. Vous les côtoyez avec chaleur et pudeur. A distance. Et tout prêt. A la juste place. Au juste degré. Dans l’intervalle. L’embrasure des mondes. (p. 53)
Toi, regardant droit devant, par-delà la fenêtre ce soir, on va dormir dans les arbres.
Moi, dans le sillage de ton regard : D’accord, tu choisis lequel ? (p. 17)