Notre société est spéciste.
Tout le temps et partout autour de nous, les animaux servent de moyen pour nos fins, de trophées, de nourriture, de sujets d'expérimentation, de ressources, de souffre-douleur, de jouets. Nos gouvernants encouragent la chasse et même l'élevage industriel ; nos médicaments et nos produits ménagers sont testés sur des souris, des singes ou des lapins ; nous servons de la viande et du fromage à nos enfants dans les cantines ; nous nous vêtons de cuire et de laine ; nous tuons, entre amis, des carpes ou des chevreuils pour nous détendre ; nous enfermons dans de minuscules cages des oiseaux portés, après des millions d'années d'évolution, à traverser d'immenses espaces. Nous traitons les animaux d'autres espèce que la nôtre et leurs intérêts de manière désavantageuses, de manières discriminatoires, de manières qui nous sembleraient absolument révoltantes si, toutes choses étant égales par ailleurs, les individus concernés appartenaient à l'espèce humaine.
Discriminer signifie avant tout distinguer. Mais c'est seulement lorsqu'une différence entre des individus nous conduit à traiter les uns moins bien que les autres sans raison moralement valable que la discrimination peut susciter un intérêt philosophique, politique et juridique.
On a de bonnes raisons de penser qu'un être en mesure de souffrir est aussi doué d'une certaine forme de conscience de soi - une conscience de son propre corps puisqu'il doit pouvoir distinguer entre la douleur qui l'affecte et celle qui affecte les autres.