Chapitre 12 :
Marlowe
«… Quand enfin il ouvre la bouche pour s’adresser à moi, d’une voix rauque et sexy qui m’envoie des papillons dans le ventre, c’est pour me balancer une pique bien placée en désignant mon verre de soda :
– Pas d’alcool, hein ? On a peur de perdre le contrôle ?
Je fais d’abord mine de l’ignorer mais il continue son sarcasme :
– Dis-moi, t’as eu la permission de minuit, au moins ?
C’est bien mal me connaître s’il s’imagine pouvoir me déstabiliser aussi facilement.
– Je suis une grande fille qui sait se débrouiller toute seule, pas besoin de permission pour venir se risquer avec des méchants garçons comme toi.
– Méchant garçon, hein ? Tu devrais peut-être surveiller tes arrières…
– Ne te fie pas aux apparences, bad boy, tu pourrais être surpris.
– Oh, mais je ne demande que ça !
J’en ai croisé à la pelle des salauds dans ma courte vie, c’était même mon quotidien.
Alors accroche-toi, bébé, gare au retour de flamme ! … »
Elle est un paradoxe. Un coup discrète et sur la défensive, un coup provocatrice et pleine de repartie. Laquelle des deux est-ce que je préfère ? À vrai dire, aucune. J’aime les deux. L’une, remplie de douceur et de fragilité, réveille en moi un instinct de protection que je n’avais plus depuis huit ans. Depuis Kaï. L’autre, des flammes dans les yeux et portant l’armure d’une guerrière, me donne l’impression d’être vivant.
Chapitre 3 :
Marlowe
Cinq ans plus tard
«… Inspire, expire, Marlowe !
Inspire, expire…
Inspire, expire… Ffffffff…
Encore ! Jusqu’à ce qu’enfin je retrouve un souffle régulier.
Hier, j’avais 18 ans, j’étais Alicia McKinley, fille du procureur général McKinley et héritière de l’une des plus riches familles du pays.
Aujourd’hui, j’ai 23 ans, je suis Marlowe Andrews, serveuse fauchée dans un bar de Brooklyn et sans aucun avenir. Je ne suis plus rien…
La vie m’a appris la plus dure des leçons !…»
JJe ne suis émotionnellement pas disponible ni intéressée. Je ne recherche pas de sexe non plus. Je ne suis plus qu’une coquille vide. Une relation serait un risque trop grand tant pour mon corps que pour mon cœur et je me refuse à le prendre à nouveau.
Quelqu’un qui a marqué mon cœur, mon âme et même ma peau à jamais et à qui je pense chaque jour que Dieu m’accorde. La seule exception à tout ça, c’est Dex ! Mon ami, mon garde-fou, mon frère de cœur ! Notre amitié est scellée par un passé sinistre.
Le genre bourrin, attaché qu’à lui-même et qui se contrefout des autres. C’est ce qu’il montre, non ce qu’il est.
Je sais qu’il n’en est rien et ça se voit aussi dans ses dessins: il sait lire les âmes.
Tu as surtout un ego de la taille du Texas. Soit dit en passant, approche-moi d’un peu trop près et tu risques d’avoir mal aux couilles pendant quelques jours. J’ai un très bon coup de genou.
Il sera le halo dans mes ténèbres et je serai le pardon dans son purgatoire. Lui, l’ange noir du chaos déchu, et moi, son ange blanc de la rédemption
Ne serait-ce justement pas la plus belle des qualités que d’avoir su “me voir” plutôt que de seulement me regarder.