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Citations de Thierry Metz (241)


Je rêve d'un jardin: pauvre, à peine entretenu, pas grand, cerné de murs, dans une rue qui monte. On y accède par cinq petites marches. On pousse une porte que j'ai bricolée avec du grillage, des bouts de bois, un restant de peinture bleue. Il y a une lanterne noire accrochée à une perche. L'été, j'allume une bougie pour les papillons. Contre le mur, au fond, à droite, j'ai construit une tonnelle avec des chevrons et des planches. Le toit est goudronné mais il faudra que je mette des tuiles quand j'en trouverai. Dedans, j'ai placé une table ovale et des chaises un peu tordues, un meuble bas récupéré dans une décharge, un vase blanc à long col et d'autres récipients en argile ou en verre. Au mur, contre la pierre, comme un tableau, j'ai fixé une fenêtre, une vraie fenêtre pour voir ce qu'on veut, pour désigner, peut-être, une sorte d'inaccessible, une autre parole, une autre image, la trace inventée d'un mot absent, quelque chose au-dedans d'éclairé qui se sépare de nous momentanément. La fenêtre des morts. Mon jardin est une dissonance faite d'objets et de plantes, de choses dénichées ici et partout, reprises, recomposées, sauvées de l'incertitude et de la fatigue où sont les gens. Ainsi, par quelques trouvailles ordinaires, on retrouve les accords élémentaires du monde et du ciel. On y voit tout le reste.

( Extrait de "Un jardin dans une rue", 1991 )
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Un avril d'oiseaux s'éveille dans les arbres. Qui sait où je vais? Pas un nuage, seulement le chemin de castine puis le bois. Je rôde par là vers rien. Dans cette lumière qui me cherche comme une ombre. Seule, agaçante, une abeille me tourne autour. Mais chacun des mes pas compose un chemin.
Ce n'est que moi. Né d'une fougère.
Promeneur sans bâton.
Toujours lui, jamais le même. Une branche, peut-être de l'indiscernable.

1995
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Tendre le bras, l’élever, c’est cueillir ce fruit haut placé–c’est arrivé avant les oiseaux. Avant les étoiles.
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Je voulais marcher, c’est tout. Sortir un instant de ces besognes qui n’écoutent pas ce que nous sommes.
Marcher, dériver…
Lentement j’ai suivi le soleil…
Lentement…
Qu’importe ce que j’ai trouvé. Du vent et des ombres. Je passais.
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Croiser ta voix c'est entendre, au loin, un ruisseau.
C'est aller y chercher de l'eau, t'en donner.
Et seulement du bout des doigts, connaître la soif.
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Un peu de jour
pris
par la fenêtre
le monde et quelque chose
comme un instant de verdure
de renoncement
tout le livre ouvert maintenant
et l'oiseau
mais ce qui fut jardin
en un temps
hors des limites
comme est la mort
un temps de clôture
pour que puisse entrer
une autre idée de l'oiseau sur le sol
un peu de ciel.

.
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Dès l'aube, ne trouver dans le lit qu'un peu de soleil, que le jour qui se lève. Et les graines que j'avais laissées dans tes mains.
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Tu viens me rejoindre. Tu es là. Je t'aime.
Tu m'apportes quelques beignets dans une assiette. Du cidre. On parle un peu. On a le temps aujourd'hui. Qui pourrait venir ? Et moi je n'ai pas à m'absenter...
Te regarder.
T’écouter.
C’est tout.
Tu vois : nous sommes pauvres.
Tu es l’aile que l’ange envie dans sa ténèbre.
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Le chef est italien, dur d'accent, dur de caractère. [...]
Il manie la pioche comme un bâton [...]
Ses mains déployées en disent long.
Il parle peu mais toujours du travail. D'une coulée de gestes qu'il dirige vers nous par le plus court chemin.
Discuter l'énerve, le déconcerte.
- Tu connais le travail ? Alors si tu connais le travail, tu le fais. Pourquoi me raconter des histoires? Tu dis que t'es maçon ? Et tu fais un travail qui n'est pas de niveau ! Autant appeler un passant dans la rue...
Il parlait d'un homme que l'entreprise avait embauché sur un autre chantier. Et qu'ils n'ont pas gardé.
Ici on n'attend pas. Il faut suivre ou rester avec les oiseaux.
Ici on ne trace pas l'arc-en-ciel autour de sa soif.
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Je ne cesse, moi, de sillonner , de
bouger l'enclume.
Et dès que je suis seul
comme ici
je m'étoile.
Je couve.
Je découvre une voix
qui n'a pas dormi.
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25 juillet - Il fait chaud à ne pouvoir dormir. Les matins commencent tôt et avec l'habitude... Je me suis levé avec le coq pour réveiller un liseron près du grillage puis j'ai marché pieds nus vers d'autres herbes.
Pas de jardin ici, rien d'entretenu, aucune fleur savante, domptée. Pourquoi faire ? L'ortie géologue est partout, ce qu'elle sait de la terre et des autres plantes : il suffit de lui demander. Mais demander provoque la morsure, qui fait rougir, qui brûle.
Le manœuvre ne sait désigner que la friche, c’est là qu’il travaille avec les éléphants, les pelleteuses – avec les mots d’une préhistoire. Qu’irait-il faire, pour l’instant, dans un jardin ?

J’écris dans l’ortie, pas dans la rose. Pas encore mais j’y viendrai. La prochaine étape si elle a lieu : c’est le tournesol.
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POÉSIES 1978-1987


À l'arrêt des musiques
Quelques corbeaux bâillent
Et descendent en boitant
Sur une neige impossible
Qui se saigne à mourir
De n'avoir plus le temps
le temps d'enfiler le long
manteau des mimes.
                    1978

p.30
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pour Georgette ,
la voix claire mais un peu cassée du sourcier.

Thierry

le 12/5/90
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La feuille sera petite
et le mot très mince
là où je pince le cahier
mon regard émietté
sait une branche
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LE SOMMEIL DES APÔTRES (extrait)

... Le désespoir , c'est le village courbé derrière son
rideau de nez brûlés
et de bouches malades,
c'est le village qui me balade sous les linges de la pluie.
Le village qui perd ses tuiles d'automne, ses rigoles de promeneurs,
ses fontaines perlées de vigiles verdis et fragiles
Le village avec ses cinq doigts brûlants aux bornes desquelles

je dépose mes bagages,
C'est quand je remonte une rue de petits pavés
frétillants, malins comme des sourires de crevettes
quand j'ouvre un panneau de dentelle jaunâtre
un jupon de maison,
une toison de fenêtre,
quand son corps lisse et blanc me murmure les
silences de son veuvage,
l'immobilité dallée de sa fraîcheur de pierre,
ses odeurs de terre vécue, de tissus lointains,
de bois tordus et casaniers, l'atteinte soufflée d'un cœur de feu.
Le désespoir des gueules d'hameçon installées à la
terrasse des ferments d'orgueil...
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Ne savoir où aller, me mène où je veux.
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22 juillet - Sous l'étoffe trop simple et qu'il veut trop gaie, Bernard cache une colère. Il la joue dans un rire qu'on dirait suspendu, comme à une branche, mais d'où s'échappent des frelons quand on l'enfume.
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Peut-être ne sommes-nous conviés
qu'à de blancs apprentissages.
Brièvement. (p. 17)
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La terre que cherche le manoeuvre l'enferme dans une aventure qui efface sa personne, le laisse nu dans sa parole. (p.72)
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Le petit escalier de ton nom me suffit, qui mène au framboisier, à la tanière d'un mot.
Qui respire.
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