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Citations de Sorj Chalandon (2604)


Longtemps, Jacques Rougeron a relu ces phrases. Presque toute la soirée. Après dîner, il a recopié la définition toute entière dans son cahier à mots. Puis il s'est entraîné à dire évanescent. E-é-é-é-é-é-va-va-va-va-va
Il a prononcé chaque lettre lèvres ouvertes, séparément, en groupe de deux, puis de trois, avant de les assembler en bouche et de les claquer en langue. Et Jacques a répété. une fois, une autre fois, une fois encore. Il a répété jusqu'à ce que le mot soit une leçon apprise, un refrain de chanson, une rime de poésie, un nom commun, ou outil de plâtrier. Il a répété jusqu'à pouvoir le dire. Et puis il l'a su. Alors il s'est couché. Et il s'est endormi.
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J'ai refusé en lui prenant les mains. Elle a haussé les sourcils, ouvert la bouche. D'accord. Elle entendait. A plus tard, alors ? Mon amour, mon blessé, mon revenant. A plus tard, mon mari pour toujours.
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Simple et nécessaire.......
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Je délivrais un message qui n'était pas le mien. Je défendais un projet que je n'avais pas initié mais j'exécutais les dernières volontés d'un mourant. Et pour lui, cet homme, cet ami, ce frère, j'étais prêt à prendre tous les risques.
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- Sors de là, Georges !
Nous roulions le long de la côte. Le soleil se levait derrière les collines. Juste après le virage, un tank syrien couleur sable, embusqué, immense. Il nous barrait la route. Mon Druze a juré. Il a freiné brusquement. Je dormais. J'ai sursauté. Il a paniqué, fait marche arrière sur le talus qui surplombait la mer. La carapace s'est réveillée. Presque rien, un souffle. Le métal du canon qui pivote.
- Mets-toi à couvert, putain!
J'ai plongé la main vers la banquette arrière, pris mon sac, cherché ma veste, mon passeport, sans quitter la mort des yeux. Et puis j'ai renoncé. La gueule d'acier nous faisait face. Vacarme dans ma tête.
- Il ne va pas tirer !
Il ne peut pas tirer sur un taxi! Un losange rouge et un rond jaune étaient peints sur la tourelle. Figures familières de tableau d'écolier. Et aussi trois chiffres arabes au pochoir blanc. Marwan traversait la route, courbé en deux. Il marchait vers l'abri, un garage fracassé. Les murs étaient criblés d'éclats, noirs de suie. J'ai ouvert ma portière, couru bouche ouverte vers la ruine béante.
- Quand les obus tombent, ouvre la bouche, m'avait dit mon ami la première fois. Si tu ne décompresses pas, tes tympans explosent.
Lorsque je suis entré dans le garage, il ressortait en courant.
- J'ai laissé les clefs sur le tableau de bord ! Les clefs ?
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- C'est confortable ?
Il a désigné mon ventre d'un geste. J'écrasais son arme, crosse contre ma cuisse et chargeur enfoncé dans mon torse. Je m'étais jeté sur un fusil d'assaut pour échapper à un obus.
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- Il va mourir, il est déjà mort. Il n'a plus d'espoir, plus d'avenir, plus aucun matin devant lui. Il va partir dans un monde vaincu, avec pour cohorte des millions de victimes et d'esclaves. Il ne sait pas. Il ne saura jamais ce que sera demain. Il ne sait pas si son combat a été vain. Si sa mort aura une valeur. Regarde-le, Georges. Il va mourir. Il ne peut plus rien. Mais il rêve encore de lacérer un soldat. Regarde comme il est calme. Comme il est beau. Il ne leur promet rien d,autre que la mort.
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À ceux qui disaient que les gars d'Ordre Nouveau étaient des barbares, je répondais que c'était la guerre. Ils attaquaient, nous répondions. Pour un œil les deux yeux, pour une dent toute la gueule. Leurs armes n'étaient pas plus inhumaines que les nôtres, leurs tactiques pas plus monstrueuse. Nous étions frétés de violence. Alors non. Ne pas crier à la férocité. Surtout pas.
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J'ai tremblé à mon tour. Mon corps, sans retenue. J'ai pleuré. Tant pis. J'ai senti cette fois sa jambe venir en aide. Je savais que mes frissons l'irradiaient. Que mes larmes secrètes remontaient à son bras, à sa main, à son doigt, posé sur le pontet de détente.
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