Et là bas, dans la nuit du martyre et de la captivité, la voix pathétique qui leur répond, c'est la voix des morts du combat souterrain de la France, élite sans cesse décimée et sans cesse renaissante de nos réseaux et de nos groupements, otages massacrés de Paris et de Chateaubriand, fusillés dont les lèvres closes sous la torture ne se sont descellées qu'au moment du supplice pour crier : "Vive la France !"
Je vais être fusillé à onze heures avec mes camarades. Nous allons mourir le sourire aux lèvres, car c'est pour le plus bel idéal. J'ai le sentiment, à cette heure, d'avoir vécu une vie complète. Vous m'avez fait une jeunesse dorée : je meurs pour la France, donc je ne regrette rien...Jeudi, j'ai reçu votre splendide colis ; j'ai mangé comme un roi. Pendant ces quatre mois, j'ai longuement médité ; mon examen de conscience est positif, je suis en tout point satisfait. Bonjour à tous les amis, à tous les parents. Je vous serre une dernière fois sur mon coeur.
Le Général pour des considérations de sexe considère comme inopportun mon départ là-bas... Ce qui est dégoûtant, c'est la raison, si c'est parce que je suis une femme, il y a de quoi se tuer !
J'ai tenu cependant à défiler, le coeur déchiré par vos absences mais la tête haute car je voulais vous représenter.
Elle pensait : pourquoi les femmes ne font-elles pas la guerre ? Pourquoi sont-elles toujours vouées, par les lois masculines, à ces rôles obscurs de ravauderie, de maternité, de cuisine et d'amour, alors que tous nous incite, par les livres et les films, à vivre une existence exceptionnelle ?