Sage Marlowe

Le souvenir de Julian revint sur la large boîte d’accessoires qu’il avait découverte dans la penderie de Romeo, la première nuit qu’il avait passée à l’appartement. Des cordes, des vêtements noirs, le genre dont il savait, par expérience, que c’était ce que Romeo préférait porter lors de ses cambriolages, et le pire de tout, une pile de faux passeports avec de fausses identités sur une existence dont Julian n’avait pas la moindre idée. Pendant un moment, il avait vraiment cru qu’il avait découvert et grillé tous les nombreux alias de Romeo, mais de toute évidence, il avait eu tort.

Romeo tressaillit et blêmit. Il détourna son regard de Julian.
- Je te jure, ici et maintenant, que je ne m’apprête pas à faire quelque chose d’illégal.
- Oh, et tu penses que je vais te croire, juste comme ça ?
- C’est ton chois de me croire ou pas.
- Ça l’est vraiment ? demanda Julian, peu disposé à accepter ce qui se passait.
- De quoi ?
- Tu es un voleur. Je sais que tu mens pour vivre, mais tu m’as dit que tu n’avais jamais menti. Est-ce la première fois que tu le fais ?
Un muscle tressauta dans la joue de Romeo. Il cligna des yeux.
- Non. Quand je t’ai dit que je ne t’avais jamais menti, j’étais sincère, comme je le suis quand je te dis que je ne te mentirais jamais.
- Oh, Romeo, soupira Julian en réalisant distraitement qu’il utilisait ce nom dans un moment intime pour ce qui devait être la première fois. Tu es bon. Tu as du talent pour mentir et j’aimerais honnêtement pouvoir y croire, mais je ne peux pas. Pas quand mon instinct me dit que c’est seulement une partie de ce que tu as prévu depuis le début.
Même dans la faible lumière que le réverbère projetait dans la chambre, Julian put voir la lueur révélatrice dans les yeux de Romeo tandis qu’il secouait la tête.

— Et euh… qu’est-ce qui s’est passé avec ton mec ? demanda Caelan d’une voix douce, se détendant un peu plus sous les caresses de Dean.
— Comment tu sais que j’étais avec un mec ?
Le regard que lui lança Caelan brillait d’amusement.
— Hum, par où dois-je commencer ? D’abord, j’ai plein de potes hommes et aucun ne me toucherait les cheveux, du moins pas de la manière dont tu viens de le faire, et encore moins un mec qu’ils savent gay et qu’ils ont rencontré moins de quelques heures auparavant. En plus, je ne suis peut-être pas sorti depuis un moment, mais je remarque quand même quand on me mate.
— Oh désolé. Et dire que je pensais que j’étais modérément discret.
— Euh oui, rigola Caelan, à peu près aussi discret qu’un strip-teaseur dans un monastère.