Comment expliquer à des bidasses travaillés par la chaleur et les hormones que vous avez trouvé la femme de votre vie et que plus rien ne vous intéresse ? Impossible ! Allez leur faire comprendre que, sous la cuirasse de muscles et d’abdominaux durs comme l’acier, bat un cœur de jouvenceau, une petite chose toute molle et défaillante qui, dès qu’elle entend « Lyson », s’emballe, bringuebale et se déglingue.
Qu’elle était belle ainsi, plantée sur son axe ! Cou ployé en arrière, elle lui offrait l’élan de son menton, les veines de son cou, les drupes agitées de ses seins en tempête, les à-coups de ses hanches soudées sur son bas-ventre et toujours ses cheveux qu’elle nouait d’un ruban, papillon captif ligoté sur sa nuque et qu’il s’amusait, complice passionné, à faire s’évader.
Le coquinement virtuel, sous la poussée lente et subtile des confidences mêlées à la régularité quasi journalière des messages, a cédé, faisant place à un état d’esprit proche de l’amour naissant.
Les histoires évoluent, prennent des chemins détournés, mais aboutissent invariablement sur une clairière pleine de soleil. Que c’est bon ! Et puis, ils se font rire et c’est magnifique.
Leurs retrouvailles étaient des brasiers, leurs séparations des déchirures. Les courriers qui s’ensuivaient auraient, normalement, dû mettre le feu aux dépositaires des mots qu’ils échangeaient. La boîte aux lettres, le centre de tri, l’avion qui traversait les mers et les montagnes, tout cela aurait dû flamber.
Il a goûté son sexe comme dans leurs nuits sans lune, retrouvant au grand jour sa senteur minérale. Puis, elle s’est offerte et il l’a prise. Avec une lenteur absolue, une houle de marée apaisante, apaisée, une attention de tous les instants. Elle a gémi, elle a saigné. Elle a souffert.
Parfois, l’un comme l’autre éprouvent le besoin de se confier et affleurent alors, sous les mots, les êtres et leur vécu grisâtre. Mais en général, le réel s’estompe rapidement et bascule rapidement dans les virevoltes sexy, voir dans l’outrageusement osé.
Le parfum excessif, mais vaut mieux sentir bon.