Citations de Roland Habersetzer (16)
Cette énergie (QI [chi] ) est ce que l’on appelle dans les arts martiaux orientaux « l’énergie vitale ou le souffle vitale » et est bien au-delà de la simple énergie musculaire.
Wu-wei réfère à la non-action, à la non-ingérence, au lâcher-prise (le wei est une action qui contrecarre le rythme des choses). Ce n'est ni l'indifférence ni le laisser-aller, c'est la recherche du naturel, de l'ouverture d'esprit, du détachement des choses et, plus loin, de la tolérance, de la souplesse, de l'abnégation du " moi " en tant que créateur d'illusions, donc ennemi du vrai. Wu-wei vise à l'état sans désir, à la quiétude, à la sérénité, facteur de réalisation.
La paille peut-elle arrêter le torrent ?
Ce fut le massacre.
Les derniers chrétiens affamés, à bout de forces, tenant à peine sur leurs jambes, trébuchant sur leurs propres morts et agonisants entassés, faisaient barrage sur les derniers bouts de murs croulants avec ce qui restait, pierres, poutres, chaudrons, ustensiles divers, quelques armes dérisoires qu'ils pouvaient encore à peine soulever alors qu'ils se voyaient sombrer dans la nuit.
- Il faut crever cette poche à venin... le poison n'a que déjà trop infecté le Kyushu, et est en train de remonter vers le Nord... Il faut éradiquer une fois pour toutes cette religion étrangère !
- Vous savez bien Motogawa-sama que cette religion n'a pu proliférer qu'en réponse à la misère et aux taxes, puis aux exactions qui ont suivi. Et si on les tue tous, qui replantera toutes ces terres au printemps ?
Masuda Shiro se sentait gêné pat tous ces regards qui le dévoraient avec avidité et respect.
Il promenait un regard fixe et un sourire timide sur la foule bruyante de fermirs et de paysans, d'hommes et de femmes de tous âges, parfois accompagnés d'enfants, parfois armés, qui s'étaient précipités à sa rencontre dès qu'ils avaient su qu'il avait débarqué sur l'île en compagnie du vieux samouraï infirme Matsuda Shigenobu. Il en venait encore, de partout, en un flot continu, sur fond de prières et de bribes de cantiques chrétiens. Shiro se sentait comme happé par une histoire qui, il ne pouvait plus en douter, était en train de devenir définitivement la sienne.
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- Tendo... Tendo..., c'est le Fils du Ciel..., l'Envoyé !
- Le Messie..., regardez, il a l'air d'un ange...
La foule murmurait, comme extase, puis s'enhardissait et tentait de rétrécir le cercle que les guerriers se Shigenobu avaient du mal à maintenir aurour de Shiro.
Tant d'hommes meurent avant d'avoir su qu'ils ont vécu.
Car ceux qui continuaient à rester fidèles à la religion de Yaso avaient maintenant davantage besoin d'un glaive que d'une croix.
Quelques années de concessions à une mode effrénée et de braderie de l’essentiel, pour les besoins de résultats immédiats, risquent fort d’avoir sur l’art traditionnel du Kung-Fu une puissance érosive bien plus néfaste que celle de siècles d’existence diffuse.
Pour beaucoup il est devenu un art à part entière (Kung-Fu du Nei-Jia). Pratiqué au niveau interne ou externe, un Kung-Fu sans corrélations étroites avec cette énergie interne tomberait dans une banale forme physique, dont toute âme serait absente. C’est le danger évident d’une boxe chinoise contemporaine qui, pour les besoins d’un développement de masse encouragé par quantité de promoteurs aux motivations souvent par trop claires, tourne de plus en plus à un simple sport de combat rejoignant la cohorte de tous les autres, avec les mêmes carences et les mêmes tromperies.
Ce qui fait parfois douter du sérieux et de la véracité de certaines prouesses rapportées des temps anciens, lorsque d’authentiques maîtres de Kung-Fu réalisaient des faits hors du commun grâce à la maîtrise de leurs ondes énergétiques (comme par exemple de stopper un adversaire à distance, de le faire tomber en état de choc en posant simplement la main sur lui, ou de résister sans effort apparent à la poussée conjuguée et sauvage de plusieurs adversaires). Même en faisant la part des légendes et celle du rêve, le Qi Gong conserve un intérêt réel qui n’échappera à aucun pratiquant de Kung-Fu désireux d’aller aux racines de sa pratique.
Le Qi Gong est au centre des préoccupations d’un pratiquant de Kung-Fu, tellement même, que les nombreuses questions auxquelles on se trouve confronté dans ce domaine ont provoqué bien des réponses hâtives et « fumeuses », s’appuyant sans vergogne sur la naïveté et la crédulité des gens.
La maîtrise de cette « énergie interne » (Qi Gong), qui circule dans le corps à travers les 12 méridiens (Qing) ainsi que dans les deux canaux médians Tou Mai et Jen Mai, est un art en soi.
Le Dian Xue (Tien Hsueh) est donc avant tout l’art de concentrer l’énergie d’un coup frappé dans le temps (vitesse d’application) et dans l’espace (précision du coup) sur une zone anatomique vulnérable.
" Quand un homme est dans son jeune âge,
II ne comprend habituellement par le Dao.
Et même s'il en entend parler ou le connaît par les livres,
Il conserve des réticences et ne le pratique pas.
Lorsque vient la vieillesse vulnérable,
II voit alors l'importance du Dao Mais il est souvent trop tard
Car la maladie l'empêche d'en éprouver les bienfaits. "
Trois principes convergent dans ce sens : celui du wu-wei (" le non-agir " : ne jamais forcer en rien pour ne pas contrecarrer par des gestes intempestifs le rythme naturel des choses; ne pas faire, mais laisser SE faire), celui du wang o (faire le vide en soi, s'oublier soi-même, afin d'être réceptif), celui du tzu jan (l'efficacité du spontané, de l'immédiateté).
N'utilise pas ta force comme un acier durci; il n'y a pas de dureté qui ne puisse être détruite.