Il va revivre. Parce qu’une petite partie de lui s’est accrochée à une partie de moi, et que cette petite partie, c’est Paul. C’est ses cheveux en désordre, ses yeux noirs, sa peau foncée. Son sourire aussi. Puis sa colère. Puis son amour pour la nature, et les Laurentides. Puis aussi sa passion pour la moto. Tu vois, c’est tout ça que j’ai dans le ventre, et qui veut se mêler à moi. J’ai même déjà commencé à parler comme lui. Déjà je suis moins sage, puis moins raisonnable.
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- Paul est pas mort, tu comprends ? Une partie de lui est encore vivante, là, dans mon ventre. Tu te rends compte de ce que je dis là ? Grâce à moi, il est pas mort. Il va revivre. Parce qu’une petite partie de lui s’est accrochée à une partie de moi, et que cette petite partie, c’est Paul. C’est ses cheveux en désordre, ses yeux noirs, sa peau foncée. Son sourire aussi. Puis sa colère. Puis son amour pour la nature, et les Laurentides. Puis aussi sa passion pour la moto. Tu vois, c’est tout ça que j’ai dans le ventre, et qui veut se mêler à moi. J’ai même déjà commencé à parler comme lui. Déjà je suis moins sage, puis moins raisonnable.
Et là, rien ne semblant l’arrêter, Ève s’emporta:
- Imagine ! Je suis pleine de Paul. Pleine de ce qu’il m’a donné et que je désirais tant. Pleine pour de vrai ! J’me sens responsable de ce que je porte là. J’me sens importante aussi. Un enfant à moi ! Penses-y ! Pouvoir le cajoler, le dorloter, l’aimer. C’est si beau. Parce que Paul, il m’a aimée, tu comprends ? Bien sûr, maman et papa aussi, ils m’ont aimée. Mais ils ne m’ont jamais désirée, eux autres. Comme Paul, j’veux dire. Paul me désirait, lui. Avec Paul, j’étais une femme. Pas une enfant !
- Paul est pas mort, tu comprends ? Une partie de lui est encore vivante, là, dans mon ventre. Tu te rends compte de ce que je dis là ? Grâce à moi, il est pas mort. Il va revivre. Parce qu’une petite partie de lui s’est accrochée à une partie de moi, et que cette petite partie, c’est Paul. C’est ses cheveux en désordre, ses yeux noirs, sa peau foncée. Son sourire aussi. Puis sa colère. Puis son amour pour la nature, et les Laurentides. Puis aussi sa passion pour la moto. Tu vois, c’est tout ça que j’ai dans le ventre, et qui veut se mêler à moi. J’ai même déjà commencé à parler comme lui. Déjà je suis moins sage, puis moins raisonnable.
La lune se lève sur la ville. Elle est ronde. Posé sur l’horizon, son gros œil rouge lance ses premiers rayons dans la nuit qui commence. Frissella, assise au sommet d’un arbre, s’illumine peu à peu. Le bleu de sa robe et le bleu de sa peau se teintent de lumière douce et chaude. Elle attend. Nerveuse, elle attend que la lune devienne blanche et haute, petite et froide...Elle attend son heure.
La Joyeuse maison hantée est une clinique de thérapie. Mais pas n’importe quelle sorte de clinique : elle est réservée aux créatures fantastiques. Tous les dragons, ogres, vampires, sorcières, monstres, fantômes, trolls, chats de sorcières et autres y sont les bienvenus. Au moindre problème, le docteur Sigsig s’empresse de les soigner.
Manuel chevauche un petit camion à six roues qu’il propulse avec ses pieds dans le corridor central. Au bout du corridor, il donne un violent coup de volant pour faire un tête-à-queue. Des rayures marquent le plancher de bois franc. Ses parents le supplient de se calmer.
En présence de ce garçon, impossible de rester calme. En plus, elle est inquiète à cause de l’extrême importance de sa mission. Va-t-elle encore laisser passer la nuit sans rien faire ?...