Tu es une jeune femme très intelligente, Thalia, dit doucement Raina. Tu as un esprit d’analyse étonnant et un talent inouï pour comprendre les gens, ce qui les fait tiquer et pour faire le lien entre les actes, les motivations et leurs conséquences. Ce sont des talents inestimables dans notre monde. Konstantin cherche à t’utiliser comme un pion pour gagner cette guerre. Mais quand il est bien joué, un pion peut devenir une reine. Et la reine est la pièce la plus puissante de l’échiquier.
— Qu’est-ce que tu fais, Jade ? demanda Laura, la peur et la confusion s’insinuant dans sa voix.
— Ramasse tes affaires, dis-je d’un ton sec. Tu vas passer le reste de la Brume dans le bunker.
— Quoi ? demanda-t-elle sur un ton incrédule. Elle me dévisagea, bouche bée, tandis que je faisais un paquet avec ses draps et ses oreillers.
— D’accord, j’ai sérieusement merdé, mais tu ne peux pas simplement m’enfermer dans le sous-sol comme une enfant indisciplinée.
— Désolée ?! Tu crois être désolée ? hurlai-je. En ce moment, j’ai envie de t’étrangler. Tu avais UNE putain de chose à faire et c’était de t’assurer que ta saloperie de fenêtre était fermée ! Mais tu étais bien trop obsédée par ton putain de téléphone, dis-je d’un ton cinglant en pointant d’un doigt furieux l’appareil qu’elle tenait encore dans sa main. Tu es tellement irresponsable et tu as eu l’audace de faire l’impertinente quand je t’ai demandé d’aller revérifier. Tu nous as presque tuées toutes les deux. Laura tiqua et se replia davantage sur elle-même à chacune de mes paroles cinglantes. J’avais honte d’engueuler ma sœur de la sorte. En dépit de tous ses défauts, je n’avais jamais disjoncté de la sorte avec elle. Mais la terreur continuait de courir dans mes veines, ainsi qu’une partie de ce Mistwalker.
Cette année marquait le quinzième anniversaire de l'horrible jour qui avait changé le monde. Personne ne savait exactement ce qui avait provoqué le déchirement du Voile qui avait ouvert des portails entre notre monde et celui mystérieux de la Brume. Toutefois, nous étions tous persuadés que nos gouvernements étaient impliqués d'une manière quelconque. Il s'agissait fort probablement d'une expérience qui avait mal tourné. Évidemment, personne n'avait avoué. Cependant, compte tenu qu'absolument tous les pays de la planète avaient été frappés, les théories du complot laissaient sous-entendre qu'il s'agissait d'un effort concerté de nos leaders mondiaux. L'alternative, soit l’hypothèse qu'un seul pays en était responsable, donnerait à celui-ci un encore plus grand motif pour garder le silence. S'il était exposé un jour, ce pays ne se remettrait jamais des demandes de réparation que lui ferait le reste du monde.
Il flotta gracieusement jusqu’à la fenêtre, son regard plongé dans le mien. Il posa ses deux paumes d’ombre contre la vitre renforcée, son visage aux traits indéfinis presque collé sur elle.
— Bonjour, Naïma… T’es-tu ennuyée de moi ? Je hoquetai et ma main vola à ma gorge en entendant résonner à l’intérieur de ma tête cette voix surnaturelle. Même s'il ne possédait aucune bouche visible, j'aurais pu jurer qu'un sourire malicieux était apparu sur son visage. Les longues griffes acérées de sa main droite se mirent à taper sur la surface de la vitre. Mon cerveau se figea et un frisson glacé me parcourut l'échine en reconnaissant le motif rythmique. Mon harceleur éthéré l’avait tambouriné sur mes volets chaque jour de la Brume pendant les années qui suivirent ce jour fatidique. Il avait tenté de m'attirer à l'extérieur pour terminer ce dont ma fuite l'avait privé. Mon Cauchemar m'avait retrouvée.
Cette terre appartenait à ma famille depuis douze générations. Le ryspak, un fruit très convoité pour ses propriétés médicinales et anabolisantes, était au centre du régime alimentaire xélixien, et constituait l’exportation principale de notre planète. Nous possédions la plus vaste partie des terres du District de Xélhan – ou de tout autre secteur. Des terres non-infectées signifiaient que nos récoltes se vendaient à un prix plus élevé. Inutile de dire que les nôtres suscitaient l’envie. Au fil des ans, les offres d’achats prirent des tournures de moins en moins amicales. Mais ils ne pouvaient pas me forcer à vendre sous la menace.
— Elle suscite toujours cette... réaction d’union en toi ? demanda-t-elle doucement.
Je hochai la tête.
— Alors ne perds pas de temps. Quoi qu’il arrive, tu n’auras aucune chance si tu n’essaies pas. Je ne peux pas aller là où tu vas. Mais où que tu finisses, il serait bon pour moi de savoir qu’une gentille dame s’occupe de toi.
— Je ne suis pas un enfant, dis-je en fronçant les sourcils.
— Tu es un homme. C’est la même chose.
Il espérait qu’en développant une relation d’amitié avec ces femmes, cela nous découragerait de tenter quoi que ce soit qui mettrait leur bien-être en danger. Cette mesure avait été inutile. Les cris de souffrance et de désespoir des femmes punies pour mon escapade avaient laissé une cicatrice permanente dans l’esprit de l’adolescente de quinze ans que j’étais à l’époque. Plus jamais je ne risquerais la vie des autres pour mon bénéfice personnel.
Je commençai à me déshabiller, me sentant gênée alors que je retirai ma robe. Il me dévora du regard. Son expression à la fois affamée et émerveillée me coupa le souffle. Mes mamelons durcirent en réponse à son désir évident. Tout à coup, je n’étais plus aussi mal à l’aise de me dévêtir. J’aimais la manière dont il me regardait et pris tout mon temps pour retirer mes sous-vêtements, me délectant de sa fascination pour mon corps.
Les femmes Pures sont des trésors nationaux puisqu’elles seules peuvent donner naissance à des filles Pures. Elles s’accouplent uniquement avec des hommes Purs. Mais il y a trop peu de ces femmes pour répondre à la demande.
Je peux t’apprendre tout ce que tu as besoin de savoir et tu peux m’apprendre ce qui te plaît. N’oublie pas qu’il ne se passera jamais rien entre nous sans ton consentement. Tu n’as qu’à me dire d’arrêter.