La couverture nuageuse a avalé la lumière de la lune.
Avec l’obscurité, il est difficile de se souvenir des choses, parce que quand le soleil n’est pas là pour créer la différence entre le jour et la nuit, le temps n’est qu’une masse noire, infinie.
Le vent s'insinue jusqu’à l’intérieur de la maison parce qu’il cherche un endroit où il serait chez lui. Il touche les choses. La plupart sont trop lourdes pour que le vent les soulève. Il touche au couteau et à la pelle, il touche aux tapis et aux chaussures, il touche aux seaux de maïs, mais il ne parvient à soulever que les feuilles, les feuilles brunes et sèches dans la pièce du devant. D’abord elles se soulèvent dans un coin, puis dans un autre. Le vent tourne dans la pièce et tape légèrement dans les feuilles comme pour dire : Me voici, j’emménage, puis-je habiter ici avec toi ? Puis tout à coup, le silence se fait. Le vent hésite, retient sa respiration comme s’il attendait une réponse, et alors d’un seul souffle violent, il détache le sac en plastique de son clou et détruit le sommeil.
Marcher est si facile quand on chante, un rythme chuchote derrière les mots de la chanson : avance, avance, avance et les pieds suivent.
Cela lui semnble bien de laisser sa maison en ordre, même quand on ne revient pas.
Plus la journée avance, plus il est difficile de chasser les pensées, et c’est avec les pensées que vient le doute.