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La nouvelle Priscille ne rougit plus, dit quand elle n'aime pas comme quand elle adore, drague et se fait
draguer par des hommes intéressants, certains handicapés, d'autres pas. Accepter ce corps différent m'est néanmoins très difficile, dire le contraire serait mentir. Mais, je ne sais par quel cadeau du ciel ou hasard, la rame de métro qui m'a roulé dessus a totalement épargné mon visage et mon buste. J'ai été coupée en deux et ma nouvelles apparences dérange ou fait fuir certains, lorsque, chaussée de mes prothèses en fer, vêtue d'une robe ne parvenant pas à les dissimuler, je marche dans les lieux publics ; mais mon visage est intact et il est devenu plus expressif que jamais. Mes yeux pétillent et mon sourire est, lui, entier. Je ne sais pas si c'est l'envie et le combat qui m'habite qui me confèrent une capacité de séduction, mais je découvre avec surprise que je plais à certains qui ne se prive pas pour me le faire comprendre. Et pour la première fois de ma vie, je plais pour de bonnes raisons : ma toute nouvelle spontanéité, ma franchise, et surtout mon caractère passionné.
Je lui annonce de but en blanc que ma décision est prise : je veux partir en Suisse pour qu'on m'aide à me
suicider.
Du jour au lendemain, j'arrête tout : mes cours au Cned et mes tentatives désespérées pour reprendre
pied au travail. Je n'ai plus la force d'avancer, je capitule. Mon milieu professionnel ne reconnaît plus mes compétences, mon mari n'arrive plus à me comprendre, je ne réussis pas à établir un lien avec ma propre fille, mes parents me disent, comme d'habitude, de m'accrocher et de faire face, sans chercher à approfondir…
Deux jours plus tard, je fais une tentative de suicide dans la salle d'attente de monde psy.
J'ai également tenté l'aventure à Berlin. Je suis partie seule sur un coup de tête. Comme tout un chacun,
j'ai pris un billet de train et me suis installée, un matin d'août, pour neuf heures de trajet dans un compartiment bondé, surchauffé, mais avec un sourire infatigable. Autour de moi, des gamins d'une
colonie de vacances courait dans tous les sens. Il y avait des sacs à dos partout, et, sans réfléchir, au milieu de ce capharnaüm, j'en suis venue à retirer mes prothèses et les ai déposées avec les autres bagages .
Je modifie aussi mon comportement alimentaire. Je mange de moins en moins. . Mon père ne note
Pas. Ma mère ne pipe mot. De temps en temps, le vent la tête de son assiette, il voit ma mère embarquer
la mienne encore à moitié pleine et s'adresse alors à elle plutôt qu'à moi, comme souvent à cette époque-là. Il ne perçoit pas le fait de ne pas manger comme un comportement anormal mais comme un gâchis d'une adolescente capricieuse.
À mon arrivée au centre de rééducation, j'ai été encore très malheureuse, rongé par les idées noires mais une certaine énergie vitale commençait à réapparaître, par petites touches, le traitement contre la dépression faisant effet. C'est en rencontrant une autre patiente, Pierra, que j'ai compris que j'avais le choix de construire l'existence que j'ai souhaitait, que ce n'était pas le handicap qui m'en empêcherait, au
contraire.
Ces ce que j'ai voulu transmettre il y a trois ans sur un plateau de télévision, lors de l'émission de
Frédéric LOPEZ : « leurs secrets du bonheur ». J'ai raconté que j'avais réussie a trouver le bonheur au
bout d'un long chemin chaotique
Comme si j'avais perdu tout discernement, je me laisse séduire par des types douteux, sans réaliser une
seule seconde que leurs intentions sont dégueulasses.
Je sais que lorsque je dépassais du temps toute seul chez ma grand-mère Louise et qu'Éric reste à la
maison avec mes parents, c'est pour m'éloigner
Mais parents ont arrêté de parle. Tous les soirs, j'entends leurs pleurs étouffés dans leurs oreillers.