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3.5/5 (sur 41 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Beaupréau , 1986
Biographie :

Pierre Barrault vit à Nantes.
Il est l’auteur de :
- Tardigrade (Arbre Vengeur, 2016)
- Clonck et ses dysfonctionnements (Louise Bottu, 2018)
- L’aide à l’emploi (Louise Bottu, 2019)
- Catastrophes (Quidam, 2020)
- Protag (Louise Bottu, 2022)

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"Casastrophes" c'est comme la vie, mais en mieux - Le replay de la rencontre avec Pierre Barrault est disponible, bon visionnage ! - avec les éditions Quidam


Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Un jour m'est venue l'idée de tuer mon frère. A la longue, c'est devenu une obsession. J'ai donc prié ma mère de me donner un frère, d'essayer au moins, mais rien à faire, des sœurs, encore des sœurs ; dix-huit sœurs que j'aime avec tendresse et toujours pas un frère à tuer.
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Notre petite fille a trouvé sur la terrasse un animal très étonnant. Il ressemble à une bogue de châtaigne sans châtaigne à l'intérieur. Il parle beaucoup...
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Le sourire terrifiant
Un matin, je constate grâce au miroir de la salle de bains la présence d’un sourire terrifiant sur mon visage. Je regagne aussitôt la chambre afin de demander à Claire ce qu’elle en pense, mais à peine suis-je devant elle que le sourire terrifiant quitte mon visage et va s’installer sur le le sien. Claire se regarde à son tour dans le miroir et commence à rouspéter. Je lui tapote un peu l’épaule, mais elle rouspète de plus en plus et se met à m’insulter et à me hurler dessus, toujours avec le sourire terrifiant, qui manifestement ne veut plus quitter son visage.
– Allons, allons, dis-je.
Ensuite, Claire me saisit par le col et me secoue si fort que je suis sur le point de m’évanouir, mais heureusement, à ce moment-là, on sonne. Je titube jusqu’à la porte et ouvre au voisin qui n’a qu’une main. Je l’aide à ouvrir un bocal de cornichons. Il me remercie et en le regardant je vois que le sourire terrifiant s’est installé sur son visage. Je m’abstiens de le lui faire remarquer. Je le salue poliment. Je referme la porte. Je retourne auprès de Claire et je lui tapote encore un peu l’épaule.
– Ça va mieux, me dit-elle, l’affreux sourire est parti.
– Terrifiant, dis-je. Le sourire terrifiant.
– J’espère qu’il ne reviendra jamais.
– Il est sur le visage du voisin, pour l’instant.
– Celui qui n’a qu’une main ?
– Oui.
– Il va le garder, tu crois ?
– Probablement, dis-je. Il ne sort jamais. Il ne croise personne à part nous.
– Alors il ne faut plus lui ouvrir. Tu m’entends ?
– C’est un peu délicat. Il ne peut pas s’en sortir tout seul avec ses boîtes de sardines et ses bocaux de cornichons. Nous allons passer pour des grosses merdes.
– Je m’en fiche. Il peut manger autre chose. De toute façon, les boîtes de conserve, c’est dégueulasse.
– Certes, mais là n’est pas la question… En même temps, nous allons déménager dans quinze jours…
– C’est vrai.
– J’aime autant ça.
– Moi aussi. Espérons qu’il n’ait pas de bocal à ouvrir durant les deux prochaines semaines.
– Oui, espérons.
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Je me réveille en sursaut avec cette phrase à l’esprit :
Quand cesserez-vous de vous agglutiner sous mes clavecins ?
Je reste au lit. Essaie de me rendormir, mais en vain. Il n’est pas huit heures lorsque mon téléphone sonne. Sur l’écran s’affiche un numéro que je connais, celui de mon conseiller d’aide à l’emploi. Il faut donc répondre. On peut répondre n’importe quoi. On peut répondre par des insultes, des menaces ou des pets, si l’on veut, mais il faut répondre. Il importe de répondre. On est radié si l’on ne répond pas. Je réponds :
– Allô ?
– Allô ? Artalbur ?
– Non.
– Ah ! Ah ! J’espère que vous avez bien dormi.
– Venons-en au fait.
– Bien, vous connaissez le principe.
– Oui.
– Parfait, allons-y…
– Posez donc votre question.
– Ah ! Ah ! Lui. Bien, bien… Allons-y… Artalbur, mon cher ami, confirmez-vous être toujours à la recherche d’un emploi ?
– Oui.
– En recherche active, j’entends.
– Oui, oui.
– Parfait, parfait…
– Petite crotte ?
– Ah ! Ah ! Dolenesque.
– Oui, c’est ça… pardon, Dolenesque, oui.
– Je vous écoute, mon ami.
– Dolenesque, je n’ai pas envie de travailler comme un connard.
– Ah ! Ah ! Lui.
– Mais je suis toujours à la recherche d’un emploi de connard.
– Parfait, parfait…
– Je tiens le téléphone dans une main.
– C’est bien.
– Je vais me masturber de l’autre, maintenant. Je peux ?
– Oui.
– Je ne risque pas d’être radié ?
– J’ai procédé à votre actualisation quotidienne.
– C’est très aimable.
– À demain, cher petit Artalbur.
– À demain.
– Et bonne chance pour aujourd’hui.
– Prout.
– Ah ! Ah !
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Pierre Barrault
de Pierre Barrault

Pierre Barrault — Tardigrade, éd. L’arbre vengeur ; avril 2016 (127 pages)

9791091504454_0Pierre Barrault est libraire à Paris. Certes, cette allitération est diablement réductrice et j’en conviens. Mais appeler le tardigrade « ourson d’eau », c’est à mon avis autrement plus maladroit, car il s’agit en ce qui concerne celui-ci d’une contrevérité (cf. la définition du dictionnaire). Pourquoi ? Simplement parce que le tardigrade de Pierre Barrault est en réalité un magnifique McGuffin, fruit des amours de son père pour le cinéma. Est-il pour autant hitchkockien ? Non plus. Ou plutôt, si : le tardigrade est inquiétant par certains aspects et peut selon la sensibilité du lecteur déclencher des crises d’angoisse. Et l’un des meilleurs remèdes à l’angoisse, c’est évidement l’humour, que Pierre Barrault maîtrise avec un talent sans pareil.

Je disais donc que le tardigrade est un élément moteur, un prétexte à s’immerger dans l’esprit biscornu d’un personnage principal, présenté à la première personne du singulier — donc en caméra subjective, à travers des instantanés au ton faussement didactique.

Dans ces courts chapitres dont l’enchaînement constitue une sorte de journal intime, Pierre Barrault relate le quotidien d’un personnage qui doit se colleter avec tout ce qui peut entrer en interaction avec ses sens. Le pauvre est affligé d’une lorgnette qui déforme à peu près tout ce qui pour nous est d’une évidence pléonastique, et c’est ainsi que l’humour de l’auteur va se déployer avec une intelligence qui défie notre sens commun.

Les amoureux de Topor (qui ont lu notamment « Portrait en pied de Suzanne), de Mr Bean, des Monty Python mais avant tout de la langue française vont adorer ce texte d’une drôlerie à la fois poétique et féroce.

Pierre Barrault a un carquois bien rempli et décoche à feu nourri l’hyperbole, l’hypothèse, l’aphorisme, la tautologie, le non-sens, le paradoxe, les superlatifs, le sens des contraires et ses oxymores pour faire mouche à chaque phrase.

Le corps, les objets et les lieux d’habitation sont des accessoires amovibles comme des jouets d’enfant qui donnent vie à des Golem qui eux-mêmes vont accoucher de nouveaux paradigmes et de paradoxes.

« J’ai tué tous mes ennemis, ensuite j’ai récupéré la matière dont ils étaient constitués, puis j’en ai fait des portes pour ma maison. Je sais qu’ils m’observent à travers les trous de leurs serrures. Mais ils auront beau chercher du matin au soir, ils ne relèveront rien de passionnant dans ma journée. Ma vie, je m’efforce de la rendre aussi terne que possible. Car je n’en ai pas encore fini avec eux. Loin de là. Je les ai tués une fois, c’est un début, à présent je tiens à les faire mourir d’ennui. »

Le narrateur emprunte ensuite au tardigrade ses capacités de résistance étonnantes, survit plusieurs fois à la mort, subit des métamorphoses kafkaïennes et porte sur la société et ses semblables et en toute circonstance un regard déformé par un monocle étrange, ramassé sans nul doute dans une des malles du grenier de Lewis Caroll.

« Si j’osais, je tuerais celui qui vit chez moi. C’est un gros monsieur qui dévore mes provisions, grossit encore et occupera bientôt tout l’espace de mon intérieur déjà très exigu, qui tantôt bavarde et tantôt n’y tient pas, me chasse du salon, qui dort dans mon lit puis au matin le couvre d’ordures, qui ronfle, qui tire à lui les draps, qui vend à bas prix mes hauts-reliefs, qui corne mes livres et piétine mes récoltes, qui déplace mes cachettes, qui mange les miettes de pain que j’ai semées, qui perd constamment mes clefs, qui souille, qui ment, qui triche, qui sale mon sucre et sucre mon sel ; pour rire, dit-il. Ah, si j’osais ! Seulement il ne faut pas. Car le visage de ce gros monsieur est pourvu d’une moustache et les moustaches sont si rares de nos jours que nous devons, au contraire, tout faire afin de les préserver : on l’exige. »
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Esztergom évoque son enfance au nord du Clonck:
-Il me suffisait d'enfoncer mon doigt dans l’œil droit de ma grand-mère pour qu'il se mette à pleuvoir. ça serait bien que tu enfonces un peu ton doigt dans l’œil droit de ta grand-mère, me disait parfois mon grand-père, le temps est si sec. Et j'allais aussitôt trouver ma grand-mère et....
-C'est vraiment très intéressant, l'interrompt la femme grande et maigre assise à l'arrière du véhicule vert pomme, mais j'aimerais autant que vous vous concentriez sur la route, si cela ne vous fait rien.
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Je me souviens qu'il me faut sans tarder me rendre à l'hôtel. On m'y attend et l'on commence à s'impatienter, sûrement. M'y voici. Je suis réceptionniste (je pense que je suis réceptionniste). C'est mon premier jour et je suis un peu tendu. Je tâche de faire bonne impression. J'ai rasé ma barbe, ainsi qu'on me l'a demandé. La calvitie n'étant pas acceptée, je porte une perruque. Se présente un couple. Je me prosterne, pousse de petits gémissements, puis me mets à ramper. La femme éclate de rire et l'homme acquiesce d'un mouvement de la tête. Tous deux semblent très satisfaits, mais à un moment, je commets une erreur en leur tendant les clés de la main gauche alors qu'il faut être droitier. On fait venir la direction dans le but de trouver vite un arrangement. Le couple propose alors la solution suivante : ils sèmeront des détritus un peu partout dans la chambre et mon rôle consistera à les manger tandis qu'ils se masturberont l'un l'autre en m'insultant. Conscient que je risque fort de perdre mon emploi si je refuse, je suis néanmoins sur le point de leur dire non. S'en avisant, le conseiller, mon conseiller, se met à sautiller dans tous les sens en battant des mains.
– Dites oui ! dites oui ! dites oui !
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Là, explique Esztergom, j'aimerais pouvoir dire que je suis au volant de mon taxi. Mais comment en être sûr ? Comment ? Ne suis-je pas en train de marcher sous la pluie, plutôt ? Ce n'est pas évident. Il suffirait que quelqu'un vienne me le confirmer, voilà, il suffirait que quelqu'un m'aperçoive en train de marcher sous la pluie et se donne la peine de venir me trouver dans mon taxi pour me le confirmer.
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Le lendemain matin, n'ayant rien de particulier à faire, ils décidèrent de se promener en ville. Aughrim sortit couvert d'un imperméable à cause des pluies ininterrompues qui allaient devoir se prolonger quelques semaines encore, selon le bulletin météorologique, afin de faire face a la très grande sécheresse qui règnait alors sur Clonck et en raison de laquelle Podostrog sortit sans imperméable.
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Je grimpe à bord du bus n°84 et demande au conducteur s’il s’arrête bien à la station Félix Lemoine. Le conducteur me répond que non, il ne va pas dans cette direction. Je le remercie pour cette information et commence à me diriger vers le fond du bus. Mais à peine ai-je fait trois pas que la voix du conducteur derrière moi se fait entendre :
– Un instant, monsieur ! Vous ne portez pas la tenue réglementaire.
– La tenue réglementaire ? dis-je.
– Oui. Ne faites pas semblant de ne pas comprendre.
– Je suis désolé. Je vous assure que j’ignorais l’existence d’une tenue réglementaire.
– Et n’oubliez pas que j’ai le droit de faire usage de la force.
– Je sais, oui, non je ne l’oublie pas.
– Je vais le faire, dit le conducteur.
Et de la main droite il brandit son marteau de conducteur. Le marteau de conducteur est un petit marteau métallique à deux pointes.
– Approchez, dit encore le conducteur, allons ! Approchez donc un peu que je vous frappe trois fois sur le sommet du crâne.
– Ouille ! Ouille ! Ouille !
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Peintre mais aussi inventeur, ami proche du roi de France François Ier, je suis célèbre pour des tableaux tels que « Sainte Anne, la Vierge et l'enfant » ou bien sur « La Joconde » :

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