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Citations de Paul Virilio (51)


Paul Virilio
Face à ces phénomènes d’incarcération, d’enfermement, on est en train de chercher un outre-monde (des terra-formations, par géo-ingénierie). Les astrophysiciens sont déjà en train de nous préparer une autre Terre promise. En Europe, il y a déjà des gens qui vivent enfermés dans des containers pour expérimenter les voyages vers Mars. La vie en exil aux limites de l’extrême. Toutes ces choses-là sont des signes pathologiques de l’exil à venir, ou de l’exode.Derrière l’écologie et la préservation de l’environnement, pour beaucoup de scientifiques, c’est déjà fichu. On est déjà en train d’anticiper une outre-Terre.

Entretien avec Jean Luc Evard, décembre 2008
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D'où vient la catastrophe? Elle procède du succès des technosciences. C'est l'accident de la réussite, pas celui de l'échec. Cette université devra mesurer et prévenir l'accident du succès technique. Cela ne me paraît pas fou, c'est même la base du bon sens ! »
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Lorsqu’il y aura cinq millions de live cameras réparties dans le monde et plusieurs centaines de missions d’internautes susceptibles de les observer simultanément sur leurs consoles, nous assisterons au premier KRACH VISUEL, et la soi-disant télévision cédera alors la place à la télésurveillance généralisée d’un monde où la fameuse bulle virtuelle des marchés financiers aura cédé la place à la bulle visuelle de l’imaginaire collectif, avec le risque afférent de l’explosion de la BOMBE INFORMATIQUE, annoncée dès les années 50 par Albert Einstein lui-même.
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Ce qui est venu avec l'engin rapide, ce ne sont même plus les hasards du voyage, c'est la surprise de l'accident.
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L’écologie grise :
Alors que la citoyenneté et la civilité dépendent non seulement, comme on ne cesse de le répéter, du « sang » et du « sol », mais aussi et peut-être surtout de la nature de la proximité entre les groupes humains, ne conviendrait-il pas d’innover un autre type d’écologie ? Une discipline moins concernée par la NATURE que par les effets du milieu artificiel de la ville sur la dégradation de cette proximité physique entre les êtres, les différentes communautés ?
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Aujourd'hui, il n'y a plus de partenaires, il n'y a plus que des voisins. Il ne reste que cette sorte de proximité où celui qui est à côté nous gêne. L'expression, commune de la jeune génération, "Ne me touche pas!", est particulièrement révélatrice : la coprésence est perçue comme un viol... " Tu es près, donc ne me contamine pas!" Nous sommes à l'opposé du sport où l'on recherche la concurrence, l'adversaire qui me permettra d'aller plus loin, de me transcender...
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L'homme est un animal, il est animé, libre de mouvement, ce n'est ni un minéral ni un végétal. Et le stade est le lieu de cette animalité, de cette animation. Par conséquent, tout ce qui blesse l'animalité dans l'homme, tout ce qui blesse le mouvement et la liberté, tout ce qui le conditionne est une menace majeure.
(...)
Nous percevons le temps et l'espace à travers une corporéïté : c'est l'apport de la phénoménologie de mes maîtres, Husserl et Merleau-Ponty. La vitesse n'est pas un phénomène, mais la relation entre des phénomènes. Autrement dit, le dromologue est un phénoménologue. la crise est aujourd'hui considérable, dans la mesure où les phénomènes ont muté : les phénomènes de corporéïté deviennent des phénomènes d'iconicité. D'où l'iconolâtrie et l'idolâtrie. Le champion grec, comme le champion coubertien, n'est ni une idole ni une icône, il est un champion, un athlète, il a du muscle, du jarret, du nerf et de l'endurance. Il a des qualités animales, dans le bon sens du terme ; il n'est pas végétal. Or, il est en train, me semble-t-il, de redevenir photosensible. Le dédoublement de la personnalité dans l'image du champion - sur les écrans - fait qu'il est devenu comme la végétal : photosensible. Il fonctionne dans son orientation à la diffusion. Il finit par n'exister que dans sa diffusion. Bien sûr, il existe aussi sur le stade! Mais, sera-ce encore le cas demain?
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Car le propre de la vitesse absolue, c’est d’être aussi le pouvoir absolu, le contrôle absolu, instantané, c’est à dire un pourvoir quasi divin. Aujourd’hui, nous avons mis en oeuvres les trois attributs du divin : l’ubiquité, l’instantanéité, l’immédiateté, l’omnivoyance, et l’omnipuissance. p 17
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Il faut désormais essayer de repérer ce qui est négatif dans ce qui semble positif. Nous le savons, nous ne progressons à travers une technologie qu’en reconnaissant son accident spécifique, sa négativité spécifique… p 12
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Paul Virilio
Qui sont les sédentaires ? Ceux qui ne quittent jamais leur siège d’avion, d’automobile, ceux qui sont partout chez eux, grâce au téléphone portable. Qui sont les nomades ? Ceux qui ne sont nulle part chez eux sauf sur les trottoirs, sous les tentes des sans-abri. C’est pourquoi je dis : « Ne me parlez pas de la périphérie.

Entretien avec Jean Luc Evard, décembre 2008
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Paul Virilio
Autre exemple de cette recolonisation, de cette quête d’une terre promise, ce sont les cyber-continents, l’espace virtuel. Le sixième continent est une colonie virtuelle.

On nous dit que les gens s’y amusent, que c’est pour leur bien, pour la communication. En réalité, l’aventure coloniale recommence. Aussi bien chez ceux qui recherchent d’autres planètes que chez ceux qui peuplent l’outre-monde du sixième (cyber) continent qui vient supplanter — je dis bien : supplanter — les cinq autres, ceux de la géologie et de la géographie. L’idée de la colonie est très importante.

Entretien avec Jean Luc Evard, décembre 2008
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La construction des infrastructures stratégiques et tactiques au cours des âges n’est en fait qu’une « archéologie de la rencontre brutale » ; de l’impact à la collision et au télescopage autoroutier, l’infrastructure stockait le duel (l’échange de mauvais procédés avant celui du commerce). La voie stratégique, par son raccourci, exprime le premier moment d’une contraction du monde qui ne s’achèvera qu’avec la puissance des instruments scientifiques de la guerre moderne.
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Cette immensité du projet, voilà bien ce qui dépassait le sens commun ; la guerre totale était ici révélée dans sa dimension mythique. Le parcours que je commençais d’entreprendre alors, sur les glacis de la Forteresse Europe, allait m’initier à la réalité de la géométrie d’Occident et à la fonction de l’équipement des sites, des continents, du monde.
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Pendant ma jeunesse, le littoral européen était interdit au public pour cause de travaux ; on y bâtissait un mur et je ne découvris l’Océan, dans l’estuaire de la Loire, qu’au cours de l’été 1945.
La découverte de la mer est une expérience précieuse qui mériterait réflexion. En effet, l’apparition de l’horizon marin n’est pas une expérience accessoire, mais un fait de conscience aux conséquences méconnues.
Je n’ai rien oublié des séquences de cette invention au cours d’un été où la paix retrouvée et l’interdiction levée réalisaient pour moi un seul et même événement. Les barrières enlevées, chacun était désormais libre d’aborder au continent liquide ; les occupants s’en étaient retournés dans leur hinterland natal, abandonnant, avec leur chantier, leurs outils et leurs armes. Les villas du front de mer étaient vides, on avait fait sauter tout ce qui obstruait le champ de tir des casemates, les plages étaient minées et les artificiers s’activaient à rendre l’accès à la mer possible, ici et là.
Le sentiment le plus clair était encore celui de l’absence : l’immense plage de La Baule était déserte, nous étions moins d’une dizaine sur l’anse de sable blond, les rues étaient dépourvues de tout véhicule ; c’était une frontière qu’une armée venait à peine d’abandonner et la signification de cette immensité marine était inséparable pour moi de cet aspect de champ de bataille déserté.
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Après avoir brisé les tabous de l'asphyxiante culture bourgeoise, il faut maintenant briser l'être, l'unicité du genre humain, par la déflagration prochaine d'une bombe génétique qui serait à la biologie ce que la bombe atomique fut à la physique.
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p. 165 Einstein et le Big Bang :
le présent qui s’est ainsi dilaté à la mesure de « l’espace monde », au point de dépasser l’alternance diurne/Nocturne comme mesure habituelle du temps local, c’est donc bien celui de la « lumière », plus exactement de ce temps-matière des superficies, des masses ou des lieux.
Mais devant ce déploiement mondial du temps présent, revient soudain à l’esprit, une dimension souvent cachée de la théorie einsteinienne de la relativité, celle de l’éternel présent. Curieusement, cette notion inévitable a été oubliée ou probablement omise, bien qu’elle éclaire grandement le refus du savant d’accepter, avec Ewin Hubble et quelques autres, le principe de l’expansion universelle. En effet, si quelqu’un n’est pas « fixiste », ni adepte d’un Univers « stationnaire », c’est bien Einstein, lui qui s’écriait justement : il n’y a rien de fixe dans l’univers ! Ne pouvait comme c’est le cas si souvent, être taxé d’immobilisme mental !
Pourquoi donc interpréter si mal, ce refus du phénomène « inflationnaire », issu du Big Bang, dans une sorte de procès d’intention post mortem, constamment relancé ?
Pour Einstein, le présent c’est déjà « le centre du temps », le passé du Big Bang originaire n’est pas, ne peut être scientifiquement ce centre ancien. Le centre véritable est toujours nouveau, le centre est perpétuel, ou plus exactement encore, le « présent » est un éternel présent.
Aux trois temps de la succession (chronologique), passé, présent, futur, Einstein substitue un temps d’exposition (chronoscopique ou dromoscopique), sous exposé, exposé, sur-exposé.
Selon lui, la flèche du temps est une flèche de lumière et ne saurait être celle magique de l’archer cosmique ; d’où son approche d’une « optique cinématographique » et son anticipation des fameux mirages gravitationnels et autres aberrations astrophysiques qui organisent pour l’observateur humain, la vision, mais surtout, l’interprétation scientifique des phénomènes, à partir de cette vitesse-limite absolue, et de la lumière et de la gravitation universelle, soit 300 000 kilomètres/seconde.
Le centre du temps, ce serait donc la lumière, ou mieux, la vitesse des ondes qui véhiculent l’information.
Il ne s’agit donc plus de compter les années ou les siècles, à partir de l’alternance traditionaliste du jour et de la nuit, il s'’git désormais de fonder « la science du temps » surle mur de l’accélération, ce mur du temps-lumière qui organise et « l’étendue » et « la durée » des phénomènes de vieillissement du temps-matière.
Effectivement, puisque cette vitesse finie mais cependant absolue, n’est pas un phénomène, mais la relation entre les phénomènes, le continuum spatio-temporel ne peut avoir de « centre » - et encore moins une origine – en dehors de cette relativité même, autrement dit : en dehors de cette « vitesse-lumière » d’un temps d’exposition qui s’impose au temps de la succession, historique et classique.
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p. 43-44 Pour illustrer cette agrandissement soudain de la vision, consécutif à l’accroissement de la vitesse, écoutons le récit d’un parachutiste, spécialiste de la chute libre : « La chute-à-vue consiste à apprécier visuellement, à tout moment de la chute, la distance à laquelle on se trouve du sol. L’évaluation de la hauteur et l’appréciation du moment exact où il faut déclencher l’ouverture du parachute résultant d’une impression visuelle dynamique. Quand on vole en avion à 600 mètres de hauteur, on n’a pas du tout la même impression visuelle que lorsqu’on franchit cette hauteur en chute verticale, à grande vitesse. Quand on se trouve à 2000 mètres, on ne s’aperçoit pas que le sol approche. En revanche, quand on arrive aux environs de 80 à 600 mètres, on commence à le voir « venir ». La sensation devient assez rapidement effrayante car le sol fonce sur soi. Le diamètre apparent des objets croît de plus en plus vite et l’on a soudain la sensation de les voir non plus se rapprocher, mais s’écarter brusquement, comme le sol se fendait. » (M. Dufourneaux, L’attrait du vide, Calmann-Levy, 1967).
Ce témoignage est précieux car il illustre de manière véritablement gravifique, le vertige de la perspective, sa pesanteur apparente. Avec ce « chuteur-à-vue », la géométrie perspective apparaît pour ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : une précipitation de la perception où la rapidité même de la chute libre donne à voir le caractère fractal de la vision résultant de l’accommodation oculaire à grande vitesse.
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p. 41-42
« Non c’est l’artiste qui est véridique et c’est la photographie qui est menteuse, car dans la réalité, le temps ne s’arrête pas » (Rodin, L’Art, Entretiens avec Paul Gsell). Le temps dont il est question ici, c’est celui de la chronologie, le temps qui ne s’arrête pas, c’est le temps linéaire coutumier. Or, ce que les techniques de la photosensibilité apportaient de nouveau et que Rodin n’avait pas encore remarqué, c’est que la définition du temps photographique n’était plus celle du temps qui passe, mais essentiellement, celle d’un temps qui s’expose, qui « fait surface », un temps d’exposition qui succède dès lors, au temps de la succession classique. Le temps de la soudaine prise de vues, c’est donc, dès l’origine, le temps-lumière.
(…)
Avec le photogramme instantané qui permettra l’invention de la séquence cinématographique, le temps ne s’arrêtera plus. La bande, la bobine du film, et plus tard, la cassette vidéo en temps réel de la télésurveillance permanente illustreront cette innovation inouïe d’un temps lumière continu, autrement dit, l’invention scientifique majeure depuis celle du feu, d’une lumière indirecte, suppléant la lumière directe du soleil ou de l’électricité, comme cette dernière avait elle-même suppléé à la lumière du jour.
Actuellement, l’écran des émissions télévisées en temps réel est un filtre non plus monochromatique, comme celui bien connu des photographes, qui ne laisse passer qu’une seule couleur du spectre, mais un filtre monochronique qui ne laisse entrevoir que le présent. Un présent intensif, fruit de la vitesse-limite des ondes électromagnétiques, qui ne s’inscrit plus dans le temps chronoscopique, passé-présent-futur, mais dans le temps chronoscopique : sous-exposé-exposé-sur-exposé.
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Dromomanie :
Entre les navires porte-conteneurs, où se dissimulent les clandestins migrants au risque de leur vie, et ces luxueux touristes de la désolation qui dilapident l’héritage pour habiter en permanence un paquebot de croisière, parce que cela revient moins cher finalement qu’une maison de retraite de standing, il y a toute la différence de nature entre la folie ambulatoire, la dromomanie, et la fuite en avant des désespérés.
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Dromoscopie :
Dans les services de l’Équipement, les statisticiens ont calculé qu’il y avait quatre fois plus de risques de mourir dans un accident contre un arbre que dans tout autre type d’accident. Selon leur expression, les magnifiques frondaisons végétales sont devenues un GISEMENT POTENTIEL EN MATIERE DE VIES HUMAINES, d’où leur sacrifice ordonné par la circulaire de 1970, prônant leur éradication systématique. […] Bien sûr, certaines personnes osent affirmer que « ce ne sont pas les platanes qui traversent devant les voitures », mais que répondre à ceux qui vont jusqu’à rappeler l’abolition de la peine de mort pour justifier l’abattage des obstacles latéraux, facteurs aggravants de tout accident de la route ? […] Voilà qui devrait enfin révéler l’importance de l’accident de la pensée contemporaine, autrement dit : l’accident de a circulation des connaissances entre l’« être » et le « lieu », ce milieu de vie qui comprend non seulement le domaine animal (celui du mouvement de l’être) mais le domaine végétal et le minéral, c’est-à-dire ceux de la stabilité, de la fixité et, finalement, de la persistance des sites. À quand la suppression des collines, des falaises, l’arasement définitif du relief du monde ? À quand l’élimination des vagues de haute mer, de cet ensemble d’obstacles collatéraux qui freinent encore l’accélération du progrès technique ? […] Avec l’arbre qui tue, la réalité de la culpabilité est transférée du coupable à l’innocent, à l’innocence d’une fixité végétale qui vient faire obstacle à l’automobilité d’un véhicule dont le plus souvent, désormais, la conduite est assistée.
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