C’est pour ça que je t’ai déçue, hein, maman ? Parce que j’en savais trop, tropjeune. Tu voulais que je vienne te trouver, confuse, des questions plein la bouche. Mais je n’avais jamais de questions à te poser, maman, parce que je savais déjà depuis l’enfance. Je savais ce qu’il en était d’être une femme par les souvenirs que tu conservais dans ta mémoire. Je connaissais l’amour dans le mariage sans que tu m’en parles. Je n’ai jamais passé de nuit à pleurer, pressée sur ton épaule, parce qu’un garçon qui me plaisait refusait de me regarder ; aucun garçon du pays ne m’a jamais plu. Je n’ai jamais fait ce que tu aurais aimé voir faire ta petite fille, parce que j’avais un talent de torche, que je savais tout et n’avais pas besoin de ce que tu voulais me donner.