La connaissance produite produite par les statistiques concerne une société elle-même fabriquée par cet acte de mise en statistiques.
Ainsi les chiffres peuvent-ils énoncer des faits très hypothétiques, qui deviennent réels parce que chacun y croit et agit en conséquence.
Les chiffres statistiques et leurs conventions sous-jacentes forgent la “réalité“ en nous fournissant des moyens pour l’appréhender, pour articuler nos représentations, et finalement pour agir sur elle. Il participe à la construction de la “langue“et du “récit“, dont toute société a besoin pour pouvoir relier ses diverses composantes, pour articuler ses acteurs et ses institutions, pour permettre à chacun de s’orienter et d’agir.
Sì nous souhaitons nous émanciper de l'empire des chiffres, il faut développer notre "conscientisation", notre vigilance critique, notre capacité analytique, mais aussi notre aptitude à les réinventer.
Se saisir des chiffres pour mieux les dé-chiffrer.
Se resaisir du monde qu'ils sont supposés refléter pour mieux le re-chiffrer.
Les chiffres ne sont pas naturellement aptes à parler du monde à notre place.
Il semble nécessaire de reconquérir cette parole alors qu'ils ne cessent d'étendre leur empire.
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Quant à l'affirmation légitimement attribuée à Galilété selon laquelle "le monde est écrit en langage mathématique", elle ne doit pas nous tromper. Cette affirmation n'est pas synonyme d'une autre idée, que Galilée ne semble pas avoir prononcée : "le monde est écrit dans le langage des nombres, des quantités ". Précisons ce point crucial revient à rappeler que "mathématisation" et "quantification" ne sont pas synonymes.
Reprenons les choses dans le détail. Dans son oeuvre Saggiatore ("l'Essayeur") publié en 1623, Galilée affirme que le livre de l'Univers est "écrit en langue mathématique et ses caractères sont des triangles, des cercles et autres figures géométriques ".
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Avant tout, un chiffre est relationnel : il met en relation des individus, collectifs ou institutions qui agissent de concert en se référant à ce chiffre. Il est aussi structurant par les définitions et conventions qu'il incarne.