Olen Steinhauer

Non, avait déclaré Vick. Vous n'êtes plus amis. On ne le reste jamais après une rupture. Et elle se rendra vite compte, tout comme moi, que t'es toujours mordu. Au bout de cinq ans, un mariage et des gosses, t'es certainement la dernière personne au monde qu'elle a envie de voir.

Il porte la tasse à ses lèvres , puis esquisse une grimace .
- Ce n'est pas du lait de soja , au moins ...
Je fais non de la tête .
- Je lui trouve un drôle de goût , ajoute-t-il.
- C'est à cause de l'arsenic , dis-je en lui adressant un clin d'oeil .

[...] Ce qu'il avait donné comme explication à Jan - qu'il se sentait utilisé - prenait soudain un poids nouveau. Cerny lui mettait la pression, soit pour obtenir des résultats, soit pour l'obliger à fuir. Mais comment savoir ? Il n'y avait aucune réponse toute prête au pourquoi du piège tendu par Jast comme au pourquoi des coups de téléphone de Cerny.

Tous les Touristes connaissent l'importance de cet état de veille permanente. Dès qu'on entre dans un lieu quelconque, maison, pièce, parc, repérer tout de suite les issues possibles; repérer les armes potentielles autour de soi : une chaise, un stylo à bille, un coupe-papier, voire même une branche basse à demi- détachée comme celle qui pendait dans son dos. En même temps, il fallait analyser les visages. Avaient-ils pris note de votre présence ? Ou bien simulaient-ils l'ignorance comme le faisaient tous les Touristes ? Car les Touristes ne prennent que rarement les devants; ils s'arrangent pour que ce soit vous qui veniez vers eux.

_ Bien sûr. Je l'ai informée que tu étais chargé de sauver le monde libre.
_ Ca fait un moment qu'elle n'y croit plus.
_ Ah, les bibliothécaires...tu aurais dû m'écouter. Il ne faut jamais épouser une femme intelligente.

La plupart des crimes, leur avait expliqué une fois un conférencier, étaient commis par des imbéciles. La bêtise était un instrument du métier.

les attentes sont la source de la détresse humaine

Sans la sécurité que m'apporte une famille, je ne suis plus que la moitié de moi-même. Je t'assure !

Après tout , nous sommes tous les deux entraînés à la manipulation . Nous sommes aussi peu fiables l'un que l'autre .

Il y avait eu des signes avant-coureurs. Erika Schwartz était parvenue à faire le lien, plus par chance que grâce à ses talents d’espion.

Angela avait affirmé qu’il n’y avait plus d’autre bord ; elle se trompait. Sauf que l’autre bord présentait plusieurs visages : les mafias russes, l’industrialisation de la Chine, les charges nucléaires qui se baladaient dans la nature, jusqu’aux bruyants islamistes campés en Afghanistan qui cherchaient à détacher les mains de l’Oncle Sam du juteux fromage pétrolier du Moyen-Orient. Comme l’aurait dit Grainger, tous ceux qui ne pouvaient être ni contrôlés ni absorbés par l’empire étaient anathèmes et devaient être traités en conséquence, comme des barbares cherchant à forcer les portes. C’était dans ces moments-là que sonnait le téléphone de Charles Alexander.

[...] Gavra avait un certain flair naturel, pour les énigmes : mais dans celle-ci rien ne cadrait. Deux meurtres dans la Capitale et un détournement d'avion qui tourne mal. Le seul rapport était une jeune femme morte dans l'avion, Zrinka Martrich, une démente victime d'hallucinations qui avait laissé un message aux terroristes alors qu'ils se trouvaient avec elle dans le terminal.

Malgré tout, je cède à un nouvel accès de sentimentalité. Comment est-ce possible ?
Peut-être parce qu'un homme ne rencontre dans son existence que quelques femmes capables de le bouleverser, de le paralyser d'un simple sourire.

_ Tu l'ignores peut-être, mais quand tes gosses deviennent le centre de tes préoccupations, ton potentiel de violence est décuplé. La seule idée que quelqu'un puisse te les enlever ou leur faire du mal t'apparaît comme la justification de tous les actes les plus sauvages : torture, meurtre, massacre, génocide...Rien n'est exclu quand il est question de la sécurité de tes enfants.
_ Le génocide, rien que ça ?
Elle hausse les épaules.
_ Bon, je ne suis pas sûre de pouvoir te répondre par l'affirmative, mais qui sait ? Le meurtre, en revanche, oui.
_ Je veillerai à ne jamais m'interposer entre tes gamins et toi.

« – Allô ?
– Piccolo ?
– Euh… oui.
(…)
– Bon, je la vois. Elle est là, devant moi. Elle marche dans la rue. Très lentement. (…) Si vous voulez que j’agisse, c’est le moment. Je ne sais pas quand se présentera une nouvelle occasion.
– Je comprends.
– A vous de décider, Piccolo. Il n’y aura aucune trace. Je peux faire ça proprement… »

« – Tu sais ce qu’il en est, Henry. On ne peut pas se permettre un procès, et il n’est pas question d’un échange de prisonniers avec les djihadistes. En fait, je préfèrerais que Langley n’en entende jamais parler.
– Si je comprends bien, tu voudrais que j’exécute le traître.
-… Je n’ai jamais dit ça… »

Le jour qui entre par les fenêtres de son appartement annonce une matinée éclatante, d'une luminosité à couper le souffle. Du genre à vous mettre en forme dès que vous ouvrez les yeux, à vous insuffler, ne serait-ce que pour un court moment, un regain d'optimisme béat.

On se sent toujours plus seul dans un paysage sublime, je l'ai déjà remarqué. Peut-être tout simplement parce qu'on ne peut partager avec personne l'émotion suscitée par la beauté de la nature ?

Quatre-vingts pour cent du cerveau d'un agent sont consacrés à l'analyse des diverses conséquences et répercussions de toute décision, même quand il s'agit seulement d'envisager de s'installer avec son compagnon ou sa compagne.

Nous n'avons pas besoin d'espoir, mère, parce que c'est sans fin.