Aucune réforme ne transformera du jour au lendemain les pays pauvres en pays riches, parce que le fossé entre économies développées et économies en développement est le fait d'un processus long de plusieurs millénaires. Des caractéristiques institutionnelles, culturelles, géographiques et sociétales apparues dans le passé lointain ont engagé les civilisations sur des routes historiques distinctes et augmenté les écarts de richesse entre les nations. Que des cultures et institutions à même d'assurer l'épanouissement de la prospérité économique puissent être progressivement adoptées et formées est incontestable. En revanche, toute intervention qui ferait fi des caractéristiques apparues au cours du voyage historique de chaque pays a peu de chances de réduire les inégalités et risque au contraire de provoquer frustration et troubles, voire de prolonger la stagnation.
L'étincelle de départ qui a propulsé l'humanité dans son singulier voyage a été le développement du cerveau humain, dont les capacités croissantes sont nées du besoin de s'adapter aux défis évolutifs propres à notre espèce. Forts de leur cerveau puissant les humains ont progressivement élaboré des techniques de chasse et de cueillette plus efficaces. Ces progrès ont permis à la population de croître, tandis que les traits qui rendaient les humains capables de perfectionner leur maîtrise de ces techniques leur octroyaient un avantage en matière de survie.