Nicole Trope

Margo voit une voiture de police s'arrêter lentement devant la maison. Scott et elle habitent ici depuis neuf mois et elle n'a encore jamais vu la police emprunter leur rue. Immobile, elle observe la scène qui se déroule juste en face de sa fenêtre.
[...]
Elle va ouvrir la porte d'entrée et un souffle brûlant enveloppe son corps frais.
- Qu'est-ce se passe, Gladys ?
Elle sent bien que c'est maintenant elle qui est indiscrète, mais elle meurt d'envie de savoir.
- Oh, Margo, s'écrie Gladys en la voyant, rentrez vite chez vous. Il est armé. Rentrez chez vous.
- Quoi ?
Margo croit avoir mal entendu.
Gladys agite les bras
- Rentrez chez vous, Margo ! C'est Katherine, elle a... Vous n'avez pas entendu ? Les coups de feu... Rentrez, je vous en supplie, éloignez le bébé.

Gabby avait mis longtemps à comprendre que la personne que son père avait fuie, c'était sa mère, et non pas elle, mais à ce moment-là, elle était déjà adulte, et les paroles de sa mère sur son manque de valeur s'étaient logées en elle où elles avaient eu le temps de causer des dégâts.

Elle sait reconnaître un imposteur à des kilomètres à la ronde. Andrea cache toutes sortes d'informations sur leur vie mais c'est le lot de tout un chacun. Le monde serait un chao total si les humains disaient tout le temps la vérité.

J’inspire profondément et je repense à moi à cet âge, à cinq ans, puis à dix ans, parce que c’est à dix ans que j’ai commencé à devenir cette personne, cet homme qui est ici, capable de faire mal à un enfant sans rien ressentir. Quand j’avais dix ans, tout a commencé à changer. Je l’ai senti, entendu et vu arriver —  un processus lent et pénible.

Dans la cuisine, elle regarde le jardin, et s’efforce de mettre des mots sur son malaise. Chez soi, on devrait se sentir en sécurité, et pour elle, cela a toujours été vrai. Mais après l’incident d’hier et le comportement étonnant de Katherine tout à l’heure, on dirait que quelque chose a changé dans le quartier, comme si les lieux où elle vit depuis des décennies étaient soudain devenus moins sûrs. Voilà le curieux sentiment qu’elle éprouve. Pour la première fois, elle se sent menacée.

Dès lors que vous faites part à quelqu un des démons de votre enfance, il se crée un lien qui ne devrait jamais être rompu.

Il sait que les plus jolies maisons appartenant à des gens au sourire ravissant dissimulent parfois les pires horreurs. Il a rencontré en prison des détenus intelligents, instruits et bien élevés, incarcérés pour viol ou meurtre.