A l'occasion du Festival Hypermondes qui s'est déroulé à Mérignac, rencontre avec Nicolas Labarre autour de son ouvrage "Warhol invaders" aux éditions Les Moutons électriques.
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Ce n'est plus la même forêt. Celle-ci est immense. Malgré l'absence de sentier, Valentine progresse sans difficulté entre les troncs espacés. La plupart du temps, le sol est dégagé, même si elle a dû contourner de temps à autre des buissons aussi infranchissables que parfaitement délimités. Ni ronce, ni branche de guingois, tout est nettement défini et solide, comme quand elle dessinait une forêt dans ses cahiers, enfermant chaque chose dans d'épais traits de couleur. La forêt est immense parce qu'elle semble n'avoir pas de fin.
Les deux sœurs sont suspectes, se dit Valentine avec rage. Les deux sœurs sont serre-tête. Le poème est encore là. Elle ne pourrait pas le réciter seule, mais il subsiste, prêt à être ressuscité lorsqu'elles se retrouveront, peut-être. En attendant, il ne lui reste que sa propre moitié, celle qu'elle énonce et qu'elle met en gestes. Avec cela, elle peut s'amuser, retisser sa propre toile et ses propres pas de danse. Les deux sœurs sont superbes.
Quand elle était plus petite, elle voyait des cartes sur le pare-brise quand il pleuvait lors des trajets en voiture. La géographie des gouttes brillantes lui promettait des paysages inédits, des lieux inconnus ou des trésors. Puis un coup d'essuie-glace balayait le tout, et elle regardait un nouveau monde éphémère se constituer, disparaître, être oublié. Parfois, elle saisissait des paysages d'une si grande beauté qu'elle pleurait silencieusement en les voyant s'effacer. Elle s’efforçait de les mémoriser, d'en conserver ne serait-ce qu'un fragment, mais le spectacle continuait, et d'autres merveilles insaisissables venaient prendre le relais un instant des splendeurs perdues.
" Le ruisseau impossible était toujours là, bien sûr,
dans la clairière inchangée. "
[citation de la jaquette]
D'ici la prochaine élection, dans quatre ans, on ne verra plus la différence entre nos écrans et ceux devant lesquels l'américain moyen passe quatre heures par jour. S'il peut choisir à tout moment l'émission qui lui plait le plus, et si cette émission lui est proposée avec insistance, sans qu'il ait à faire trop d'effort de discernement, combien de temps ? Six heures, huit heures ? Et dans ces heures-là, combien de messages pour le convaincre qu'il a la belle vie, combien de signaux discrets pour l'encourager à bien voter, pour les bonnes personnes, celles qui continueront à échanger sa liberté contre des jeux débiles ou des films un peu mieux choisis ? Vous vous souvenez de la radio, quand les gens se parlaient ? [...] Il y a vingt ans seul un excentrique pouvait avoir l'idée de parler à la radio, de l'utiliser comme un moyen d'échange entre les gens. Tout le monde sait bien que la radio est un truc qu'on écoute, qu'on garde en arrière-plan sauf quand on sifflote un jingle familier. Tout le monde le sait parce que CBS, NBC et les autres nous ont appris qu'elle servait à ça. (p. 200)
- Commissaire, vous avez lu mon rapport : la ferme était vide, propre, et personne ne se plaint de ces gens-là. Même les petits notables à qui j'ai parlé n'ont rien à leur reprocher et ce sont des gens qui me regardaient de travers parce qu'ils trouvaient mon choix de cravate un tantinet gauchiste. Là, rien. Si ce sont des hippies, ils doivent avoir d'excellents déguisements des membres du Rotary. (pp. 57-58)
Mais c'est aussi l'heure du déjeuner, et il n'y a aucune raison pour que Bull recrute des poètes, le genre d'employés capables de contempler la campagne placide, et son petit parking en prime, à la recherche de l'inspiration. S'il y a des poètes, il est prêt à parier qu'ils n'ont pas de grand bureau avec fenêtre. (p. 88)
Dans le coin presse, on essayait encore de s'expliquer la poussée McCraggs et on parlait discrètement sur les chances de Carter face à Agnew. Je ne veux pas trahit de secret, mais mes confrères pensent comme les sondages. Il parait que c'est leur métier. (p. 203)