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Citations de Nancy Huston (1149)


Je nous mets quoi ? Miles ?
- Parfait.

- Bitch’s Brew, c’est ça ?
- Oui-i-i. Voilà une chose, au moins, qui sera belle à tout jamais. Quand les gens du XXXIe siècle se pencheront sur le nôtre avec ses montagnes de cadavres, au moins aurons-nous Miles pour nous racheter. Au moins pourrons-nous dire : mais on a produit Miles, ce n’est pas rien ! Pour Billie et Chet et Miles, l’espère humaine vaut la peine d’être sauvée, non ?... Tu nous sauveras bien pour eux, hein, Dieu ?
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Dans le noir quasi-total de sa cabine exiguë, sous le pont du navire secoué par les tempêtes de la fin novembre, au long des neuf jours et neuf nuits que dure l'interminable voyage de Liverpool à Québec, Neil vomit. Il rend Trinity College, la reine Elizabeth, la reine Victoria, le roi Edouard VII, le roi George V, et Billy Walsh l'archevêque de Dublin. Il rejette le square Saint-Etienne et la mort de son cousin Thom. Il se débarasse de Daisy, Dorothy, sa mère, son père, sa vie d'avant, son soi d'avant, et jusqu'au nom Kerrigan. C'est d'ailleurs un nom qu'il fait bon prononcer en gerbant; il ressemble déjà à un bruit d'expectoration.
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les jeunes poussent
vers l'avenir,

enracinés dans le passé
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L'arbre que j'ai planté
pense à toi
avec moi
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Plus tard, Dorrit, dans ta vie française, tu écriras un article recommandant que l'on érige un monument à l'Avortée inconnue, martyre de la société au même titre que le Soldat inconnu. Au moins cinq milles morts par an en France, écriras-tu, chaque année du XXe siècle jusqu'à la loi Veil en 1975. Ce n'est jamais le bon moment de parler de ces mortes-là, écriras-tu. Avant la loi Veil c'était trop tôt, parce que leur geste était interdit, tabou, illégal, honteux, scandaleux. Et après c'était trop tard, parce que leur geste était devenu légal, banal, normal, une petite opération de rien du tout. (p. 29)
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"Presque tout le monde a du mal à cuisiner pour soi seul, m'a-t-elle dit. Même moi, depuis que je suis veuve, je mange de façon complètement primitive : je sors un pavé de saumon du congélateur, le flanque dans une assiette, l'arrose de vin blanc et le fourre au micro-ondes pendant trois minutes.
- Je doute, lui ai-je objecté, que les hommes primitifs se soient servis d'un four à micro-ondes pour cuire leur saumon.
- Vous avez raison, m'a-t-elle répondu du tac au tac. Nous n'avons aucune idée de ce que faisaient les hommes primitifs avec leur four à micro-ondes."
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Elle ferme les yeux. Du bout de son index, Andras se met à dessiner son profil, commençant sur le front, à la naissance des cheveux, puis descendant délicatement entre les sourcils, suivant le fine crête du nez et se glissant dans la fossette entre la racine du nez et des lèvres.
- C'est ici, dit-il, que l'ange pose un doigt sur les lèvres au bébé, juste avant la naissance - chut !- et l'enfant oublie tout. Tout ce qu'il a appris là-bas, avant, au paradis. Comme ça, il vien au monde innocent...
Les paupières de Saffie s'ouvrent progressivement, elle veut vérifier l'empreinte de l'ange sur le visage de son amant mais son regard est aspiré par la bleue lumière dansante des yeux qui l'étudient.
- Sinon, poursuit Andras en riant, qui veut naître ? Qui accepte d'entrer dans cette merde ? Ha ! Personne ! On a besoin de l'ange !
- Et ça s'arrête quand, l'innocence ? demande Saffie d'une voix rêveuse, remuant à peine les lèvres sur lesquelles le doigt d'Andras est encore posé. Toi tu es innocent ?
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Après avoir admiré l'exquise dentelle verbale d'un Pascal Quignard, vous éprouvez la soif de bonnes grosses histoires bien ficelées à la Jim Harrison.
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L'amour n'est pas qu'une affaire privée. Chacun de nous descend et dépend d'autres membres de notre espèce, et pas n'importe lesquels. Même si notre esprit refuse de le savoir, et même si nous décidons de ne pas procréer, notre corps grouille de cette descendance et de cette dépendance.
Nous ne tombons pas du ciel, mais poussons sur un arbre généalogique.
(p. 48-49)
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La dernière chose à faire quand on menacée par un macho, c'est lui parler de sa mère. car c'est là que le bât blesse. Si on espère s'en sortir vivante, il faut lui parler de la pluie, du beau temps, de la politique, du sport - de n'importe quoi SAUF de sa mère !
C'est une règle qui ne souffre pas d'exception: dans la tête d'un macho, la mère est un nerf à vif.
Dès qu'un homme me proclame fièrement, pour me familiariser avec sa culture : "Ici la mère est sacrée", je sais avec certitude qu'"ici les nanas trinquent".
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- Elle démarre quand l'éternité de notre âme? A la conception? A la naissance? ou est-elle sans "quand" peut-être, puique éternelle? S'étendant à l'infini, tant en amont qu'en aval? avant notre conception, après notre mort?

Et nous autres humains sommes les seuls à avoir cet honneur? De toutes les créatures possibles sur les milliards de planètes, nous et nous seuls, sur ce minuscule globe terrestre au coeur de sa minuscule Voie lactée...

Seuls les humains donc, mais...à partir de quelle étape? Neandertal? Le gentil Cro-Magnon...son âme était-elle immortelle?
Seulement l'Homo Sapiens, alors. Pas le Neandertal, on est bien d'accord. Et pas les animaux, bien sûr.

- Alors là, je ne sais pas, dit Ingrid, pensive. Parfois, quand je regarde Lassie dans les yeux, je jurerais qu'elle a une âme...

- Les chiens, alors. Et les chats? Et les chevaux? Mais...pas les moustiques, n'est-ce pas?
Pas les moustiques! On ne voudrait quand même pas se faire piquer au paradis !
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Dans le monde occidental, où les progrès technologiques et la liberté d'expression ont provoqué au XXe siècle une véritable explosion pornographique, la beauté féminine doit suivre un sentier étroit : on apprend aux fillettes à être jolies sans être aguicheuses, séduisantes mais non séductrices, désirables mais non désirantes, féminines mais non femelles, en un mot belles mais pas putes.
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C'est une marque (marque de naissance), qui me rend différente de tout le monde, je lui dis, et c'est ce qui me fait chanter.
Quand je la touche, je peux entrer dans mon âme et prendre toute la beauté qui s'y trouve, puis m'envoler comme un oiseau par ma propre bouche. Tu peux la toucher si tu veux.
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Tu sais comment fonctionne un film : les dix premières minutes, le public est infiniment tolérant et acceptera tout ce qu'on choisit de lui montrer ; après, on a intérêt à faire sens.
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Quel veinard, ce Hal. Peu importe de savoir si sa nouvelle idylle sera durable ou non ; l’important c’est que, tout récemment encore, il a connu la joie de serrer contre lui le corps d’une belle inconnue en se disant qu’il lui ferait l’amour sous peu. Quand me suis-je retrouvé pour la dernière fois avec une belle inconnue – courant libres et insouciants sur la plage, main dans la main, s’embrassant sauvagement, s’arrachant les vêtements, plongeant nus dans les vagues, se jetant corps contre corps (A dire vrai il ne s’est jamais adonné à ce genre d’activité, mais il tient à aller jusqu’au bout de son idée.) De nos jours, on ne sait plus faire l’amour, on ne sait faire qu’attention. Attention au sida, attention à la grossesse, attention surtout au plaisir de votre partenaire : les femmes ne veulent plus s’envoler avec vous au septième ciel, non, elles veulent que vous suiviez un stage de six semaines en stimulation clitoridienne, après quoi, ayant rédigé votre mémoire et vous sentant prêt à passer l’examen, elles vous annoncent qu’elles aiment autant faire ça avec une femme(Cela non plus, Sean ne l’a jamais vécu, mais il est emporté par ses propres effets rhétoriques.) Ah, Hal. Le veinard. Le veinard, d’avoir trouvé une fille si simple et si douce à épouser.
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La vocation littéraire est à ses yeux la plus élevée de toutes : elle avait vibré en lui autrefois, quand, adolescent boutonneux au lycée de Los Angeles nord, il avait dévoré le canon américain depuis Melville jusqu’à Carver, sûr de les surpasser tous un jour… Et qui sait ? Se dit-il maintenant, amer. J’y serais peut-être arrivé, si la guerre n’avait pas bousillé mon amour-propre… Les vétérans du Vietnam étaient des anti-héros, méprisés et rejetés par leurs pairs. Après son retour au « monde », Brian avait connu une année de désarroi absolu au cours de laquelle il avait roulé en jeep de la Californie jusqu’au Yucatan, embarquant en chemin une minable hippie défoncée à la marie-jeanne. Il avait commencé à fumer avec elle et, l’ayant bêtement mise enceinte dans un motel de Chihuahua grouillant de cafards, s’était résigné à l’épouser et à passer le reste de sa vie avec elle au Mexique.
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Un enfant qui pense que sa mère a voulu le tuer peut quitter son pays et sa langue pour comprendre enfin pourquoi il mérite la mort.
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Nous sommes incapables, nous autres humains, de ne pas chercher du Sens. C’est plus fort que nous.
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Ah ! La complexité insondable de ces interactions humaines, chacun de nous se baladant avec ses petits critères selon lesquels on juge les autres, tout en s’efforçant de répondre à leurs critères à eux – mais discrètement, sans en avoir l’air, en faisant semblant de n’être que soi-même et de n’avoir besoin de l’approbation de personne… Il n’y a aucun étalon-or, rien que ces perpétuels glissements, rajustements et compromis, chacun agitant absurdement le pied dans l’air à la recherche d’un bout de terre ferme où le poser.
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Nous nous trouvons d'abord, disent les psychologues, dans les yeux de la mère.
Et si la mère regarde ailleurs, eh bien, l'enfant fera de son mieux pour être Ailleurs.
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