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Critiques de Nadège Erika (63)
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Mon petit

Mon petit ou Comment dans le Belleville des années 90, un jeune métis va devenir maman de jumeaux à 19 ans, et que la pression du système de domination social et économique va conduire à la mort d’un de ces nourrissons.



Mon Petit nous entraîne dans les rues de Belleville, dans les pas frénétiques d’une jeune décidée à vivre plus tôt que les autres.



Zéro pathos, jamais tire-larme, c’est le livre d’une femme forte, c’est même souvent drôle, toujours bien vu. L'écriture est impulsive, engagée,nourrie aussi à la culture hip-hop



Un livre à la fois drôle et touchant qui nous taquine pour mieux nous émouvoir au débusqué, tout au long de cette vie tragique décrite sans mélodrame
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Mon petit

Comme l’écrit si justement Vanessa Caffin éditrice de Livres Agités, maison d'édition indépendante dédiée aux primo-romancières et qui publie Mon Petit de Nadège Erika, ce livre est « un cri, celui des invisibles ».

Nous entrons dans ce premier roman, directement dans Belleville sur les pas de la narratrice, une femme de quarante-cinq ans.

Elle vient de démissionner de la fonction publique. Si elle a plaqué la structure qui accueillait des mères adolescentes, des ados et des postados en danger ou en difficulté après avoir bossé dans un foyer d’accueil d’urgence pour enfants, c’est que « dans ce secteur, il se passe des choses que je ne veux plus voir ni savoir. »

Elle est donc revenue à Belleville sur les traces de son enfance et de sa jeune vie d’adulte pour écrire. Écrire pour mettre des mots sur ce qu’elle a vécu, « pour emballer ses tourments », une sorte de rempart à la douleur et à l’injustice.

Le récit de sa vie est en effet loin d’être anodin et elle vivra un drame sans nom, un drame qui n’a pas de fin.

Même si ce Belleville qu’elle retrouve a été gentrifié comme l’avait prédit sa grand-mère, s’il est tout autre, il est pour elle toujours comme avant.

Elle se retrouve bientôt dans la rue Piat devant l’appartement de sa grand-mère. Plantée devant le paillasson, Naëlle ferme les yeux, et entre comme dans un rêve, revient dans les années 90 et revoit…

C’est donc dans cette cité HLM, rue Piat, chez Grand-Maman, que Naëlle, son frère aîné et ses deux petites sœurs vivaient durant la semaine. Le week-end, ils allaient chez leur mère Porte de Montreuil.

C’est ainsi que Naëlle a navigué toute son enfance entre l’escalier E (rue Piat) et l’escalier 12 (Porte de Montreuil). Deux univers complètement différents, deux modes de vie diamétralement opposés, la rigidité du cadre chez la grand-mère la semaine, et la bohème chez Jeanne, la mère, le week-end, Jeanne et ses quatre mômes de quatre couleurs et quatre pères différents. « c’était ça ou la DDASS ».

Naëlle n’était jamais là où elle voulait, sa mère lui manquait tout le temps en semaine et elle ne pensait qu’à sa grand-mère le week-end…

Elle grandit et aux questions qu’elle pose, pas ou peu de réponses. Elle rencontre des hommes jamais comme il faut, puis tombe amoureuse de Gustave, le plus beau gars du quartier, de Belleville aussi, mais pas du même Belleville… Elle devient mère à dix-neuf ans.

La vie continue avec ses éclats de rire et ses silences mais le drame guette et sera d’une terrible férocité.

Le titre Mon Petit fait référence à cette enfant, Naëlle, propulsée dans la vie adulte bien trop tôt et qui adorait que sa grand-mère l’appelle ainsi parfois. Le « mon » voulait dire qu’elle était vraiment à elle et le « petit » qu’elle avait le droit de ne pas toujours être une grande sœur, une personne raisonnable devant montrer le bon exemple.

Avec ce premier roman, Nadège Erika nous offre un récit absolument bouleversant, poignant et tragique.

L’auteure nous conduit depuis l’innocence de l’enfance, jusque dans les pas effrénés d’une jeune fille décidée à vivre plus tôt que les autres, avec un appétit de vivre délirant, paralysé brutalement. Seule la force qu’elle a pu trouver en elle lui a permis de s’arranger avec la réalité, mais quelle force !

J’ai été captivée par ce roman, par l’écriture alerte, rythmée et imagée de Nadège Erika.

Il est une ode magnifique à ce quartier de Belleville et la description faite avec humour des Gentrificateurs et de la boboïsation du quartier très réaliste et savoureuse.

Ardéchoise et ne connaissant pas ce territoire, je n’ai sans doute pas saisi toutes les subtilités de cette vie parisienne et me suis parfois perdue dans certaines rues…

Mais j’ai avant tout été touchée et bouleversée par la douleur éprouvée par cette jeune maman, victime par ailleurs de violences conjugales, l’impossibilité et l’interdiction d’évoquer la mort de son bébé ayant encore aggravé cette douleur extrême.

J’ai été indignée et révulsée par l’attitude ignominieuse de ce médecin appelé en urgence, un comportement injustifiable.

Les séquelles psychologiques sont toujours là vingt-six ans plus tard, et elle éprouve encore régulièrement une forme de culpabilité et de la honte à ne pas avoir réussi à mener sa grossesse jusqu’à son terme. Terriblement poignant.

Plus que tout, j’ai admiré cette force, cette vitalité, cette énergie dont a fait preuve cette femme pour faire face à tous les évènements auxquels elle a été confrontée. Malgré toutes ces épreuves, elle est restée debout !

Dans ce roman, en partie autobiographique, Nadège Erika démontre les pouvoirs de l’écriture.

Avec des mots, elle crie la douleur de ses maux, elle écrit ses joies, ses peines, ses incompréhensions, ses peurs, sa douleur, sa colère. L’écriture, comme une sorte de thérapie, un moyen d’aller de l’avant et de refuser le statu quo.

Ce roman est également un moyen de s’intéresser à tous ces gens dont les histoires ressemblent peu ou prou à celle-ci. Dans son quotidien d’éducatrice spécialisée dans le médico-social, Nadège Erika en a croisé beaucoup...

Mon Petit de Nadège Erika, un roman contemporain, percutant, sombre mais enjoué, a été pour moi un véritable coup de cœur que je vous incite vivement à découvrir.

Tout comme pour Biche de Mona Messine aux mêmes éditions, une magnifique couverture augure déjà d’un contenu passionnant.

Un grand merci aux éditions Livres Agités pour leur confiance.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Mon petit

Un roman qui parle d'une cité HLM, de ses habitants, des huissiers, de l'injustice qui pèse sur les enfants de la cité.

Un roman qui parle de maternité douloureuse, de souffrance du quotidien.

Nadège Erika a su à travers sa plume transcrire les émotions des ados des cités HLM.

Bien qu'ayant une dizaine d'années d'écart avec Nana, le personnage principal, son vécu et ses ressentis de l'enfance m'ont plongé dans la mienne.

J'ai retrouvé une ambiance, des bruits, des odeurs, des objets, une façon de parler, une façon d'être, des signes de reconnaissance de la vie dans une cité.

Ici la cité c'est Belleville. Cité possédée d'une âme qui vous marque au point de vous appartenir.

Puis Nana grandit, s'émancipe un peu tôt... et devient maman.

Changement de sujet. L'autrice expose cette maternité et ses difficultés de mère et de couple.

Puis le drame.

Celui qui transpire dans le récit de Nana.

Cette mélancolie parsemée de regret et de tristesse qui nait en filigrane dans l'écriture direct , impulsive, réaliste.

Je me suis sentie moins concernée que par le 1er tiers du livre, mais j'avoue que la description des états d'âmes de cette maman est bouleversante.

Là aussi une situation qui met l'injustice de "mal-naitre" au coeur du roman.

Une lecture qui laisse place à l'émotion sur des sujets qui reflètent notre société et sur lequel l'autrice marque son engagement par sa plume.

A découvrir.

Merci à Babelio et les Editions Livres Agités pour ce roman de la rentrée littéraire dans le cadre de l'opération masse critique privilège.
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