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Citations de Nadège Erika (29)


Ma grand-mère ne supportait pas que la télé puisse être allumée en permanence. Elle trouvait que cet objet de malheur avait été inventé pour nous abrutir. Si on voulait la regarder, il fallait que ce soit un programme qu’elle approuvait, jamais une veille d’école, et encore moins si les devoirs n’étaient pas faits.
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Jeanne ne nous disait jamais pourquoi nous dînions dans le noir, mais elle exigeait qu’on ne répète rien à Grand-Maman. Et nous, de toute façon, on se fichait bien qu’EDF ou les huissiers viennent tout nous enlever aux portes de l’escalier 12 tant qu’il nous restait maman.
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Elle voulait savoir si j’étais intéressée pour faire d’autres baby-sitting. C’était la première fois qu’on me prenait pour la nounou de mes fils ! C’est sûr qu’une jeune fille noire accompagnée de deux petits Blancs aux yeux bleu-vert, c’était forcément la nounou congolaise.
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Pour la majorité des gens de Belleville et des visiteurs, la rue Piat, à l’époque, était un coupe-gorge qu’il fallait contourner. Nous étions loin des pique-niques branchés qui ont lieu désormais au bout de la rue. Mais comme pour tous les gamins du coin, peu nous importait de vivre dans une no-go-zone qui deviendrait bientôt une bobo-zone, nous n’entendions même pas les plaintes des adultes.
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Le palier a beaucoup rétréci, j’ai eu la même impression en passant devant l’école maternelle il y a quelque temps. Elle aussi est devenue toute petite. Les chevaux de bois scellés au sol dans la cour de récré m’ont paru minuscules. Je ne sais pas comment le dire, mais tout a rétréci dans le quartier. Même la cage aux poules des Buttes-Chaumont est devenue étonnamment étroite. Ainsi va donc la vie, ainsi va donc le monde ? Tout devient-il fatalement trop petit ?
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J’ignorais l’hiver. Il n’aurait pu me refroidir plus que la mort ne l’avait fait le matin même ; j’étais un petit cadavre de mère déambulant dans la ville le soir de la mort de son fils, marchant seule dans Paris. J’ai marché, et j’ai atteint la Seine. C’est elle que je voulais. C’est dans ses bras que je voulais me jeter. Je suis allée de pont en pont, comme ivre. J’entendais des voix de bébés. J’entendais ma mère qui m’appelait. La réalité est que j’entendais, en chœur, la folie qui me guettait et la vie qui me retenait.
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Notre propulsion dans la vie adulte avait été fulgurante ; Guss et moi jouions aux grands comme nous le pouvions. J’avais fait le choix de devenir mère mais il y a longtemps que j’étais le parent de la mienne et de mes frères et sœurs. Gustave et moi officialisions simplement mon statut, celui d’une gamine qui n’avait pas pu l’être.
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J’écris pour emballer mes tourments dans un corps de papier et mettre des mots sur une histoire qui en a manqué. Au même titre que d’autres fluides corporels, l’écriture, chez moi, est une sécrétion.
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La mort de Tiago a été une intoxication infinie et lente. La mort de ton enfant, c’est pour toujours, à chaque instant. Tu ne dis jamais la mort de ton enfant au passé, tu ne dis pas « à la mort de mon fils ». La mort de ton enfant, c’est tout le temps, c’est partout, tu en es la crypte. Ton existence même est focalisée sur la mort de ton enfant, ton enfant , ton enfant, ton enfant. J’étais cette mère-là.
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Rue Piat, la plupart du temps on textote sur des téléphones qui coûtent un Smic et que l’on paie en douze ou vingt-quatre fois en attendant le prochain modèle, sauf si on en récupère un « tombé du camion ». Nouveau téléphone = nouveau crédit. Même si, pour faire ça il faut être con comme un balai sans manche, et même si, souvent, je me demande vraiment ce qu’ils ont dans la tête, je sais que toutes ces conneries-là, ils ne les choisissent même pas, la société s’en charge pour eux.
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La chambre, le lit, la carapace, la coquille attisent l’inextinguible brûlure et l’illusoire combat contre l’absence. La chambre ne peut être cachée ou complètement contournée, ou se ranger précieusement dans un tiroir. Sauf à pouvoir et vouloir déménager , elle raconte au quotidien l’absence plus encore que ne le font les vêtements, les jouets ou les photos.
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Alors, on nous a assis tous les quatre autour de la table et on nous a expliqué que Nina, notre petite sœur, avait cessé de respirer. Voilà c'était tout. Jeanne est revenue de la maternité éteinte et mutique. Il aurait été salutaire d'en parler, mais nous avons enterré Nina en chacun de nous.
Il nous a fallu une fois de plus jouer au Roi du silence.
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J'ignorais que ces Ils étaient là, tout proches, qu'ils arrivaient, qu'ils finiraient par nous pousser de là pour qu’ils s’y mettent, avec leurs Biocoop, leur Naturalia, leurs cafés hors de prix, leurs Coffee shops en vogue où ils adorent se retrouver pour avaler un pancake et échanger deux, trois mots hystériques sur le nouveau juice bar et ses cheesecakes à la courgette qui vient d'ouvrir. Ils, les Gentrificators.
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Profiter de l’instant, c’est ce que je préfère dans la vie.
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Il a patienté quelques secondes, attendant peut-être que je pleure, avant de dégager.
Dommage pour lui, je savais retenir mes larmes. J’avais du métier.
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À travers le trou de la serrure, j’ai vu une vie telle qu’elle avait été en dépit de notre drame, comme disait Grand-Maman, j’ai vu la force me tenir.
J’ai vu qu’en ce monde, on ne venait jamais pour rien.
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« Vous avez une malade chronique que vous ne soignez pas. Vous avez le dos tout coincé, vous êtes toute cassée. Je ne comprends pas comment vous avez attendu jusque-là. » Elle m’a presque engueulée. Et j’ai songé qu’elle avait raison. Oui, ça faisait longtemps que j’avais mal partout, mais je voulais oublier. Ainsi, je fais parfois comme si mon corps n’existait pas. Je marche, je marche sur mes blessures, jusqu’à trop mal, jusqu’à trop tard.
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Même si je n’ai plus le désir d’y vivre, même
si j’ai oublié certains lieux et certains repères,
même si le quartier a changé et subi une gentrification de plus en plus marquée, Belleville, ça
reste chez moi. Belleville, c’est à moi. Je pourrais
me coucher là, par terre, et ne plus en bouger.
Je ne sais si c’est la proximité avec l’enfance qui
me procure cette sensation, mais dans ce quartier, j’ignore toute notion de temporalité. Je pourrais très bien voir Grand-Maman passer sur le
trottoir, même un de mes oncles, Le Blond, ou
peut-être son frère, Le Brun.
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C’est là que j’écris. J’écris pour emballer mes tourments dans un corps de papier et mettre des mots sur une histoire qui en a manqué.
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J'ai navigué toute mon enfance entre Belleville et porte de Montreuil, entre deux femmes qui se ressemblaient à peine. Deux maisons donc, boulevard Davout et rue Piat, deux ventricules d'un même cœur dont le battements ont rythmé mon existence depuis mon entrée au CP jusqu'à la troisième (P. 47)
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