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Critiques de Nadège Erika (63)
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Mon petit

Le livre est de ceux qui vous apprennent la résilience malgré les épreuves. Malgré une mère absente et un homme violent. Malgré le deuil et la souffrance. Malgré l'incompréhension et le mépris. Ce roman est une plongée dans la vie de Naëlle qui voit son quotidien bouleversé par l’arrivée de jumeaux à seulement 19 ans. Aujourd’hui, elle en a 45, et elle déambule dans son quartier de Belleville qu’elle ne reconnaît plus.



Nadège Erika signe un premier roman bouleversant, où l’humanité nous transperce le cœur. L’histoire est dramatique, le destin tragique, mais jamais la plume ne le devient. L’héroïne fait preuve d’une force qu’elle puise dans sa rage de vivre.



Lorsque la vie s’acharne contre vous, qu’elle vous défie de résister, il faut saisir la chance d’être heureux, justement parce que vous n’en avez aucune.



@lecturesauhasard
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Mon petit

C'est la couverture qui m'a tout de suite attirée. J'avais ressenti la même attraction avec celle d'un livre de la même maison d'édition paru l'année dernière, Biche de Mona Messine, qui était dans des tons marron et orange. Je trouve celle de Mon petit très intéressante, pleine de couleurs, très lumineuse, avec cette personne plantée au milieu. Et en commençant le livre, on comprend très vite qu'il s'agit du personnage principal de ce livre, Naëlle. C'est le premier roman de Nadège Erika, et c'est une totale réussite. C'est aussi ce qui m'a attirée dans ce livre, j'aime beaucoup découvrir de primo romancières et surtout lire leurs premiers écrits. Vanessa Caffin, l'éditrice de Livres Agités, parle de ce roman comme d'un cri, celui des invisibles, et comme elle a raison, c'est exactement ça. 



J'ai fait donc la connaissance de la narratrice, Naëlle, une femme de quarante-cinq ans qui revient dans le quartier de son enfance, après avoir démissionné de son travail dans le domaine social. Elle ne supporte plus ce qu'il se passe dans les foyers où elle travaille. Elle décide donc de revenir sur les pas de son enfance et son adolescence, qui se sont passés dans deux rues distinctes de Belleville. La semaine, elle vivait chez sa grand-mère, au numéro 40 de la rue Piat. Et le week-end, elle était chez sa mère, porte de Montreuil. Celle-ci vit seule, Naëlle a un grand frère et deux petites sœurs, tous de couleurs et de pères différents. La vie est différente chez l'une ou l'autre des deux femmes. La semaine chez la grand-mère, c'est plus strict, plus sévère, et le week-end chez la mère, c'est beaucoup plus relax et fantasque. Naëlle aime les deux lieux, mais a toujours l'impression de ne pas se trouver au bon endroit. Quand elle est avec sa grand-mère, sa mère lui manque et inversement quand elle est avec sa mère. L'enfance de Naëlle va donc être menée par ces deux femmes opposées dans leur façon de voir la vie. La petite fille puis la jeune fille essaiera de vivre, ou plutôt survivre. On la suit donc pendant son enfance et adolescence, entre des petits vols, des fugues, et une instabilité qui mènera à sa déscolarisation. Puis, elle rencontrera Gustave, un jeune homme très beau, avec qui elle veut vivre pour la vie, comme on le rêve lorsque l'on est adolescente. 



Je ne dirais rien de plus. L'histoire de Naëlle ne s'arrête pas là, bien évidemment. Toute sa vie nous est retracée, et pas toujours de façon chronologique, et j'ai bien aimé ce fait. Car tout n'était pas révélé tout de suite, et il régnait donc un certain suspense. On comprend vite qu'un drame va arriver, qui va chambouler la vie de Naelle, et sa perception du bonheur, comme si le mauvais sort s'acharnait sur elle. Les révélations arrivent petit à petit, et sont de plus en plus bouleversantes à mesure qu'on les découvre. Je n'ai pas attendu de savoir quel était ce drame pour m'attacher à Naelle, ça je l'ai fait dès le début, dès les premiers mots. J'ai tout de suite eu envie d'aider cette petite fille, la réconforter, puis aider la jeune fille à passer le cap de l'adolescence, et enfin accompagner la jeune femme dans sa douleur. Les émotions montent crescendo. Au début, j'ai suivi la vie du personnage, avec sa grand-mère, sa mère, et plus le récit avance, et plus la tension augmente, plus j'ai ressenti de la douleur derrière les mots de la narratrice. Lorsque les mots sont mis sur le drame, le texte se transforme en un long cri de douleur et d'effroi. C'est en tout cas ce que j'ai ressenti. J'ai eu mal pour Naelle, j'ai pleuré avec elle, j'ai ressenti son vide. Toutes les explications autour du drame arrivent petit à petit, au fil des pages, et ça en devient encore plus glaçant. 



Je me suis énormément attachée à Naelle, je ne peux rien révéler, et ma vie personnelle n'a pas lieu d'être ici, mais je me suis beaucoup reconnue en elle, j'ai vécu des choses similaires, et j'ai trouvé que l'autrice mettait les bons mots sur ces événements de la vie. J'ai eu souvent l'impression que Nadège Erika racontait mon histoire et c'en était troublant parfois. Je pense aussi que c'est impossible de ne pas s'attacher au personnage de Naelle, ou alors il ne faut pas avoir de cœur. Un autre personnage que j'ai beaucoup aimé, c'est la grand-mère. Comme j'aurais aimé en avoir une comme ça, stricte, mais toujours bienveillante, qui peut paraitre sévère mais elle fait tout par amour et pour le bien de sa famille. C'est une femme qui en a surement vu dans sa vie, elle ne se plaint jamais et fait toujours face. La mère de Naelle n'est pas aussi attachante, même si elle n'a pas un fond méchant. Il y a un autre personnage très important dans ce récit, c'est le quartier de Belleville. Il prend beaucoup de place dans la vie de l'héroïne, il est riche en personnalités, en paysage. Je ne connais pas du tout cet endroit, mais l'autrice a tellement bien su le dépeindre que je suis arrivée aisément à l'imaginer. Cela crée une ambiance et il a beaucoup d'importance. 



L'écriture et le style de Nadège Erika sont très beaux, très sensibles. Elle relate très bien, sans jamais verser dans le pathos et pourtant cela pourrait, vu les événements. Elle dépeint cela très justement, avec les mots qu'il faut, avec une extrême délicatesse. L'écriture change selon le moment. Les phrases sont plus longues au début quand elle raconte son passé, puis quand le drame arrive, c'est plus haché, plus rapide, on sent comme une urgence. Une urgence de raconter, de ne pas s'appesantir car on sent bien que ça fait encore mal. Et ça se comprend, c'est le genre de douleur qui ne s'oublie pas et qui ne cicatrise jamais complètement. On la porte en nous à vie. Je ne veux pas vous révéler, je me suis doutée en lisant, en me disant que non, ce n'était pas ça, mais si, malheureusement. L'écriture et la façon dont c'est amené est pleine d'empathie et de compassion. Et pourtant, elle décrit très bien, c'est très précis, l'autrice n'épargne pas son lecteur, elle est honnête et c'est ce qui rend le texte encore plus touchant. 



C'est une histoire très forte, un récit très émouvant, troublant. Tout cela porté par une magnifique plume. C'est un premier roman, et quelle réussite, l'autrice frappe fort. C'est un livre qui s'adresse à un lectorat adulte, mais je trouve qu'il devrait aussi être lu par les jeunes, à partir des années collège. La vie de la jeune Naelle est très inspirante, et permettrait surement à d'autres jeunes filles de se dire que l'on peut se relever. C'est une histoire porteuse d'espoir. Il en dégage tellement de force, d'amour de la vie. La résilience est un mot qui prend tout son sens ici, la reconstruction après un tel drame est très compliquée et il faut surtout beaucoup de force. L'autrice parle également de plein de sujets sociétaux auxquels nous sommes souvent confrontés. Les problèmes d'adaptation, la gentrification, qui est la tendance à l'embourgeoisement d'un quartier populaire, cachant ainsi mieux les problèmes. Elle parle aussi des jeunes, de la violence à l'école, entre jeunes, avec les parents, dans les familles. Tout ce qui fait la vie de la société d'aujourd'hui. L'autrice décrit tout cela sans fard, sans se voiler la face, et c'est cette honnêteté que je retiendrais surtout d'elle. 



La lecture s'est faite facilement et rapidement. L'histoire est très immersive, une fois dedans, j'ai eu beaucoup de mal à la quitter. J'avais très envie de rester avec Naelle, de continuer à l'accompagner. J'ai été triste de la laisser, comme on laisse une amie. C'est un livre qui va rester dans mon cœur, j'ai ressenti une tonne d'émotions et, en écrivant cette chronique, je les ressens encore. J'espère être arrivée à vous les transmettre au travers de mes mots. En tout cas, ils sont encore bien présents en moi, et ce n'est pas facile de vous les raconter sans dévoiler de trop l'histoire. Le titre est beau, "Mon petit", c'est comme cela que sa grand-mère appelait Naelle...comme ma maman à moi m'appelait "Ma grande".... ces petits surnoms que les autres nous donnent et restent gravés dans notre mémoire à vie. 



Je suis très contente d'avoir découvert Nadège Erika. J'espère sincèrement qu'elle écrira un nouveau roman, je la lirai à nouveau avec grand plaisir. Je vous recommande vivement ce livre et cette autrice de talent. N'hésitez pas à partir à la rencontre de Naelle, une jeune femme tellement forte et belle. On sent que l'autrice a mis beaucoup d'elle dans le texte, elle travaille en tant qu'éducatrice dans le médico-social, elle a été plus d'une fois confrontée à la douleur, tout cela transparait dans ce livre, et c'est ce qui en fait toute sa beauté. Elle dit qu'elle a souvent eu que l'écriture pour se défendre, et ça aussi je le comprends tellement. Ecrire est une forme de thérapie pour beaucoup. Le fait de poser sur le papier nos peurs, nos doutes, nos joies, est un moyen de les faire exister autrement. Tout ça pour dire que je me sens vraiment très proche de Nadège Erika. Je vais arrêter là, je vous laisser découvrir par vous même l'autrice et Naelle. 



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Mon petit

A la lecture de « Mon petit », les souvenirs affluent. Ah ma folle jeunesse à Garges-lès-Gonesses, le foot sur le parking bétonné, dans le préau de l’immeuble, dans le parc, dans les terrains vagues… Les pentes des parcs dévalées en toute insécurité, la solidarité entre voisins…

Quand je repense à mon enfance, c’est bien cela qui me vient à l’esprit en premier. Puis les autres souvenirs… la cacophonie, l’insalubrité, la promiscuité, l’insécurité vu au travers de mes yeux d’adulte. Quand on est enfant, rien n’est dangereux, on est immortel, tout est normal…

~

Je retrouve tout cela dans ce récit

Je découvre bien plus

Les pensées de l’héroïne

Grandir

Avancer

Pas à pas

Grâce aux appuis de la famille

Bien que fragiles

La fragilité est préférable à l’absence

.

.

.

Puis le drame survient

Faisant voler en éclat l’innocence du récit

L’innocence d’une vie

Où malgré les difficultés

On ne retenait presque que le rire, le positif, la lumière

On écartait l’obscurité, la peur, la honte, la détresse

Le drame pour écarteler

Pour détruire la joie

Annihilant tout une existence

On devient bancal

On ne vit plus

On survit

Pourtant, par son écriture, sa force, son courage, sa vie, Nadège Erika nous offre la lumière

La lumière dans les moments les plus sombres

Les mots coulent, rayonnent, touchent, percutent, empoignent, marquent

« Mon petit » regorge de vie
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Mon petit

Paris. Belleville. Naëlle revient sur les traces de son enfance et de son adolescence. Dans ce quartier, elle se souvient. Elle remonte le fil de temps. Les années 90. Celui où elle naviguait ente l’appartement de sa grand-mère et celui de sa mère.



Si sa grand-mère est attentive et attentionnée, sa mère en revanche ne l’est pas. Enfant, la petite narratrice se trouve ballottée entre le monde strict et organisée de cette grand-mère face à une mère menant une vie de bohème. Elle déambule, se remémore la pauvreté, ses frères et sœurs.



Adolescente, elle tombe amoureuse. L’homme la violente. À 19 ans, elle devient mère. « Son petit », elle le perd. Vient le temps de l’après. Malheureusement, elle ne peut en parler à personne. L’écriture devient son exutoire pour se reconstruire.



Ce n’est pas seulement un livre. Ce roman est aussi « un cri des invisibles ». Bouleversant 🖤
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Mon petit

Mon petit, c'est la réalité entre les classes sociales, la difficulté du regard des autres, la puissance des émotions de ne pas avoir cette chance d'être né dans la bonne famille, l'accès laborieux à l'éducation et à la culture mais c'est aussi une énorme prise de recul sur comment se sentir bien avec les gens qu'on aime, qu'importe notre environnement, les dettes, sans avoir besoin d'avoir grand chose à manger dans son assiette tant qu'ils sont là ❤️



Mon petit, c'est devoir faire face au deuil en ravalant ses émotions, sa souffrance, son envie de tout taper face à l'injustice, de vouloir rejoindre son enfant dans l'au-delà. C'est tout ce que personne ne comprend pas tant que tu ne l'as pas vécu, parce que la mort fait peur, dérange, parce personne ne veut y avoir affaire, parce que la grossesse c'est beau, c'est joyeux pour certains.



C'est devoir faire face à la morosité des hôpitaux, des condoléances dont on s'en fou tellement on a mal, c'est faire face à des funérailles auxquelles tu n'as jamais pensé, c'est taire ce drame familial au collectif, c'est rester vide et malade au fond en souriant pour faire bien 🤫 C'est ne jamais parler de ton enfant mort parce que c'est malaisant, parce que personne ne sait faire, parce que c'est plus facile de faire comme si rien ne s'était passé.. Tout simplement parce qu'on y est jamais prêts même si ça te tombe dessus de génération en génération 🤐



Mon petit, c'est un coup de cœur, une histoire bouleversante, qui prend aux tripes de chapitre en chapitre, je ne pourrais que vous le recommander !
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Mon petit

Merci à Babelio et aux éditions Livres Agités pour la découverte de ce titre.



Un roman intimiste où la narratrice, Naëlle, dévoile au lecteur son histoire personnelle. Au gré de confidences, elle retrace son parcours de son enfance à l'âge adulte. Cette proximité entre elle et le lectorat crée directement un lien entre eux. L'attachement est quasi immédiat, ce qui facilite l'entrée dans le récit alors qu'au départ, le liseur ne sait pas où l'auteure veut l'emmener. Il se laisse cependant bercer par sa plume et par les souvenirs de Naëlle. Les lignes défilent tout comme les pages dans une atmosphère teintée de nostalgie. La jeune femme semble enracinée à son passé. Celui-ci est placé sous le sceau du secret. En effet, dans sa famille, les non-dits ont une place importante. Ses proches préfèrent taire les choses pour les empêcher d'exister et faire comme si de rien n'était. Les douleurs sont enfouies, non exprimées, cachées.

D'enfance, Naëlle n'en a pas vraiment eu. Elle qui est devenue femme avant l'heure est à son tour touchée par un drame qui l'amène à entrer dans ce silence organisé qu'elle a toujours redouté. Il est des circonstances qu'il est plus simple d'occulter. Mais ces mots tus s'amoncellent et prennent bien vite toute la place dans son être intérieur. Ils l'étouffent. le silence détruit plus qu'il ne soulage.

La tragédie qu'elle traverse traite d'un sujet très difficile qui est bien amené par l'auteure. Son écriture engendre une totale empathie chez le lectorat pour sa protagoniste qui grandit d'un coup, trop vite et trop durement. D'autres personnages attirent également la sympathie malgré leurs défauts comme c'est principalement le cas de Grand-Maman. le lien qui lie cette dernière à sa petite-fille est touchant et plonge à son tour le lecteur dans une sorte de nostalgie.

Le drame central auquel s'en ajoutent d'autres amène réflexions et thématiques qui interpellent, le tout saupoudré de remarques sociétales piquantes pour une lecture percutante.

"Mon petit" est le récit poignant d'une femme broyée par le souvenir du passé, par la surdité de certains et le silence des autres (p.275). Un premier roman prometteur.
Lien : https://livresratures.wordpr..
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Mon petit

📚 L'histoire - Naelle, la narratrice, se souvient. De son enfance, dans le Belleville populaire des années 90, avec frère et sœurs ; quatre enfants, quatre pères différents. De son enfance partagée entre l'appartement de Grand-Maman à Belleville et celui de leur mère, dysfonctionnelle, Porte de Montreuil. De la naissance de son couple, de ses propres enfants aussi.



🖊️ Grandir, devenir adulte, n'est pas facile pour Naelle... Une vie âpre, faite de coups (très) durs, de minuscules fragments de bonheur aussi.



🖊️ Un premier roman. Un vrai ton. Une écriture intéressante, cohérente. Un texte âpre, moderne.



🖊️ Être au plus près de la vie de la narratrice, de l'autrice probablement en filigrane. Et la suivre dans les rues de Paris, très présentes dans ce texte, dans les différents appartements de sa vie, dans les services de l'hôpital.



😔 Bilan ? Lisez-le, la plupart des lecteurs ont infiniment apprécié ce roman. Je reconnais ses indéniables qualités, mais au bout d'un moment, je m'en suis détaché émotionnellement : tant de malheurs, de souffrances, qui s'abattent sur une seule personne...



😔 Extrait : "Je ne serai plus jamais heureuse. À présent, tout ce qu'il adviendra de ma vie sera toujours trop long."
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Mon petit

"Mon petit", c'est ainsi que Grand-Maman surnommait Naëlle, la narratrice. Naëlle a passé son enfance entre l'appartement de sa grand-mère dans la cité HLM de la rue Piat et celui de sa maman, Jeanne, porte de Montreuil. A 20 ans, elle va vivre un drame bouleversant. Son récit commence 26 ans plus tard. Elle déambule dans les rues de Belleville, le quartier de son enfance. Et elle commence à raconter au lecteur son histoire.

Deux temps narratifs se conjugent dans son récit, celui du présent et celui du passé.

Naëlle a eu 4 frères et sœurs, tous de pères différents. Aucun papa n'est présent dans la vie des enfants, la maman les élève seule. C'est pourquoi pendant un temps, les enfants vivent la semaine chez Grand-maman et le weekend chez leur maman. Deux modes de vie bien différents : chez Grand-maman, on ne dit pas de gros mots, on se tient correctement, on s'habille comme il faut, on mange proprement. Grand-maman est gentille avec ses petits-enfants, mais elle tient à leur donner une belle éducation. Chez Jeanne, la maman, c'est une autre affaire. Factures impayées, huissiers qui débarquent, malnutrition. Mais il y a de l'amour entre eux. Naëlle raconte la vie dans l'un des appartements puis l'autre, les péripéties lorsqu'elle se rend toute seule de l'un à l'autre alors qu'elle n'est qu'une enfant, ses révoltes contre l'injustice. Déjà petite, son caractere de battante se fait sentir. Puis elle grandit et tombe enceinte à 19 ans. Ensuite c'est le drame.

A l'évocation de ce drame, qui occupe le dernier tiers du livre, je ne peux m'empêcher de penser que ce récit contient une très large part autobiographique. Les éléments décrits, les sentiments ressentis sont rapportés avec une telle précision et une telle intensité qu'ils n'ont pu qu'être vécus.



Ce récit, c'est le témoignage d'une écorchée vive, une femme blessée dans sa chair, dans ses entrailles, mais une femme qui a finalement su se relever.



Je remercie beaucoup Babelio et la maison d'édition Livres Agités, que je découvre par la même occasion, pour l'envoi du roman.
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Mon petit





Mon petit c'est le petit nom affectueux que donne Grand-Maman à Naëlle.

Élevés par leur grand-mère et leur mère, Nana et ses frères et sœurs sont en garde alternée. La semaine à Belleville et le week-end à Porte de Montreuil.

Deux ambiances . Et beaucoup d'amour quand même. Même si la vie chez maman est bancale.



Mais qu'il est réussi ce roman!

Une première partie enlevée et rafraîchissante où Nana raconte le Belleville de son enfance ( pas celui des bobos, juice bars et autres thés matcha...vraiment bien sentie d'ailleurs la description du quartier "gentrifié").

Entre petits bonheurs, larcins, vie de quartier.



Vient alors une suite poignante. Nana grandit, tombe amoureuse, puis enceinte.

Un drame survient. Le désespoir et la sidération sont extrêmement bien restitués.



Un livre marquant découvert grâce aux 68 premières fois.
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Mon petit

Tout d’abord, je tiens à remercier Babelio ainsi que les éditions Livres Agités pour m’avoir fait parvenir ce roman dans le cadre de cette Masse Critique privilégiée !



Suite à la quatrième de couverture, je pensais lire les mots d’une narratrice adolescente, or pas du tout… ! On découvre une Naëlle largement adulte qui se remémore des souvenirs...! Je ne m’attendais pas à cela, mais finalement on s’habitue vite et nous voilà plongé dans l’ambiance des rues de Belleville et le récit de la protagoniste.

Il ne m’a fallu que quelques pages pour réussir à accrocher à cette lecture. J’ai de suite aimé sa manière de raconter, le détail de ses anecdotes… On découvre ainsi une atmosphère un peu mélancolique tandis que Naëlle se remémore son enfance et adolescence. Un quotidien pas toujours des plus faciles en réalité, à naviguer entre chez sa mère et sa grand-mère dans deux univers complètement opposés, sa mère galérant pour subvenir à ses besoins à elle et ses frères et soeurs, un père absent de sa vie…



J’ai aimé le personnage de Naëlle. Elle m’a très vite touchée, sans que je ne sache dire pourquoi. Le fait qu’elle soit une jeune fille banale, qui se pose des questions (dont elle a parfois les réponses, parfois non…) et qui a envie de vivre, fait qu’on peut facilement s’y attacher et s’y identifier, même si je n’ai pas du tout grandi dans une situation similaire à la sienne.

J’ai aussi rapidement apprécié le personnage de Grand-Maman, que Naëlle aime énormément. On sent son affection pour elle, et cette affection se communique à nous lecteur.ice.



Ainsi, la Naëlle adulte évoque des souvenirs de manière non chronologique. On peut se dire qu’il ne se passe rien de dingue en terme d’intrigue, mais j’ai beaucoup aimé la suivre au fil des pages ; elle est attachante, la plume est agréable, la lecture est fluide.



Et puis… Ce n’est pas tout, non, bien sûr.

Quelque part au milieu de cette histoire de vie, il y a un drame.



Un drame auquel je ne m’attendais pas vraiment.

Un drame qui ne peut laisser indifférent.e.

Un drame qui fait que cette lecture est si marquante.



Quelque part dans ce roman, il y a toute une partie qui m’a fait ressentir des émotions fortes et indescriptibles.

J’ignore si ce drame-là avait été dit avant, dès le début du livre. Peut-être. Peut-être que je n’avais pas été assez attentive en lisant les premiers chapitres. Peut-être avais-je manqué l’info. Ou que je le savais déjà et que je n’y pensais juste plus. Enfin bon, je ne sais plus.

Toujours est-il que je ne m’attendais pas à ce que cela soit si brutal.



Un moment si atroce et si tragique a été parfaitement bien raconté et écrit par l’autrice. En tant que jeune lectrice, qui n’a jamais vécu cette souffrance-là, j’ai malgré tout ressenti beaucoup d’émotions, ces émotions-là que les mots ne peuvent décrire.



Ce roman dégage énormément de douleur, une douleur terrible et indicible.

Mais de ce roman se dégage aussi tellement de force…



Il m’est difficile de décrire cette lecture, mais ce qui est certain, c’est que je ne m’attendais pas à en ressortir autant touchée, autant chamboulée.

Ce livre ne peut laisser indifférent.e. Je trouve qu’il s’en dégage énormément de choses, et je ne m’en doutais pourtant pas du tout en le commençant…



On y trouve tellement de brutalité, de dureté, mais aussi tellement d’émotions et d’humanité…



Enfin bon. Merci Babelio pour cette belle, très belle découverte ! Je recommande !
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Mon petit

Un premier roman prometteur qui met à l'honneur une jeune métisse dans une famille un peu particulière.



Papa absent, maman fantasque et une grand-mère qui fait office de maman.



On la voir grandir puis devenir jeune fille.



Le premier amour et une grossesse très rapide.



Et rien ne se passe comme il le faudrait.



Un vrai cri du cœur, à découvrir.
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Mon petit



Sur les conseils de @delphinecardonne de la médiathèque, je me suis plongée dans ce roman qui s'est avéré une pépite!

Touchée plein coeur et bim!!



Un premier roman pour l'autrice, une si jolie écriture, j'ai adoré.



Naelle la quarantaine revient sur les pas de son enfance  à la Villette, le quartier où elle a vécu avec ses frères et sœurs dans les années 90. 



Elle se souvient de tout dans les moindres détails, des bruits, des odeurs, de l'appartement à  l'époque où Grand-maman les gardait et s'occupait d'eux  avec amour et respect des usages pour tenter de pallier à l'esprit bohème de leur maman qui avait une vision de l'éducation trop libérale et croulait sous les impayés et les visites des huissiers.



C'est ainsi qu'elle nous embarque  dans un quartier vivant et populaire où toutes les familles se côtoient quelque soit leurs origines. Ils se connaissent tous très solidaires les uns envers les autres pour former une immense famille bigarrée alors qu'ils voient se dessiner au fil des années un changement radical du quartier et de ses habitants dans lequel ils ne se reconnaîtront plus.



Naelle va grandir sans doute plus vite que les autres et lorsque adolescente elle tombe amoureuse de Gaspard le plus beau du quartier, sa vie va être merveilleuse, elle en est sûre.



Mais un drame  survient, l'impensable, l'indiscible et elle en sera à jamais détruite, cabossée et vidée de sa substance vitale.



Mon petit c'est le surnom que donne à Naelle sa grand-maman mais au fil de la lecture il a pris pour moi une autre signification.



Je vous encourage vivement à  lire cette très belle histoire si poignante et touchante pour garder dans votre cœur une petite place pour Naelle.



Chère Erika, j'ai hâte de lire votre prochain roman, merci pour ce cadeau.



#booksta #passionlivre #passionlecture #lirelirelire #lectricepassionnee #instabook #monpetit
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Mon petit

Voilà un livre que je n'ai pas remarqué lors de la rentrée littéraire. Est ce moi qui ai été distraite ? ou est ce la presse qui n'a pas orienté ses projecteurs sur lui ? Je ne sais mais ce que je sais, c'est que voilà une pépite à ne pas laisser passer.



Je l'ai emprunté un peu par hasard. Je cherchais un livre à télécharger sur ma liseuse en attendant de me rendre à la médiathèque. C'est pratique, comme cela je rapporte la totalité de mes emprunts sans risquer de rester une journée sans livre à lire. Je cherchais donc cette fois un petit livre.

Celui ci m'a paru intéressant, la note babelio m'a confortée dans mon choix mais je ne savais pas trop à quoi m'attendre.



Ou plutôt, j'avais une idée du contexte, du milieu dans lequel les personnages évoluaient et des difficultés rencontrées. Je dois dire que l'autrice décrit avec beaucoup de tendresse l'enfance de Naëlle et des ses frères et soeurs, entre deux adresses dans le Belleville des années 90. Celle de sa grand mère qu'elle adore à la fois aimante et sachant fixer des règles et sa mère, plus fantaisiste.



J'ai aimé cette première partie qui raconte l'enfance puis l'adolescence de cette jeune fille...jeune fille qui verra sa vie basculer dans l'âge adulte trop rapidement.

Je peux dire que la suite m'a submergée. Je n'avais pas lu de critiques précises et la mère que je suis ne sort pas indemne de ce genre de sujet.



Mais quelle émotion, que de phrases coup de poing, un roman qui me hantera longtemps. A lire absolument.







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Mon petit

Le roman aborde beaucoup de thèmes importants, qui sont traités de manière directe.

La vie en cité, la proximité avec la délinquance, la pauvreté, le décès infantile et la réaction qu’il provoque chez l’autre. Tous ces thèmes sont exploités et ne sont pas enrobés, déguisés ou nuancés.



C’est un très beau roman, que je conseille fortement.

Il est poignant, il est prenant.

C’est un roman qu’on ne veut pas terminer.

C’est un roman qui marque l’esprit.
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Mon petit

❤ Coup de cœur ! ❤

C'est un premier roman, autobiographique. Magnifiquement écrit.

C'est une histoire de (sur)vie fracturée géographiquement, sentimentalement, éducativement, socialement mais pleine de tendresse par les souvenirs de la narratrice, le drame subit et la description de ce quartier populaire gentrifié de Belleville.

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Mon petit

❝Je n’ai jamais parlé d’autre chose que de moi.❞

Alain Robbe-Grillet, Le miroir qui revient



❝Certains vivent au bord de la mer, d'autres au bord d'une rivière, d'autres, moins chanceux, vivent au bord d'une route ; je vis au bord des larmes.❞



Nadège Érika a choisi d’écrire son premier roman sous pseudonyme, comme beaucoup de primo-romanciers qui éprouvent le besoin de rebattre les lettres de leur nom, de remplacer leur « je » par un autre, tout en restant dans le domaine de l’intime dont ce « je » se veut le garant.



Comme le serait une autobiographie, Mon petit est une narration rétrospective où l’adulte que la narratrice est devenue revient sur l’enfant qu’elle était, juxtaposant les perspectives dans un style à la fois vif et simple, recomposant la géographie du quartier de l’enfance, Belleville, la rue des Pyrénées, la rue Piat et l’immeuble sis au 40.



❝Belleville, ça reste chez moi. Belleville, c’est à moi. Je pourrais me coucher là, par terre, et ne plus en bouger.❞



Le nom en couverture a beau avoir été changé, le lecteur n’est pas dupe. À travers le personnage de Naëlle phonétiquement si proche, Nadège Érika ne parle pas d’autre chose que d’elle dans cette vie dont on ne sait si elle est ne serait-ce que romancée/fictionnalisée. Inutile d’aller fouiller pour démêler le vrai du faux parce que de tels récits sont moins intéressants pour le lecteur que pour celui/celle qui écrit, s’y découvre et s’y construit. Mon petit est un écrit cathartique – encore un – dans lequel Nadège Érika se dissèque pour mieux se recomposer,



❝J’écris pour emballer mes tourments dans un corps de papier et mettre des mots sur une histoire qui en a manqué.❞



en donnant la parole à cette autre qu’elle, à Naëlle Muet (on appréciera au passage la potentialité signifiante du choix onomastique au regard de l’histoire), enfant de Belleville, grandie dans une famille de silences et de non-dits. Fa(m)ille - Famille/faille : une lettre vous manque...



Dans une première partie, les souvenirs reviennent sous forme de vignettes dont le puzzle raconte le quartier avant sa gentrification, le passé entre tourments et douceurs, les semaines que Naëlle, son frère aîné Raphaël et ses jeunes sœurs Gaby et Georgia,



❝quatre mômes de quatre couleurs et quatre pères différents❞



partageaient entre l’appartement de leur mère Jeanne Porte de Montreuil et celui de Grand-Maman à Belleville, deux pôles d’une même boussole. Naëlle raconte d’une part les visites d’huissiers, l’électricité comme le téléphone coupés à cause de factures impayées, les repas biscottes/Banania devant un frigo désespérément vide ou privé d'électricité, la crainte de la visite des services de la DDASS et, d’autre part, la vie certes modeste mais plus calme et ordonnée dans l’appartement de leur grand-mère bien à la peine quand il s’agit de comprendre sa fille et ses choix de vie, mais soucieuse d’apporter un peu de normalité à ses petits-enfants.



On se rend vite compte que le Belleville de Naëlle est un monde de femmes ; un monde de ❝famille asymétrique❞, les pères étant, tous sans exception, aux abonnés absents ; un monde de violence ordinaire, de vols à l’étalage, de fugue, de scolarité chaotique. Un monde de modèles qu’il est à la fois périlleux de reproduire et difficile de ne pas reproduire ; Naëlle tombera enceinte très jeune, comme sa mère avant elle ; elle aura des jumeaux avec Gustave, père plus ou moins concerné selon les jours par la vie de son foyer.



À sa moitié, le roman prend un tour différent qui cueille le lecteur. L’écriture, jusque-là pleine d’allant et d’humour, volontiers irrévérencieuse devient l’expression de la douleur violente d’une jeune femme vivant désormais ❝au bord des larmes❞, incapable de mettre autrement qu’en cri des mots sur le drame, drame qu’il m’est impossible de dévoiler.



❝J’étais sidérée, j'ignorais encore à quel point j'allais mourir de cela ma vie entière.❞



Si je me suis volontiers laissé embarquer par la première partie, par la chronique douce-amère du monde à jamais révolu de l’enfance que l’on aimerait retenir, par l’évocation aimante d’un quartier que l’on apprend, nous lecteurs, à connaître au gré des va-et-vient de Naëlle, j’ai peiné à apprécier la seconde, quand il s’est agi pour elle de traduire l’intraduisible, la fracture intime, le manque, l’absence, le trou, la béance, le gouffre ouvert sous ses pieds. Je sais combien cela peut être choquant de n’être pas bouleversée par ce qu’a vécu Naëlle/Nadège, mais je crois n’être tout simplement pas la lectrice-cible de ces romans(?)-là.

Pourquoi ?

Parce que je suis lasse du règne de Narcisse, de l’ambiguïté que cultivent ces récits autobiographiques qui répugnent à dire ce qu’ils sont vraiment et ne s’assument pas. C’est moi et ce n’est pas moi semblent dire ces auteurs égocentriques au sens strict du terme – ego moi centrum centre – dont le je remplace le il, mais n’osent pas aller jusqu’à dire je suis je et trompent allègrement le lecteur en faisant mine de fonder avec lui un pacte romanesque qui, de fait, n’existe pas.

Faut-il en passer fatalement par là pour gagner un statut littéraire en 2024 ?



Premier roman, lu pour la sélection 2024 des #68premieresfois
Lien : https://www.calliope-petrich..
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Mon petit

Le début du roman est assez lent à se mettre en place. J’avais un peu du mal à me concentrer sur son histoire.

C’est un livre où on se balade dans Paris, surtout entre Belleville, Ménilmontant, Porte de Montreuil.

Il faut lui donner sa chance et préserver car d’la deuxième partie de l’histoire est hyper touchante.

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Mon petit

Entre l’appartement de sa mère à Belleville et celui de sa grand-mère Porte de Montreuil, Nana a vécu, avec son frère aîné et ses deux sœurs cadettes, une enfance pauvre mais heureuse où l’amour, l’entraide et le respect étaient omniprésents.

Faite de débrouilles et de privations, leur vie sans père a fait évoluer ces enfants en toute liberté, dans ce quartier de l’Est parisien qui fut leur refuge. « Nous avons manqué de tout sauf de vie et d’espoir.»

A 45 ans, quittant le foyer d’accueil d’urgence pour enfants dans lequel elle travaille, Nana revient sur ses souvenirs de jeunesse, se désolant de la gentrification qui a gagné leur quartier autrefois habité par les classes populaires.

Mais ce retour sur son enfance heureuse, la conduit inévitablement au malheur qui s’est abattu sur elle, alors qu’à peine sortie de l’adolescence, elle perd son fils jumeau d’à peine un an.

Un roman émouvant, à la fois débordant de la joie de cette famille monoparentale mais aussi profondément déchirant de la détresse de cette jeune mère qui « a donné la vie et reçu la mort ».

Le contraste entre ces deux périodes de la vie de Nana est saisissant et Nadège Erika, pour son premier roman, fait preuve d’une grande maîtrise de l’écriture, tirant les ficelles de nos sentiments comme une marionnettiste et nous touchant droit au cœur.

Plongé dans un bain d’amour, Mon petit nous parle de classes sociales, de pauvreté et de boboïsation mais également du difficile sujet de la perte d’un enfant. Sa sensibilité, son naturel et sa résilience en font une lecture enrichissante qui porte en elle une immense envie de vivre.



Merci à Babelio et aux éditions Livres Agités pour l'envoi de cette masse critique privilégiée.
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Mon petit

Naëlle se promène dans Belleville, c'était son quartier mais elle ne le reconnaît plus depuis la gentrification. Alors elle se souvient. La rue Piat, toute la semaine chez Grand-maman. Les bonnes manières, les petits cols claudine, l'appart HLM tellement recuré, tellement soigné, si bien qu'à hauteur d'enfant on ignore qu'il y a peu d'argent... Et toutes les règles, tous les rituels abandonnés les weekends chez maman, avec ses horaires décalés d'infirmière, le papa dont on ne parle jamais et les hommes qu'on voit trop, les repas joyeux de gosse à base de Banania devant la télé... La vie d'enfant faite d'allers et retours, les années qui s'égrènent et puis les yeux verts du plus beau garçon du quartier, comme un prélude à la tragédie qui s'annonce...



"Belleville, un ventre de mère." écrit Nadège Erika, dans la bouche de Naëlle. La maternité, le quartier, l'enfance, tout est affaire de grands moments de joie et de douleurs infinies, de vacarme et de silences assourdissants, de lumière et d'obscurité. On vibre, on pleure, on hurle, on frémit avec "Mon petit", on tend vers la douce étreinte de Grand-maman. Tout sonne très juste, avec cette énergie propre aux premiers romans.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Livres agités pour cette masse critique privilégiée !
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Mon petit

Merci à Babelio et aux éditions Livres Agités pour cette belle lecture d’avant publication.



Mon Petit est un livre à double détente. C’est aussi un premier roman (mais je crois que c’est la marque de fabrique des Livres Agités) manifestement autobiographique. Nana, la narratrice, est représentée sur la première de couverture en jeune fille métisse sur fond de couleurs fulgurantes. Cela donne parfaitement le ton du récit.

Nana, donc, va faire la chronique de son enfance et de son adolescence chahutées jusqu’au drame qui va survenir, qu’on voyait venir, qui enfle, qui gronde et qui va nous submerger.



Mon Petit est d’abord le récit d’un quartier, le Belleville du haut, celui qui vit et résonne entre les Buttes-Chaumont et Ménilmontant, et que Nana/Naëlle/Nadège sillonne, arpente en passant le plus possible par un épicentre qui l’aimante : la place Gambetta. Je connais bien ce coin-là et lorsque l’autrice décrit finement le processus de gentrification en cours, j’ai le sourire un peu crispé et me reconnais parmi les Gentificators en Stan Smith, buvant du rooibos et du vin naturel, cherchant la meilleure burrata et le Biocoop le plus proche.

Nana est pauvre. Et dans les années 80, Belleville c’est l’entrecroisement du cosmopolitisme et de la zone.

Elle vit la semaine chez sa grand-mère (Grand-Maman, rigide, bourgeoise et bienveillante) et le week-end chez Jeanne (sa mère, fantasque et négligente). Elle a un grand frère et deux petites soeurs, tous de couleurs et de pères différents !

Rien de bon ne sortira de cette éducation asymétrique mais rien d’abominable non plus. C’est ce qu’elle dit, en tout cas.

Nana connaitra la violence ordinaire, volera, fuguera et sera rapidement déscolarisée. Elle sera enceinte de jumeaux à dix-neuf ans. Le géniteur, Gustave, ne sera ni un conjoint fiable ni un père bienveillant…

Ce qui m’a beaucoup plu dans ce récit c’est sa tonicité, sa tendresse, sa vérité en somme : celle d’une chronique douce-amère mais d’années difficiles.



Et puis le drame surgit et la narration se transforme en un long cri d’effroi et de peine On passe des Allumettes Suédoises 3.0 à une écriture impulsive, enragée, marquée par la culture rap. Et cette scansion est une grande réussite.

« Mon Petit » est aussi la façon dont sa grand-mère l’appelle, tout comme elle appelle l’un de ses jumeaux.

Difficile d’en dire plus ici, évidemment.

Le personnage de Nana est particulièrement touchant, on voudrait l’aider, la câliner, la réparer un peu. Mais elle n’a pas besoin de nous, l’écriture a été un formidable exutoire.

Je pense que ce livre peut plaire aux jeunes adultes . Il peut être lu par tout le monde bien sûr (la preuve )mais il y a un ton, un flow inspirant et ultra -contemporain qui peut attirer un lectorat ardent.





On ressort de ce récit lessivé, impressionné et très ému.

Et du coup on a envie d’aller boire un coup au Moncoeur Belleville pour voir les touristes s’émerveiller et se prendre en selfie devant la plus belle vue de Paris.

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