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Critiques de Nadège Erika (63)
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Mon petit

A la lecture de « Mon petit », les souvenirs affluent. Ah ma folle jeunesse à Garges-lès-Gonesses, le foot sur le parking bétonné, dans le préau de l’immeuble, dans le parc, dans les terrains vagues… Les pentes des parcs dévalées en toute insécurité, la solidarité entre voisins…

Quand je repense à mon enfance, c’est bien cela qui me vient à l’esprit en premier. Puis les autres souvenirs… la cacophonie, l’insalubrité, la promiscuité, l’insécurité vu au travers de mes yeux d’adulte. Quand on est enfant, rien n’est dangereux, on est immortel, tout est normal…

~

Je retrouve tout cela dans ce récit

Je découvre bien plus

Les pensées de l’héroïne

Grandir

Avancer

Pas à pas

Grâce aux appuis de la famille

Bien que fragiles

La fragilité est préférable à l’absence

.

.

.

Puis le drame survient

Faisant voler en éclat l’innocence du récit

L’innocence d’une vie

Où malgré les difficultés

On ne retenait presque que le rire, le positif, la lumière

On écartait l’obscurité, la peur, la honte, la détresse

Le drame pour écarteler

Pour détruire la joie

Annihilant tout une existence

On devient bancal

On ne vit plus

On survit

Pourtant, par son écriture, sa force, son courage, sa vie, Nadège Erika nous offre la lumière

La lumière dans les moments les plus sombres

Les mots coulent, rayonnent, touchent, percutent, empoignent, marquent

« Mon petit » regorge de vie
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Mon petit

A quarante cinq ans l’auteure choisit d’écrire parce dit-elle, les mots libèrent et qu’elle ressent un besoin irrépressible de le faire, Elle nous livre ces pages comme un long travelling arrière pour nous faire partager ce qui l’a constituée au fil des années. Son phrasé comme la construction du récit, s’apparentent à un élan vital, sensible et sincère, qui donnent au livre une très grande force.

Elle raconte une vie difficile sans porter de jugement sur la réalité sociale qui a déterminé son parcours. Elle réussit pourtant à décrire le milieu familial dans lequel elle a grandi, sans rien cacher de ses aspects précaires, en l’inscrivant toujours en opposition à ce qu’elle a pu côtoyer de confort et de facilité sans y avoir accédé. Il n’y a dans son récit ni rancoeur ni amertume, elle n’écrit pas pour « venger sa race ». Elle se libère dans les mots pour dire au contraire comment elle a pu se perdre, comment le non-dit y a contribué, malgré tout l’amour dont elle a été entourée, entre une mère qui a délégué le cadrage maternel à une grand mère, devenue ainsi une grand maman, au sens propre et au sens figuré. Cette dualité familiale est évoquée dans les situations racontées mais aussi dans la géographie du nord-est de Paris, entre Belleville et la porte de Montreuil, en passant par Ménilmontant, quartier qui a perdu sa gouaille passée en s’enfonçant dans un embourgeoisement branché. Pourtant, l’auteure réussit à nous faire partager toute la tendresse de l’enfance à travers les gestes, les situations, mais aussi les rues, racontées comme un théâtre rassurant, une sorte de campagne dans la ville, où elle a vécu heureuse, balancée entre ses deux maisons et les bras de ses deux mamans.

Au-delà du drame dans lequel bascule sa jeune vie, elle réussit à dégager de ses années d’enfance un récit lumineux dans lequel l’amour tient une place essentielle. Elle montre aussi qu’il a pu lui manquer autre chose, elle en paye le prix fort à l’adolescence, sur ces fragilités, sa vie d’adulte se met doucement en place.

J’ai beaucoup apprécié ce récit, pour la lucidité des propos, la sensibilité à fleur de peau, la précision de la construction qui s’attache au cheminement du temps passé. Le style vif et rapide emporte le propos et l’auteure réussit à nous mener exactement là d’où elle écrit.

Un livre réussi, qui inscrit le témoignage personnel dans une dimension littéraire. Je remercie Babelio et les Livres Agités de m’avoir permis de le découvrir.
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Mon petit

Mon petit... Mais que peut-il se cacher derrière ce titre à la couverture si colorée du premier roman de Nadège Erika?



En refermant ce livre, il me reste comme un goût de sucrerie en bouche. La couverture lumineuse et acidulée s'est révélée être à l'image de ce texte où notre personnage se rappelle les souvenirs de son enfance et les drames rencontrés plus tard. J'ai trouvé également qu'une grande humanité se dégageait de ce récit que j'ai trouvé puissant et dont la force réside dans des personnages attachants que l'on peut facilement se représenter.



Premier roman que je trouve très abouti, j'ai beaucoup aimé l'atmosphère et les émotions s'en dégageant. J'ai vraiment eu l'impression d'être l'un des membres à part entière de cette famille du quartier de Belleville où les générations vivent ensemble.



J'espère que nous aurons le plaisir de découvrir dans les années à venir d'autres romans de notre jeune auteure dont je n'aurais pas entendu parler s'il n'avait pas été sélectionné par les 68premieresfois. Cela a été également l'occasion pour moi également une mise en lumière de Livres agités, une jeune maison d'édition que je ne connaissais pas "dédiée aux primo-romancières, indépendante, solidaire et engagée".



Merci encore les 68premièresfois pour toutes ces découvertes !

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Mon petit

Mon petit, c'est la réalité entre les classes sociales, la difficulté du regard des autres, la puissance des émotions de ne pas avoir cette chance d'être né dans la bonne famille, l'accès laborieux à l'éducation et à la culture mais c'est aussi une énorme prise de recul sur comment se sentir bien avec les gens qu'on aime, qu'importe notre environnement, les dettes, sans avoir besoin d'avoir grand chose à manger dans son assiette tant qu'ils sont là ❤️



Mon petit, c'est devoir faire face au deuil en ravalant ses émotions, sa souffrance, son envie de tout taper face à l'injustice, de vouloir rejoindre son enfant dans l'au-delà. C'est tout ce que personne ne comprend pas tant que tu ne l'as pas vécu, parce que la mort fait peur, dérange, parce personne ne veut y avoir affaire, parce que la grossesse c'est beau, c'est joyeux pour certains.



C'est devoir faire face à la morosité des hôpitaux, des condoléances dont on s'en fou tellement on a mal, c'est faire face à des funérailles auxquelles tu n'as jamais pensé, c'est taire ce drame familial au collectif, c'est rester vide et malade au fond en souriant pour faire bien 🤫 C'est ne jamais parler de ton enfant mort parce que c'est malaisant, parce que personne ne sait faire, parce que c'est plus facile de faire comme si rien ne s'était passé.. Tout simplement parce qu'on y est jamais prêts même si ça te tombe dessus de génération en génération 🤐



Mon petit, c'est un coup de cœur, une histoire bouleversante, qui prend aux tripes de chapitre en chapitre, je ne pourrais que vous le recommander !
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Mon petit

Entre l’appartement de sa mère à Belleville et celui de sa grand-mère Porte de Montreuil, Nana a vécu, avec son frère aîné et ses deux sœurs cadettes, une enfance pauvre mais heureuse où l’amour, l’entraide et le respect étaient omniprésents.

Faite de débrouilles et de privations, leur vie sans père a fait évoluer ces enfants en toute liberté, dans ce quartier de l’Est parisien qui fut leur refuge. « Nous avons manqué de tout sauf de vie et d’espoir.»

A 45 ans, quittant le foyer d’accueil d’urgence pour enfants dans lequel elle travaille, Nana revient sur ses souvenirs de jeunesse, se désolant de la gentrification qui a gagné leur quartier autrefois habité par les classes populaires.

Mais ce retour sur son enfance heureuse, la conduit inévitablement au malheur qui s’est abattu sur elle, alors qu’à peine sortie de l’adolescence, elle perd son fils jumeau d’à peine un an.

Un roman émouvant, à la fois débordant de la joie de cette famille monoparentale mais aussi profondément déchirant de la détresse de cette jeune mère qui « a donné la vie et reçu la mort ».

Le contraste entre ces deux périodes de la vie de Nana est saisissant et Nadège Erika, pour son premier roman, fait preuve d’une grande maîtrise de l’écriture, tirant les ficelles de nos sentiments comme une marionnettiste et nous touchant droit au cœur.

Plongé dans un bain d’amour, Mon petit nous parle de classes sociales, de pauvreté et de boboïsation mais également du difficile sujet de la perte d’un enfant. Sa sensibilité, son naturel et sa résilience en font une lecture enrichissante qui porte en elle une immense envie de vivre.



Merci à Babelio et aux éditions Livres Agités pour l'envoi de cette masse critique privilégiée.
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Mon petit

Le livre est de ceux qui vous apprennent la résilience malgré les épreuves. Malgré une mère absente et un homme violent. Malgré le deuil et la souffrance. Malgré l'incompréhension et le mépris. Ce roman est une plongée dans la vie de Naëlle qui voit son quotidien bouleversé par l’arrivée de jumeaux à seulement 19 ans. Aujourd’hui, elle en a 45, et elle déambule dans son quartier de Belleville qu’elle ne reconnaît plus.



Nadège Erika signe un premier roman bouleversant, où l’humanité nous transperce le cœur. L’histoire est dramatique, le destin tragique, mais jamais la plume ne le devient. L’héroïne fait preuve d’une force qu’elle puise dans sa rage de vivre.



Lorsque la vie s’acharne contre vous, qu’elle vous défie de résister, il faut saisir la chance d’être heureux, justement parce que vous n’en avez aucune.



@lecturesauhasard
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Mon petit

Merci à Babelio et aux éditions Livres Agités pour cette belle lecture d’avant publication.



Mon Petit est un livre à double détente. C’est aussi un premier roman (mais je crois que c’est la marque de fabrique des Livres Agités) manifestement autobiographique. Nana, la narratrice, est représentée sur la première de couverture en jeune fille métisse sur fond de couleurs fulgurantes. Cela donne parfaitement le ton du récit.

Nana, donc, va faire la chronique de son enfance et de son adolescence chahutées jusqu’au drame qui va survenir, qu’on voyait venir, qui enfle, qui gronde et qui va nous submerger.



Mon Petit est d’abord le récit d’un quartier, le Belleville du haut, celui qui vit et résonne entre les Buttes-Chaumont et Ménilmontant, et que Nana/Naëlle/Nadège sillonne, arpente en passant le plus possible par un épicentre qui l’aimante : la place Gambetta. Je connais bien ce coin-là et lorsque l’autrice décrit finement le processus de gentrification en cours, j’ai le sourire un peu crispé et me reconnais parmi les Gentificators en Stan Smith, buvant du rooibos et du vin naturel, cherchant la meilleure burrata et le Biocoop le plus proche.

Nana est pauvre. Et dans les années 80, Belleville c’est l’entrecroisement du cosmopolitisme et de la zone.

Elle vit la semaine chez sa grand-mère (Grand-Maman, rigide, bourgeoise et bienveillante) et le week-end chez Jeanne (sa mère, fantasque et négligente). Elle a un grand frère et deux petites soeurs, tous de couleurs et de pères différents !

Rien de bon ne sortira de cette éducation asymétrique mais rien d’abominable non plus. C’est ce qu’elle dit, en tout cas.

Nana connaitra la violence ordinaire, volera, fuguera et sera rapidement déscolarisée. Elle sera enceinte de jumeaux à dix-neuf ans. Le géniteur, Gustave, ne sera ni un conjoint fiable ni un père bienveillant…

Ce qui m’a beaucoup plu dans ce récit c’est sa tonicité, sa tendresse, sa vérité en somme : celle d’une chronique douce-amère mais d’années difficiles.



Et puis le drame surgit et la narration se transforme en un long cri d’effroi et de peine On passe des Allumettes Suédoises 3.0 à une écriture impulsive, enragée, marquée par la culture rap. Et cette scansion est une grande réussite.

« Mon Petit » est aussi la façon dont sa grand-mère l’appelle, tout comme elle appelle l’un de ses jumeaux.

Difficile d’en dire plus ici, évidemment.

Le personnage de Nana est particulièrement touchant, on voudrait l’aider, la câliner, la réparer un peu. Mais elle n’a pas besoin de nous, l’écriture a été un formidable exutoire.

Je pense que ce livre peut plaire aux jeunes adultes . Il peut être lu par tout le monde bien sûr (la preuve )mais il y a un ton, un flow inspirant et ultra -contemporain qui peut attirer un lectorat ardent.





On ressort de ce récit lessivé, impressionné et très ému.

Et du coup on a envie d’aller boire un coup au Moncoeur Belleville pour voir les touristes s’émerveiller et se prendre en selfie devant la plus belle vue de Paris.

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Mon petit

Voilà un livre que je n'ai pas remarqué lors de la rentrée littéraire. Est ce moi qui ai été distraite ? ou est ce la presse qui n'a pas orienté ses projecteurs sur lui ? Je ne sais mais ce que je sais, c'est que voilà une pépite à ne pas laisser passer.



Je l'ai emprunté un peu par hasard. Je cherchais un livre à télécharger sur ma liseuse en attendant de me rendre à la médiathèque. C'est pratique, comme cela je rapporte la totalité de mes emprunts sans risquer de rester une journée sans livre à lire. Je cherchais donc cette fois un petit livre.

Celui ci m'a paru intéressant, la note babelio m'a confortée dans mon choix mais je ne savais pas trop à quoi m'attendre.



Ou plutôt, j'avais une idée du contexte, du milieu dans lequel les personnages évoluaient et des difficultés rencontrées. Je dois dire que l'autrice décrit avec beaucoup de tendresse l'enfance de Naëlle et des ses frères et soeurs, entre deux adresses dans le Belleville des années 90. Celle de sa grand mère qu'elle adore à la fois aimante et sachant fixer des règles et sa mère, plus fantaisiste.



J'ai aimé cette première partie qui raconte l'enfance puis l'adolescence de cette jeune fille...jeune fille qui verra sa vie basculer dans l'âge adulte trop rapidement.

Je peux dire que la suite m'a submergée. Je n'avais pas lu de critiques précises et la mère que je suis ne sort pas indemne de ce genre de sujet.



Mais quelle émotion, que de phrases coup de poing, un roman qui me hantera longtemps. A lire absolument.







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Mon petit

Naëlle grandit dans le Belleville des années 90 entre deux adresses et deux quartiers. Côté pile, Jeanne, sa mère fantasque qui a eu 4 enfants de plusieurs pères différents, chez qui c'est liberté à gogo, visites régulières des huissiers et vie cahotique. Côté face, sa grand mère adorée qui recueille les enfants de sa fille quand celle-ci n'arrive plus à gérer et tente vaille que vaille de leur inculquer bonnes manières et cadre de vie plus structuré. Mais Naëlle est pressée de grandir et de tomber amoureuse et avec toute l'insouciance de sa jeunesse va se trouver confrontée à la plus grande des épreuves.



Mon petit est un roman qui démarre fort avec un ton et une langue bien à lui, nous racontant une enfance pas comme les autres dans un quartier plein de vie et haut en couleurs avant la gentrification en cours. Certains passages, notamment sur la manière dont le quartier se normalise et devient petit à petit "branché" avec l'arrivée d'habitants plus riches, sont juste désopilants et on s'attache très vite à la jeune Naëlle qu'on aimerait protéger des coups durs qui l'attendent. L'auteure trouve les mots justes et le ton adéquat pour nous narrer cette histoire, qui m'a semblé être en partie autobiographique puisqu'il existe beaucoup de correspondances entre elles et son personnage principale, loin du misérabilisme ou de la fausse compassion pour cette enfance un peu cahotique. D'ailleurs de la compassion Naëlle n'en veut pas, elle est prête à croquer la vie à pleines dents et à affronter toutes les galères et son énergie traverse les pages du livre, rendant cette lecture très agréable.



Néanmoins il m'a manqué un petit quelque chose pour que ce livre soit un vrai coup de cœur. J'ai peut-être été mal influencée par la 4e de couverture qui me laissait attendre un récit sur l'enfance de Naëlle alors qu'en fait celle-ci n'occupe que le début du livre, l'auteure passant très vite à sa vie d'adulte et surtout consacrant l'essentiel du roman au drame qui l'a frappée et à ses conséquences. J'ai trouvé que ce livre souffrait parfois d'un manque de rythme et d'un certain déséquilibre, la première partie étant finalement très vite expédiée (alors que j'aurais aimé passé plus de temps avec l'extraordinaire grand-mère de Naëlle, dont on ressent tout l'amour et l'impuissance à protéger sa petite fille) alors qu'au contraire dans la seconde moitié du roman certains chapitres sont très détaillés et parfois un peu répétitifs. Encore une fois peut-être est-ce juste un malentendu parce que ce livre ne correspondait pas à ce que je m'étais imaginé mais malgré certains passages poignants sur le deuil impossible de la jeune femme et sa difficile reconstruction j'ai trouvé cette seconde partie un peu inégale. Il m'a semblé que le roman aurait pu trouver encore plus de force en étant un peu plus travaillé et construit.



Malgré ces petites réserves qui m'ont empêché de conclure ma lecture par un franc "waouh", Mon petit reste un livre que j'ai beaucoup apprécié avec un ton bien à lui, une vraie franchise dans le propos qui n'hésite pas à frapper fort loin de toute langue de bois ou politiquement correct et une liberté de penser qui fait du bien ! Une auteure que j'aurai plaisir à suivre en espérant qu'elle publie bientôt un second titre.



Merci beaucoup à Babelio pour cette Masse Critique privilégiée et aux éditions Livres Agités pour avoir publié ce titre et m'avoir donné l'occasion de le découvrir.
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Mon petit

Le roman aborde beaucoup de thèmes importants, qui sont traités de manière directe.

La vie en cité, la proximité avec la délinquance, la pauvreté, le décès infantile et la réaction qu’il provoque chez l’autre. Tous ces thèmes sont exploités et ne sont pas enrobés, déguisés ou nuancés.



C’est un très beau roman, que je conseille fortement.

Il est poignant, il est prenant.

C’est un roman qu’on ne veut pas terminer.

C’est un roman qui marque l’esprit.
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Mon petit

Naëlle est adulte maintenant. A quarante-cinq ans elle sillonne les rues de Belleville, ce quartier auquel elle est tellement attachée. C'est ici qu'elle a grandit, naviguant avec ses frères et sœurs entre chez sa grand-mère et sa mère. Au cœur des années 1990, elle apprend vite à être indépendante et taire les secrets de famille.

Je tiens à remercier Babelio et les éditions Livres Agités pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la masse critique privilégiée.

C'est un coup de cœur. J'ai refermé le livre et l'ai serré contre mon cœur comme j'aurais voulu serrer Naëlle contre moi. Pour la consoler, lui dire que je comprends que ce qu'elle a vécu et ressenti. Pour qu'elle se sente moins seule.

J'ai aimé ce livre dès les premières pages car elle m'a immergé dans mon enfance. Je n'ai pas grandi à Belleville dans une banlieue, et j'ai retrouvé beaucoup de ce que j'ai vécu. L'éducation stricte mais bienveillante de la grand-mère, sa tendresse et les disputes entre les frères et sœurs. Les goûters fait de crêpe à la confiture, les Nuts et les cassettes vidéo.

Sa façon de raconter est sans fioritures ou effet de plume, c'est nature, franc et honnête. Le genre d'écriture que j'aime beaucoup.

Naëlle nous dévoile ses secrets de famille, ceux-là même qui l'ont étouffée toute sa vie. Elle nous raconte, l'absence de son père, l'absence de sa mère. Tout ce dont il ne faut absolument jamais parlé.

Et la mort de son fils, dont personne ne veut lui parler non plus. Elle étouffe sous ses non-dits, elle implose de rien pouvoir exprimer à ses proches.

Alors je referme ce livre avec émotion, bouleversée par cette histoire qui est celle de tant de femmes mais qui ne pourront jamais prendre la parole ou la plume pour la raconter.

Je ne peux que vous conseiller ce roman bourré de nostalgie et de tendresse.
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Mon petit



Sur les conseils de @delphinecardonne de la médiathèque, je me suis plongée dans ce roman qui s'est avéré une pépite!

Touchée plein coeur et bim!!



Un premier roman pour l'autrice, une si jolie écriture, j'ai adoré.



Naelle la quarantaine revient sur les pas de son enfance  à la Villette, le quartier où elle a vécu avec ses frères et sœurs dans les années 90. 



Elle se souvient de tout dans les moindres détails, des bruits, des odeurs, de l'appartement à  l'époque où Grand-maman les gardait et s'occupait d'eux  avec amour et respect des usages pour tenter de pallier à l'esprit bohème de leur maman qui avait une vision de l'éducation trop libérale et croulait sous les impayés et les visites des huissiers.



C'est ainsi qu'elle nous embarque  dans un quartier vivant et populaire où toutes les familles se côtoient quelque soit leurs origines. Ils se connaissent tous très solidaires les uns envers les autres pour former une immense famille bigarrée alors qu'ils voient se dessiner au fil des années un changement radical du quartier et de ses habitants dans lequel ils ne se reconnaîtront plus.



Naelle va grandir sans doute plus vite que les autres et lorsque adolescente elle tombe amoureuse de Gaspard le plus beau du quartier, sa vie va être merveilleuse, elle en est sûre.



Mais un drame  survient, l'impensable, l'indiscible et elle en sera à jamais détruite, cabossée et vidée de sa substance vitale.



Mon petit c'est le surnom que donne à Naelle sa grand-maman mais au fil de la lecture il a pris pour moi une autre signification.



Je vous encourage vivement à  lire cette très belle histoire si poignante et touchante pour garder dans votre cœur une petite place pour Naelle.



Chère Erika, j'ai hâte de lire votre prochain roman, merci pour ce cadeau.



#booksta #passionlivre #passionlecture #lirelirelire #lectricepassionnee #instabook #monpetit
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Mon petit

Accompagnant Naëlle faire un tour de Belleville, le quartier de son enfance, j'ai pendant les quelques premiers chapitres eu l'impression d'être perdue dans un roman pas pour moi. Un roman de parisien, un roman de Bellevillois même, endroit où je n'ai jamais mis les pieds et où je ne reconnaissais rien de ce qui m'était présenté. Et puis, peu à peu, je me suis attachée à cette femme qui nous présente, plus que son quartier, l'histoire de bien des familles, avec la tristesse parfois des familles perdues, mais les sursauts d'amour et d'envie qui font qu'on avance, toujours.



Et nous voilà à tourner les pages, à comprendre que ces quartiers sont l'appui d'un monde qu'on pourrait croire disparu, repris aux pauvres par les plus riches, mais qu'on croise quand même si on creuse un peu. Une histoire fascinante, des personnages attachants, et tellement émouvant. Accrochez vous sur ces premières pages si vous n'êtes pas du coin et découvrez ce monde inconnu... Et pourtant pas si éloigné de nous.
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Mon petit

Naëlle se promène dans Belleville, c'était son quartier mais elle ne le reconnaît plus depuis la gentrification. Alors elle se souvient. La rue Piat, toute la semaine chez Grand-maman. Les bonnes manières, les petits cols claudine, l'appart HLM tellement recuré, tellement soigné, si bien qu'à hauteur d'enfant on ignore qu'il y a peu d'argent... Et toutes les règles, tous les rituels abandonnés les weekends chez maman, avec ses horaires décalés d'infirmière, le papa dont on ne parle jamais et les hommes qu'on voit trop, les repas joyeux de gosse à base de Banania devant la télé... La vie d'enfant faite d'allers et retours, les années qui s'égrènent et puis les yeux verts du plus beau garçon du quartier, comme un prélude à la tragédie qui s'annonce...



"Belleville, un ventre de mère." écrit Nadège Erika, dans la bouche de Naëlle. La maternité, le quartier, l'enfance, tout est affaire de grands moments de joie et de douleurs infinies, de vacarme et de silences assourdissants, de lumière et d'obscurité. On vibre, on pleure, on hurle, on frémit avec "Mon petit", on tend vers la douce étreinte de Grand-maman. Tout sonne très juste, avec cette énergie propre aux premiers romans.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Livres agités pour cette masse critique privilégiée !
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Mon petit

« J'écris pour emballer mes tourments dans un corps de papier et mettre des mots sur une histoire qui en a manqué. Au même titre que d'autres fluides corporels, l'écriture, chez moi, est une sécrétion. »



Mon petit, Nadège Érika @nadege_erika @livresagites #rentreelitteraire2023



Un, deux, trois, soleil!



L’enfance, l’insouciance, l’innocence…



Vous reprenez la même formule et…



Un, deux, trois, uppercut!



Enfance brisée, écartelée!



Vie de misère, fille d’une mère qui a fait 4 enfants avec 4 pères différents!



Une grand-mère qui essaie de compenser, de composer, une mère absente, défaillante, immature…



« Chez Grand-Maman, j'étais une enfant. Chez Jeanne, j'étais l'un des deux « grands », avec mon frère.

J'ai navigué toute mon enfance entre Belleville et porte de Montreuil, entre deux femmes qui se ressemblaient à peine. Deux maisons, donc, boulevard Davout et rue Piat, deux ventricules d'un même cœur dont les battements ont rythmé mon existence depuis mon entrée au CP jusqu'à la troisième. »



Nana!



Elle nous chavire le cœur directement!



Sa façon de nous raconter son enfance, à hauteur de môme; et puis cette manière d’évoquer ses souvenirs, à l’âge adulte…



« Jétais perdue. J'étais petite-fille de veuve, fille de mère célibataire, et à la maison on n'avait pas le droit de parler des pères. J'avais des sœurs, un frère, une mère - enfin, plutôt deux avec Grand-Maman -, des oncles, ça s'arrêtait là et on me disait que j'avais suffisamment de quoi. »



Nana, cette enfant qui n’a jamais pu en être une, cette enfant écartelée, livrée à elle-même, qui évolue dans un environnement toxique, malgré l’amour de sa grand-mère qui fait de son mieux…



Une écriture incisive, comme des coups de couteaux portés au cœur… comme les pas de cette enfant qui résonnent sur le pavé quand elle part de chez sa grand-mère pour aller chez sa mère, de chez sa mère pour vivre sa vie, sa liberté…



Comment peut-on se construire dans un environnement aussi peu adapté?



Il y a certes, la grand-mère aimante, mais les oncles, le reste de la famille, ils vous font sentir comme des moins-que-rien…



« Je me souviens d'avoir entendu mon oncle Le Brun prononcer le mot « lupanar ». « C'est un vrai lupanar, là-bas, et j'en ai plein le dos de casquer pour eux! » avait-il gueulé. Eux, c'étaient nous, Jeanne et son « cheptel », comme il disait quand il passait voir Grand-Maman et qu'il était énervé de la voir éreintée. Il lui ordonnait de rendre à sa sœur son cheptel et de la laisser se démerder avec la DDASS, ses mecs et ses salades. Et Grand-Maman se mettait à pleurer, et le cheptel faisait semblant de ne pas entendre. »



L’enfant devient une jeune adulte qui se construit une vie, un peu bancale, faite de rêves et de souffrances… une vie marquée du sceau « pas née sous une bonne étoile »!



Une vie qui émeut, touche, bouleverse…



« «Je ne serai plus jamais heureuse. À présent, tout ce qu'il adviendra de ma vie sera toujours trop long. »

J'avais vingt ans.

On n'a pas tous les jours vingt ans. Cela n'arrive qu'une fois seulement.

Grand heureusement. »



J’ai été émue aux larmes… je ne m’attendais pas à être cueillie de la sorte par ces mots, par cette plume sans concession, authentique… la plume d’un phénix qui renaît de ses cendres!



Nana, je voulais te le dire: je t’ai comprise! Enfant, adulte, je partage ta peine pour qu’elle te soit plus légère… pour que la vie te sourie, enfin…



Merci pour tes mots sur tes maux: ils sont bouleversants de beauté et de vie!
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Mon petit

Je sors à peine de cette lecture sur laquelle il n'est pas si évident de trouver des mots... Il commence sur une vie bancale, celle de Nana, partagée avec ses trois frère et sœurs entre l'appartement de Jeanne, la mère bohème, ses coupures de courant et les repas au Banania, et celui de Grand-Maman, et ses règles qui empêchent la misère, la séparation, la fratrie en éclats. Nana grandit entre Belleville et la Porte de Montreuil, elle pousse comme elle peut, s'occupe des petites, ne sait rien ou pas grand chose de son père absent, rencontre Gustave, le plus beau du quartier...



Et il y a dans ce récit une douceur autant qu'une âpreté, beaucoup d'amour, parfois mal distribué. Et l'on traverse avec Nana les quartiers de son enfance... Je pense que ce roman parlera d'autant plus aux Parisien-nes, dont je ne fais pas partie, tant les lieux, les rues, participent au récit. Un peu plus difficile de s'y sentir intégrée, quand on ne les connaît pas ou peu.



Et puis arrive la deuxième partie, les "lendemains [qui] vous scient les jambes", et l'on quitte les rires et les moment difficiles pour une douleur égale à aucune autre. Le sujet abordé étant particulièrement difficile, je l'indique ici, pour celles et ceux qui le souhaiteraient :



Les émotions changent et se bousculent, et ce roman, vibrant, poétique et douloureux devient plus émouvant encore. Mais dur aussi. Dur, vraiment.
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Mon petit

🌻 « C’est uniquement la force que l’on peut avoir en soi qui permet de s’arranger avec le réel et de composer avec, une force qui vous fait tenir, qui vous traverse et que l’on ne choisit pas. Le courage n’existe pas ».

(P261-262)



🌻 C’est au cœur de Belleville que commence cette histoire. Naëlle a quarante-cinq ans, elle est « diminuée physiquement et souffre d’une affection chronique » et elle vient de quitter son job dans la fonction publique ; « il se passe des choses que je ne veux plus voir ni savoir ». Elle a besoin de respirer, de ne rien faire et de se laisser porter ; à 45 ans, elle veut se délester de toutes ces responsabilités, elle veut enlever tout ce poids sur ses épaules et peut-être enfin, vivre. Si tant est que cela soit encore possible. Alors, comme elle l’a souvent fait, elle se laisse porter par ses pas et, machinalement, c’est à Belleville qu’elle se retrouve. Au berceau de son enfance, la où tout a commencé, dans la rue Piat.



🌻 Il faut dire que Naëlle n’a pas eu une enfance comme les autres ; sa mère, Jeanne, était une jeune femme célibataire, libre et affranchie, amoureuse de l’amour et des mauvaises personnes, des hommes qui veulent son corps plutôt que son cœur et qui lui donneront plusieurs enfants. Aucun d’eux ne grandira avec une figure paternelle ; quand Jeanne ne peut pas s’occuper des enfants car elle travaille, c’est chez Grand-Maman qu’ils vont. Ils quittent alors l’appartement vétuste, les dîners au Banania, les Jackson Five qui tournent à fond, l’absence de lumière ou d’électricité, l’absence de ligne téléphonique et la visite régulière des huissiers. Ils quittent ce quotidien si dur pour se réchauffer auprès de leur grand-mère. Rue Piat.



🌻 Là-bas, c’est un cocon de douceur et de légèreté. Naëlle devient « mon petit », elle redevient l’enfant qu’elle doit être. Sa vie est faite de cette errance ; entre adulte trop tôt et jamais vraiment la petite fille qu’elle rêvait d’être. Chez Grand-Maman, elle apprend à parler correctement, elle s’habille comme il faut. On lui tient la main, on l’encourage, on la réchauffe. Chez Jeanne, elle s’occupe de ses frère et sœurs. Entre les deux, il y a le parc, il y a les chemins qu’elle emprunte, il y a les questions sans réponse, les rencontres brutales ou passionnées, les hommes qui touchent le corps et ceux qui touchent le cœur. A 19 ans, il y a Gustave. Il est de bonne famille, il est beau avec ses yeux verts et son air détaché. Naëlle l’intrigue ; il l’aime d’abord mal. Avant de l’aimer follement.



🌻 Chez la mère et la grand-mère, il y a ce point commun, il y a le chaos, ces problèmes qui s’accumulent, les éclats de voix, les cris et les larmes mais il y a aussi ce silence assourdissant qui ponctue les CD qu’on écoute trop fort et les chamailleries entre frères et sœurs ; les secrets s’engouffrent dans cette famille. On tait les aventures de la mère et les frasques des oncles. On tait les douleurs passées, on les enferme en soi et on n’en parle jamais. Jamais. Alors, quand Naëlle tombe enceinte à 19 ans, la surprise laisse vite place à l’euphorie… jusqu’au jour où le silence, « aussi pesant qu’un porte-avion qui passe » (Biolay) fait son grand retour. Un silence qui ne finira jamais. Un silence qui s’apparente à un cri inaudible, inexprimable, et qui prend la forme d’un abîme dans lequel Naëlle ne cessera jamais de s’engouffrer.



🌻 Comment vous parler de ce premier roman ? Il y aurait tant de choses à dire. Il y a la frénésie d’abord, la rage de vivre, de croquer la vie à pleines dents, mais il y a aussi la tragédie, la réalité qui rattrape, la violence d’un quotidien marqué par le manque et l’absence. Il y a cette errance en permanence, ces chemins de traverse, les refuges que l’on cherche désespérément : dans un parc, dans les bras d’un homme, et dans le silence autrefois redouté. Ce premier roman est magistral.
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Mon petit

Le début du roman est assez lent à se mettre en place. J’avais un peu du mal à me concentrer sur son histoire.

C’est un livre où on se balade dans Paris, surtout entre Belleville, Ménilmontant, Porte de Montreuil.

Il faut lui donner sa chance et préserver car d’la deuxième partie de l’histoire est hyper touchante.

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Mon petit

Coup de cœur, coup de foudre pour ce (premier) roman de la rentrée littéraire. Découvert par hasard sur les réseaux et très tentée par les retours que j’ai pu lire avant sa sortie, je n’ai pas hésité et j’ai craqué. Et je ne regrette absolument pas, bien au contraire ! J’ai été sensible à la plume de Nadège Erika dès les premières pages. Je l’ai trouvée merveilleuse. Belle. Juste. Délicate. Pertinente. L’autrice choisit les mots parfaits et les place toujours au bon moment, c’est un vrai bonheur de lecture. Une fois ce livre commencé, j’ai eu beaucoup de mal à m’arrêter, tant je voulais en savoir toujours plus sur l’histoire de Naëlle. Nous la suivons au fil des années, la voyons évoluer au gré des chapitres et nous grandissons avec elle. Nous traversons avec elle, les joies, les peines et épreuves de la vie… Son histoire m’a chamboulée. Remuée. Bouleversée. Touchée. Profondément… c’est tellement bien écrit et si réaliste que je n’ai pas pu retenir mes larmes face aux événements dramatiques qui nous sont présentés… Au fond, cette histoire est riche d’espoir, pleine de résilience et selon moi, c’est une véritable leçon de vie. Ce roman est une vraie pépite littéraire. Un livre incroyable que je ne suis pas près d’oublier. C’est donc, sans hésiter que je vous recommande cette magnifique lecture !
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Mon petit

Mon petit ou Comment dans le Belleville des années 90, un jeune métis va devenir maman de jumeaux à 19 ans, et que la pression du système de domination social et économique va conduire à la mort d’un de ces nourrissons.



Mon Petit nous entraîne dans les rues de Belleville, dans les pas frénétiques d’une jeune décidée à vivre plus tôt que les autres.



Zéro pathos, jamais tire-larme, c’est le livre d’une femme forte, c’est même souvent drôle, toujours bien vu. L'écriture est impulsive, engagée,nourrie aussi à la culture hip-hop



Un livre à la fois drôle et touchant qui nous taquine pour mieux nous émouvoir au débusqué, tout au long de cette vie tragique décrite sans mélodrame
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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