Pourrir les beaux souvenirs, les bonnes sensations. Écraser tes sourires, éventrer tes caresses. Dilapider tes mots tendres. Accélérer le film de cette semaine jusqu’à en faire cramer le Kinoton. Passer ta voix à la déchiqueteuse. L’étape suivante consistait, tout au fond de ce lit, à sublimer ta méchanceté. Saturer le volume de tes mots blessants, multiplier les souvenirs de ton regard méprisant. Gonfler grossièrement le nombre de tes conquêtes. Trouver des reproches à te faire. Et puis finalement ne pas te trouver tant à mon goût et… Et tout ceci m’a demandé un tel effort que je n’ai même pas fini cette étape-là.
J’ai sombré.
Moi-même je ne savais pas bien comment tu pourrais me rattraper, j’avais dévalé tant de parois, tellement de prises m’étaient restées dans les mains, avaient chuté dans le ravin sous le poids de mes sentiments… Le sommet de la montagne me semblait maintenant si loin que je ne me le représentais même plus.
Ce regard qui te voulait entière. Qui te voulait avec tes quatre et tes quatre-vingts ans. Avec ton insouciance et tes responsabilités. Avec tes vertus et tes démons. Tout ce que je savais et ne savais pas encore.