Citations de Michael Dobbs (47)
Non loin de cette agitation, juste au coin de la rue, un autre des martyrs de cette soirée était accoudé au comptoir de bois verni du pub à l’enseigne Marquis of Granby. Quelque deux siècles plus tôt, le fameux marquis s’était illustré sur les champs de bataille, ce qui lui avait valu de léguer son nom à plus de débits de boissons du Royaume-Uni que n’importe quelle autre figure de l’histoire britannique. Malheureusement pour lui, le marquis de Granby avait quitté le droit chemin du métier des armes pour céder aux sirènes de la politique, si bien qu’il était mort dans le dénuement et criblé de dettes.
Les choses étaient ainsi depuis qu’elle avait quitté le Yorkshire, presque une année plus tôt. Elle avait espéré pouvoir laisser derrière elle la colère et les accusations, mais leur ombre glacée la suivait partout. Jusque dans son lit. Elle frissonna de nouveau et enfouit son visage dans l’oreiller.
Quoi de plus beau que la lumière du soleil couchant sur les ruines d’une ambition fracassée ? J’adore aller me promener au crépuscule.
Quel que soit le résultat qu’un homme puisse atteindre en se sacrifiant pour son pays, il peut toujours obtenir mieux en laissant les autres se sacrifier d’abord
La peur est le venin qui intoxique, la vague qui submerge, la déraison qui libère et à laquelle on s’abandonne.
La foule est vulgaire. Il faut toujours complaire à la foule, flatter l'homme ordinaire et lui donner à croire qu'il est un prince.
“la bataille pour la Pologne était perdue. Il était temps de commencer la guerre des mots”
“Si la Pologne était perdue, que risquait-il de perdre d’autre ? Gagner la guerre, mais perdre la paix. L’héritage perpétuel des imbéciles.”
Nowak. Okulicki. [noms de deux Résistants polonais] Ainsi que des dizaines de milliers d'autres. De façon systématique, les Russes achevaient la tâche commencée par les nazis et balayaient toute trace de résistance polonaise.(p.320)
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— Monsieur Landless, cria le journaliste économique du Sunday Times. Ces dernières années, le gouvernement était d'avis que la presse britannique était déjà concentrée dans un trop petit nombre de mains. Les autorités ont toujours dit qu'elles useraient de leurs prérogatives en matière de monopoles et de fusion pour prévenir toute consolidation. Comment pensez-vous pouvoir obtenir le feu vert du gouvernement ?
Bon nombre de journalistes hochèrent la tête. Excellente question. Landless semblait partager leur sentiment.
— Un point très intéressant, dit-il […]. Vous avez raison. Le gouvernement va devoir adopter une position. Les journaux sont des rouages du secteur mondial des médias, qui connaît une croissance permanente et évolue chaque jour. Vous êtes tous bien placés pour le savoir. […]
Les choses devaient changer, vous le savez bien. Et il faut continuer à s'adapter. Nous ne pouvons pas rester immobiles. La concurrence est féroce. Pas seulement entre nous, mais avec la télévision par satellite, les radios locales, les émissions du matin à la télé, et j'en passe. Ils vont être de plus en plus nombreux à réclamer une information continue, 24 heures sur 24, et en provenance du monde entier. Ils n'achèteront plus de journaux qui paraissent des heures après l'événement, et qui laissent les doigts pleins d'encre. Si nous voulons survivre, il faut passer de l'ère du bulletin paroissial à celle de la fourniture d'informations à l'échelle mondiale. Et pour ça, il faut qu'on pèse notre poids. […]
Donc, il faut que le gouvernement fasse un choix. Est-ce qu'il continue à jouer l'autruche ? La tête dans le sable pendant que la presse britannique connaît le même sort que l'industrie automobile, c'est-à-dire morte d'ici dix ans, pendant que les Américains, les Japonais et même les Australiens prennent la main ? Ou alors, est-ce qu'il devient visionnaire et soutient le champion national ? L'alternative est simple. On rentre la tête dans les épaules et c'est le déclin. Ou on attaque le reste du monde et on le couche sur le dos.
Troisième partie, Chapitre 34.
N. B. : Ces lignes ont été écrites en 1989 !
Depuis l'affaire Profumo en 1963, il ne nous avait plus été donné de voir autant de politiciens avec le pantalon sur les chevilles. Non seulement la posture manque quelque peu de dignité, mais elle n'est pas non plus sans danger pour les responsables politiques qui voudraient accréditer l'idée qu'ils ne pratiquent pas abusivement le compromis.
Troisième partie, Chapitre 34.
Paul McKenzie était bien déterminé à montrer à tous le tranchant de son épée. Le secrétaire d'État à la Santé était un homme frustré. Cela faisait cinq ans qu'il était à la tête des services de santé du pays […]. Il avait eu droit à des manifestations violentes lui reprochant de « tailler dans les dépenses » et de « couper dans les budgets ». Il avait été affublé de petits surnoms, « docteur Taille » et « docteur Coupe », dont les terminaisons se retrouvaient parfois interverties sur les banderoles syndicales.
Troisième partie, Chapitre 35.
Il n’existe aucune forme de cruauté dont un politicien refuserait de se délecter, et qu’un journaliste ne se complairait pas à faire mousser. L’exagération hystérique est un peu la marque de fabrique des deux corporations.
Troisième partie, Chapitre 30.
Nous ne pratiquons plus le journalisme. Nous ne sommes guère mieux qu'une bande qui pratique la lynchage pour l'amusement personnel de notre propriétaire.
Deuxième partie, Chapitre 22.
Savoir mentir sur ses forces est la marque d’un grand commandant. Savoir mentir sur ses fautes est celle d’un fin politique.
Un politicien ne doit jamais passer trop de temps à réfléchir. Ça l’empêche de surveiller ses arrières.
Le bon moment, c’est cela qui fait tout.
En tant que Chief Whip, je suis chargé de faire régner la discipline chez les députés de la majorité gouvernementale. Vous ne pouvez pas me demander en plus de jouer les proviseurs pour mes collègues du Cabinet.
Tout finit par disparaître. Le rire et le désir sont éphémères, et la vie elle-même s’arrête un jour. C’est pour cette raison qu’il faut exploiter sans remords ce que le sort veut bien nous accorder.
“Le langage diplomatique, ce nid d’inexactitudes terminologiques”