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Citations de Maurice Genevoix (383)


Pitié pour nos soldats qui sont morts ! Pitié pour nous vivants qui étions auprès d'eux, pour nous qui nous battrons demain, nous qui mourrons, qui souffrirons dans nos chairs mutilées ! Pitié pour nous, forçats de guerre qui n'avions pas voulu cela, pour nous qui étions des hommes et qui désespérons de jamais le redevenir !
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Maintenant, toute la forêt vivait. Pour les hommes, c'était seulement le mois de mars, un temps d'éclaircies fugitives que coupaient de hargneuses giboulées. La bure des vieilles feuilles continuait à couvrir le sous-bois de sa grisaille éteinte et froide. Sous les fougères déchiquetées de l'automne, les crosses feutrées des jeunes pousses ne se montraient pas encore. Mais l'herbe des layons reverdissait de place en place, et les premières ficaires de l'année entrouvraient leurs corolles d'or luisant.
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Ce que nous avons déjà fait… En vérité, c'est plus qu'on ne pouvait demander à des hommes. Et nous l'avons fait. Et nous voudrions bien – est-ce un état d'esprit déplorable ? – que la guerre nous tienne enfin quittes…
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On dit que nous faisons la guerre : et c'est vrai que nous l'avons faite. Cela n'a pas duré longtemps. Presque tout de suite, c'est elle qui nous a pris, et conduits nous ne savons vers où.
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Il regarde ma culotte rougeâtre dont le drap mûr éclate aux genoux ; il regarde ma vareuse verdissante, dont les galons décousus se roulent sur eux-mêmes, mes mains dures aux ongles usés, ma barbe mal taillée, enfin mes yeux, longuement. « La guerre a passé sur vous », dit-il.
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L'homme est un être intelligent. Le progrès est sa raison d'être, sa fin… Cela étant, comment un homme vraiment… enfin bref, un homme – comment pourrait-il accepter de se battre, consentir, même tacitement, à cette régression qu'est la guerre ?…
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Ce soir, la fin du jour est infiniment limpide et belle sur le vallon. Le ciel pâlit au zénith, et mes yeux cherchent sans se lasser la caresse ineffable du couchant, errant de l'émeraude froide et transparente aux ors qui s'échauffent jusqu'à l'ardeur flambante de l'horizon, sans rien perdre de leur fluidité.
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Puisque la guerre, décidément, s'accroche au monde comme un chancre, qui sait si ne viendra un temps où le monde aura pris l'habitude de continuer à vivre avec cette saleté sur lui ? Les choses iraient leur train, comprends-tu, la guerre étant là, tolérée, acceptée. Et ce serait le train normal des choses que les hommes jeunes fussent condamnés à mort
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Lorsqu'on a faim, on serre sa ceinture d'un cran, on écrit des lettres, on rêve. Lorsqu'on a froid, on allume une flambée, on bat la semelle, on souffle sur ses doigts. Mais lorsque le cœur s'engloutit peu à peu en des marécages de tristesse, lorsque la souffrance ne vient pas des choses, mais de nous, lorsqu'elle est nous-même tout entier, quel recours ? À quoi se cramponner pour échapper à cet enlisement ?
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Qu'est-ce que nous sommes ? Des Français à qui leur pays a demandé de le défendre, ou simplement des brutes de combat ?
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Chaque pas qu'ils font les rapproche de ce coin de terre où l'on meurt aujourd'hui, et ils marchent. Ils vont entrer là-dedans, chacun avec son corps vivant ; et ce corps soulevé de terreur agira, fera les gestes de la bataille ; les yeux viseront, le doigt appuiera sur la détente du lebel ; et cela durera, aussi longtemps qu'il sera nécessaire, malgré les balles obstinées qui sifflent, miaulent, claquent sans arrêt, malgré l'affreux bruit mat qu'elles font lorsqu'elles frappent et s'enfoncent – un bruit qui fait tourner la tête et qui semble dire : « Tiens, regarde ! » Et ils regarderont ; ils verront le camarade s'affaisser ; ils se diront : « Tout à l'heure, peut-être, ce sera moi ; dans une heure, dans une minute, pendant cette seconde qui passe, ce sera moi. » Et ils auront peur dans toute leur chair. Ils auront peur, c'est certain, c'est fatal ; mais, ayant peur, ils resteront
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L'une des raisons qui m'ont encouragé à écrire la présente étude, si gênante à maints égards, c'est l'occasion qu'elle me proposait d'un retour sur l'homme que je fus, que je ne peux pas ne pas avoir été, mais qu'en un sens je ne suis plus.Tels que nous sommes, en un moment donné du temps, l'oubli où nous vivons de tous les êtres que nous avons été nous abuse, complice du présent. C'est une facilité à vivre, à distendre mille liens où nous nous empêtrerions. Mais que nous y regardions de près, ... et c'est bien là ce qui m'arrive, ... nous reconnaissons chaque ride, chaque cicatrice, même imperceptible, toutes les marques laissées à la frange de notre conscience par tant de flots et de marées.
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Comme si on était un autre, un étranger ... Il y a un mot : dépaysé. On croit que ça s'applique au sédentaire qui sort de son patelin, tout aussitôt déconcerté par des moeurs ou des rites inconnus. Mais je pense que c'est le contraire : il réintègre, et ne reconnait pas son pays. Comme s'il revenait de mille, de deux mille lieues : il a été dépaysé, vous comprenez, mais il ne s'en aperçoit qu'au moment de son retour. Il va falloir qu'il réapprenne, qu'il redécouvre ... Mais vous pouvez m'en croire : c'est merveilleux.
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« Se mettre en boule » , tous les les piquants dehors, ce n’est pas braver son prochain, c’est refuser d’être écharpé, bouilli, mangé. Du moins pour le hérisson.
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Le hérisson, chez nous autres hommes, n’a pas la réputation qu’il mérite.
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Les blessés qui s'en venaient vers nous, d'autres, d'autres, d'autres encore, c'est comme si, rien qu'en se montrant, avec leurs plaies, avec leur sang, avec leur allure d'épuisement, avec leurs masques de souffrance, c'est comme s'ils avaient dit et répété à mes hommes : « Voyez, c'est la bataille qui passe. Voyez ce qu'elle a fait de nous, voyez comme on en revient. Et il y en a des centaines et des centaines qui n'ont pas pu nous suivre, qui sont tombés, qui ont essayé de se relever, qui n'ont pas pu, et qui agonisent dans les bois, partout. Et il y en a des centaines et des centaines qui ont été frappés à mort, tout de suite, au front, au cœur, au ventre, qui ont roulé sur la mousse, et dont les cadavres encore chauds gisent dans les bois, partout. Vous les verrez, si vous y allez. Mais si vous y allez, les balles vous tueront, comme elles ont fait eux, ou elles vous blesseront, comme elles ont fait nous. N'y allez pas ! »
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Je ne sais pas comment je vis ; mais à vrai dire, ma résistance m'étonne moi-même. Elle est étrange et merveilleuse, la facilité à s'adapter que je constate chaque jour chez les plus simples d'entre nous. Notre rude vie nous a façonnés, et pris pour tout le temps qu'elle durera. Il semble, à présent, que nous soyons nés pour faire la guerre, coucher dehors par n'importe quel temps, manger chaque fois qu'on trouve à manger, et tout ce qui se peut manger.
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Encore un effort vers la résignation, vers l'adhésion totale à tous les ordres qu'on nous donnera, quels qu'ils doivent être
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Je m'étais battu, et ils ne savaient pas ce que la bataille avait fait de moi
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Sa course seule était toutes les joies. Elle avait la saveur d’une évasion sans but, la clarté d’un espoir plus lumineux que toute conquête.
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